Algérie

Seconde édition d'IPHEX India


Seconde édition d'IPHEX India
Ce fut le rush à Mumbai, entre le 21 et le 23 mai, à l'occasion de la seconde édition d'Iphex, la Foire internationale du médicament.Un véritable marché aux médicaments génériques et au matériel y afférent a drainé, outre les quelque 500 firmes indiennes, des centaines de laboratoires et de fabricants du monde entier. En tout, 125 pays ont pris part à cet événement.Plus qu'une simple foire où les firmes indiennes exposent leur savoir-faire, c'est un véritable souk au médicament. La salle réservée aux rencontres "vendeurs-acheteurs" était bondée de monde et ressemblait à un véritable souk, de l'ouverture à la clôture du salon. Les rendez-vous se succédaient et les clients se bousculaient.C'est que l'Inde constitue le marché mondial le plus prisé en matière de médicaments génériques, mais aussi des matières premières et du matériel de production y afférent. Et les clients ne s'y trompent guère. "La matière première est la moins chère au monde ici", nous confie un producteur allemand du générique.Selon le Dr P. V. Appaji, le directeur général du Conseil indien de promotion de l'exportation des produits pharmaceutiques, l'Inde a commencé à fabriquer le médicament générique par nécessité, au regard de l'importante population de ce pays et des innombrables défis de santé que cela impose. "Avec plus d'un milliard 200 millions d'habitants, cela constitue un véritable challenge." À présent, ce sont plus de 200 pays, dont les plus développés (USA, Europe, Japon, Chine), qui comptent parmi les clients de l'Inde.Pour cette seconde édition d'Iphex, la plupart des pays du globe ont été invités. Dans le hall d'exposition, les quelque 500 fabricants indiens se disputent les places aux fabricants de matériel de conditionnement et d'équipement en général, mais aussi des laboratoires d'analyses.Plus de 50% de la production indienne sont destinés à l'exportation, ce qui représente quelque 16 milliards de dollars de recettes. Pour 2014, les responsables indiens tablent sur des recettes d'exportation de l'ordre de 25 milliards de dollars. Une véritable manne qui explique tous les encouragements du gouvernement indien pour ce secteur.Il y a lieu de relever que le gouvernement indien a réservé 19 zones dédiées exclusivement à l'industrie pharmaceutique pour un pays qui compte plus de 10 000 unités de production.Pour le Dr Appaji, le concept de l'Iphex, qui a débuté l'an dernier, est appelé à se répéter chaque année. Ce sera, en fait, la seconde manifestation pharmaceutique de dimension internationale que l'Inde organisera annuellement puisqu'une autre manifestation, le CHPJ, constitue, également, un rendez-vous important des professionnels du médicament du monde entier.L'année prochaine, outre la 3e édition d'Iphex, l'Inde compte organiser une manifestation hors de ses frontières, précisément au Nigeria, pour exposer son savoir-faire et être plus proche des marchés prometteurs.Selon les responsables indiens, leur pays étant un leader mondial en matière de médicaments génériques, il est important pour eux de faire bénéficier le monde entier de cette formule plutôt accessible à tout le monde.Lorsqu'on sait que le sida, la malaria, la typhoïde, pour ne citer que ces maladies-là, continuent de sévir, le générique paraît comme la solution idoine, notamment pour les pays sous-développés, sachant que les traitements restent trop chers. À titre illustratif, les traitements contre le virus HIV coûtaient 1 000 dollars au début, mais avec l'introduction des génériques indiens, ces coûts ont été ramenés à 60 dollars seulement. Et quand on connaît l'ampleur du VIH, notamment en Afrique, l'on imagine un peu le poids de l'industrie pharmaceutique indienne et les opportunités qu'elle offre aux pays durement touchés par ce virus.Globalement, plus de 90% des antiviraux, des traitements contre la tuberculose et des traitements contre la malaria sont fabriqués en Inde, lui conférant un statut de géant mondial en la matière.En outre, les vaccins indiens sont exportés vers 150 pays à travers le globe et près de 70% des malades dans les pays sous-développés reçoivent des médicaments indiens via les ONG de renommée mondiale.Les responsables indiens sont conscients des défis qui s'imposent à eux, mais surtout de la pression des grands laboratoires mondiaux qui monopolisent le marché mondial et qui dictent leurs conditions, y compris pour la fabrication des génériques. Mais en Inde, on a appris à faire avec et à ne jamais baisser les bras. Ils citent l'exemple du Brésil qui, il y a 50 ans, avait connu d'énormes difficultés lorsqu'il a commencé à fabriquer du générique.En matière de volume de production, l'Inde est classée troisième plus grand producteur au monde, mais en 13e position en termes de valeur globale. C'est que le marché mondial du médicament reste, quoi que l'on dise, le monopole des grands laboratoires occidentaux.L'industrie pharmaceutique indienne, outre les revenus substantiels qu'elle procure à l'économie de ce pays, constitue aussi un grand recruteur, puisqu'elle emploie quelque 4,2 millions de personnes.L'intérêt suscité par l'industrie pharmaceutique indienne s'explique en grande partie par le fait que les coûts de production en Inde sont 35 à 40% moins élevés qu'aux USA par exemple, d'où la compétitivité et l'attractivité du marché indien.Pour bien illustrer le leadership indien, l'exemple d'une entreprise qui ne fait pas dans la production pharmaceutique, mais dans les capsules, les tablettes et autres moules entrant dans la fabrication du médicament. L'ACG, qui fête ses 50 ans d'existence cette année, est la seconde compagnie au monde. Fabriquant tous genres de capsules et de tablettes et tous genres d'emballages, elle fournit les fabricants du monde entier. 49 millions de capsules sortent chaque jour de ses usines, dont 50% sont destinées à l'exportation.Au départ, la compagnie fabriquait uniquement des capsules.Avec le temps et l'accroissement de la demande, elle s'est mise à fabriquer les machines à capsules et d'autres équipements entrant dans la fabrication pharmaceutique, pour devenir, au fil des ans, un géant mondial en matière d'activité suppléante à la production pharmaceutique. Présente dans 50 pays, elle dispose de bureaux, notamment aux USA, en Chine, en Europe et au Brésil. Dans ce dernier, elle est en train de construire une usine dédiée au marché sud-américain.Mais l'industrie pharmaceutique indienne, si elle attire autant de monde et si elle parvient à conquérir le globe, ne souffre pas moins d'une mauvaise réputation due, essentiellement, à certains petits fabricants et à des laboratoires d'analyses complaisants.L'année dernière, le gouvernement vietnamien avait protesté officiellement après avoir importé un médicament non conforme. Ce qui a donné lieu à une réaction de la part des autorités sanitaires indiennes, soucieuses de soigner l'image de marque de l'industrie pharmaceutique de l'Inde et de rassurer ses clients. Les responsables indiens rassurent et s'engagent à effectuer, à leurs comptes, les analyses nécessaires en cas de moindre doute.Beaucoup de responsables de laboratoires venus du monde entier en sont conscients. Algériens, Tunisiens, Allemands ou Russes, tous ceux auxquels nous avons posé la question concernant la qualité des médicaments indiens sont unanimes à dire qu'il y a des hauts et des bas. Mais tous insistent sur le fait que les fabricants indiens maîtrisent parfaitement leur domaine et qu'il suffit d'être à cheval avec eux, d'effectuer des visites inopinées, de se montrer exigeant et intransigeant s'agissant du respect des normes, pour trouver un écho favorable du côté indien. En retour, la plupart des délégations présentes à Mumbai affichent leur grande satisfaction pour avoir décroché de nouvelles commandes, de nouveaux contrats. Ils savent qu'ils ne trouveront pas meilleures offres sur le marché mondial et tous disent vouloir continuer à faire confiance à l'industrie pharmaceutique indienne.Pour les responsables indiens, la bataille de la qualité demeure une priorité et ils sont conscients qu'outre la rude concurrence des laboratoires occidentaux, il leur faut une vigilance continue pour assurer des produits de bonne qualité ne souffrant d'aucun doute.Ils affirment que la question des médicaments génériques relève beaucoup plus d'une question de mentalité, étant donné que les gens pensent que plus un produit est cher, plus il est censé être meilleur. Mais ils considèrent que les superprofits engendrés par les laboratoires occidentaux constituent, à leurs yeux, du vol pur et simple. "Réaliser des profits de l'ordre de 15 à 50%, cela se comprend, mais plus de 100% cela s'appelle du vol", note Ashutosh Gupta, le président du Conseil de promotion des produits pharmaceutiques indiens. Il notera que les tarifs sont du domaine public et quiconque pourra calculer les coûts réels d'un médicament.Pour lui, les grands laboratoires occidentaux font que le processus de fabrication d'un médicament soit tellement compliqué et savamment orienté pour le rendre cher.D'ailleurs, même les compagnies indiennes, qui font de la recherche, sont obligées de vendre leurs recherches sur les molécules à ces grands laboratoires. C'est que les recherches pour de nouvelles molécules restent excessivement chères et que, pour les Indiens, vendre ces formules aux grands laboratoires leur assurent des entrées conséquentes leur permettant de se concentrer sur les recherches moins onéreuses pour développer les génériques.Des défis que l'Inde semble bien relever, non sans encombre, mais qui ne découragent nullement les professionnels du médicament dans ce pays et qui attirent de plus en plus de fabricants et d'acheteurs du monde entier.A. B.NomAdresse email


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