Algérie

Second tour des présidentielles françaises:qui va «trinquer» ?



Pour préparer comme il se doit la campagne du second tour des présidentielles, les deux candidats encore en course s'affairent méticuleusement sur des choix, qui risquent d'être déterminants pour la finale. Certains choix politiques seront effrayants ou novateurs selon que l'on soit avec l'un ou avec l'autre.  Prévisions chiffrées, projets de lois, réformes par petites touches prudentes ou par le fond: les amis de l'un ou de l'autre des deux candidats planifient l'entrée de la France dans un nouveau régime.  Pour l'un des candidats, il suffit d'étouffer le droit sous l'apparence du droit (sa campagne l'a démontré), pour l'autre, il faut donner des droits sans rien marchander.  Si l'on croit ce qui s'est passé il n'y a pas si longtemps, la technocratie peut se révéler plus redoutable que les hordes de policiers qui, durant 14 nuits de violence dans les banlieues en novembre 2005 ont arrêté 2033 « fauteurs de troubles » dont 1452 ont été déférés devant la justice y compris 281 mineurs, et 173 adultes ont été condamnés à de la prison ferme.  Cette technocratie qui s'apprête (celui qui est le mieux placé pour le moment) à prendre le pouvoir en France fera-t-elle autrement qu'en novembre 2005, lorsque les gens des « cités » ont subi la répression policière de Sarkozy ministre, durant 14 jours de suite, jusqu'à en garder les stigmates encore aujourd'hui ?  C'était autre chose que se promet le candidat Sarkozy aujourd'hui en s'engageant à trouver des solutions qui ne soient plus ni homéopathiques ni chirurgicales, et qui au contraire se devraient d'être une combinaison entre ordre et justice.  Ce n'est ni plus ni moins cet ordre et cette justice que prône madame Royal et qui, à sa décharge, n'a cessé de le proclamer durant sa première campagne contrairement à son rival qui vire de bord aujourd'hui. Sarkozy prend à Le Pen ses « bonnes idées » qu'il cautionne du reste, et madame Royal tente de défendre les idées qui intéressent tous les français. La combinaison ordre et justice a été jusque là pour Sarkozy, plutôt et avant tout, indigence, cacophonique et répression. Porté par des sondages favorables, épaulé par ses alliés naturels que sont Bush et Israël auxquels, du reste, il avait réservé ses premières sorties en tant que ministre candidat, il avait multiplié l'usage de propos ultraphysiques et provocateurs, érigés en programme du futur locataire de l'Elysée.  Lorsque Sarkozy, au plus fort de sa campagne électorale avance des solutions du type : « Ministère de l'Immigration », « Obligation de parler français aux futurs arrivants sur le sol français »,, « réinstauration de la double peine », nécessité d'expulser de France tout étranger, y compris ceux en situation régulière, condamné par la justice, il nous éclaire sur la vraie nature de Sarkozy candidat. Son alternance de propos martiaux et des petites phrases «sociales» et «paternalistes» à l'égard de la jeunesse désespérée, des harkis et de leurs enfants, des rapatriés, est en réalité l'expression du double langage politique - un art largement pratiqué par ses pairs-  Le rusé Le Pen s'en est rendu compte (un peu tard) à ses dépends, lorsque Sarkozy s'est accaparé, sans scrupule ni retenue, du registre du Front National qui fustige les immigrés et qui se fait le champion de l'exclusion et de la préférence nationale. Les piètres résultats du F.N. n'ont étonné personne, sauf Le Pen lui-même, qui pourtant avait osé s'aventurer dans les banlieues, ces «cités» ignorées par le candidat Sarkozy par crainte d'être caillassé ou chahuté, ce qui n'est jamais bien pour une image qu'il voulait rassembleuse.  Lorsque monsieur Azzouz Begag, ex- ministre français de la Promotion de l'Egalité des Chances, - il disait parfois être « l'Arabe qui cache la forêt » - s'était rendu compte que Sarkozy savait mieux manier le Kärcher pour nettoyer la « racaille » que mettre en application les mesures de « traitement social du mal » solutions préconisées et énoncées le 8 novembre 2005 par monsieur De Villepin, il claqua la porte de la notoriété pour rejoindre Bayrou qui lui semblait être l'homme du changement et de la politique de l'égalité des chances, cette politique que lui même avait tenté d'appliquer dans le cadre de ses prérogatives ministérielles, mais qui a été contrecarrée par la réticence de ceux-là mêmes qui l'avaient prônée, et qui lui substituaient des méthodes( pourtant récriées par la majorité des français) dignes de la police brésilienne dans les favelas.  En rejoignant Bayrou ; que l'on n'attendait pas sur le podium des urnes, monsieur Begag a eu du flair, puisque c'est le candidat UDF qui détient aujourd'hui la clé du portail de l'Elysée.  Cette nouvelle force d'opposition devra choisir à qui de Sarkozy ou de Royal, iraient ses « faveurs », sachant qu'il n'a ménagé ni l'un ni l'autre dans ses discours électoraux.  Bayrou choisira-t-il la gauche de madame Royal et penchera-t-il pour la candidate du parti socialiste, ce parti qui pourtant reste amnésique sur ses erreurs passées et qui n'avait rien produit de cohérent ni d'audible sur les nuits de braises des banlieues, ou bien donnera-t-il un peu plus de crédit à Sarkozy, dont le souci aujourd'hui, est de ne plus ressembler à Charles Pasqua et son tout sécuritaire, qui risquerait d'abîmer son image d'homme politique moderne de rassembleur, lui qui pourtant n'a cessé de pratiquer son exercice favori : « le double langage ».  Que ceux des banlieues et les autres « Français de la troisième », comme ils disent ; notamment ceux qui lui ont donné leurs suffrages au premier tour, ne tombent pas encore une fois dans le panneau des belles phrases de Sarkozy, eux qui avaient pourtant cru aux belles promesses de l'intégration de Jacques Chirac, et qui, irréversiblement, se sont enfoncés dans la précarité et l'isolement.  Il ne faut pas qu'ils oublient, ces « exclus du système », que le retour de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur s'était traduit par une flambée de racisme chez les policiers. Alors, Sarkozy président, je vous laisse deviner ce que sera l'avenir socio-politique de la France «des « racailles ».  A-t-on déjà oublié Eric Raoult, maire UMP(et ancien ministre et peut-être futur ministre) de la ville de Raincy, qui n'avait pas attendu que le gouvernement français instaure le couvre-feu, pour imposer lui-même, depuis 2001 et tous les étés qui suivirent, une mesure de ce type à tous les enfants de moins de 13 ans ?  C'est un aperçu de ce que pourrait être la politique du clan Sarko si jamais....  Bien que nous, de ce côté de la Méditerranée, ne soyons pas directement concernés par les résultats de ces présidentielles, nous avons quand même peur pour nos cousins de là-bas, et leur avenir dépendra de leur choix du futur président, celui qui prônera et appliquera vraiment l'égalité des chances pour tous les français (n'est-ce pas Monsieur Bagag) quelque soit leur origine ou la couleur de leur peau, et non pas celui qui, une fois élu, serait tenté de continuer à entretenir complaisamment des rapports plus qu'ambigus avec le passé colonial de la France ( comme l'a démontré l'ordonnance de la loi du 23 février 2005 portant sur « le rôle positif de la présence française outre-mer et notamment en Afrique du Nord) et la « repentance zéro de Sarko ».  Que celui qui abolira l'ère de la « baston » contre ces jeunes français d'origine étrangère qui n'ont ni rêves, ni mémoire, ni repères, ni horizons, se prononce clairement, et alors, à lui les suffrages et la clé de l'Elysée.  Et lorsque les urnes auront désigné le vainqueur, tout le monde trinquera, mais sûrement pas de la même manière.


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