Algérie

Sculpteur sur os: Les défis de Yamina Gouichiche



Il y a quelque temps, on croyait que beaucoup de métiers d'art était réservés aux hommes. Pour contrarier cette croyance, des femmes ont osé et réussi à défier les hommes dans ces domaines tels que le jeu de la batterie, la guitare électrique ou la sculpture. Parmi elles, Yamina Gouichiche a bien réussi.Sans avoir la force des bras ni des muscles d'homme, Yamina Gouichiche qui garde toujours sa beauté, sa jeunesse et sa féminité a une bonne place dans le domaine de la sculpture. Cette artiste n'a pas besoin de force physique pour créer de belles sculptures. Pour elle, seules la dextérité et la patience sont ses principes de travail. Yamina Gouichiche slalome aisément entre le burin et la perceuse. Sans se départir de sa tranquillité, elle travaille à l'envi l'os, cette matière peu utilisée pour faire sortir au bout de plusieurs jours de travail une vraie ?uvre. Agile de ses doigts, telle une fée, elle confectionne à partir d'un os plat une merveille. Yamina n'a pas peur de se salir les mains ; elle grille, frotte, lave, ôte les tendons pour avoir une matière pure et propre qu'elle façonne au gré de son imagination et de son humeur. Fluette, elle peut concevoir une ?uvre immense pour peu qu'elle lui procure du plaisir. Ayant comme bagage un diplôme en céramique, elle est plasticienne autodidacte. Primée plusieurs fois lors de manifestations artistiques notamment troisième prix au séminaire national de la calligraphie arabe, premier prix au salon des arts plastiques et un prix spécial des arts, ses ?uvres témoignent de son talent avéré .
La passion pour l'art
Membre des associations «Art plastique Picasso», de «l'Académie artistique du pays catalan» et de «El Hidab pour les arts», elle s'attelle à la promotion de cet art souvent marginalisé. A son actif, elle comptabilise de nombreuses expositions individuelles et collectives dans bon nombre de villes du pays.
Dans un entretien qu'elle nous avait accordé, elle déclara : «Ma passion pour l'art a commencé dès mon jeune âge, avec l'aide de ma mère en illustrant les récitations et en savourant la douceur des poèmes, créant en elle des passions pour le dessin, la peinture et surtout la sculpture qui a eu la part du lion !» L'une des caractéristiques principales de ses recherches est l'ambiguïté de la forme et surtout le mouvement qui sont marqués par les courbes et les lignes droites. Son travail n'est pas préconçu dans la plupart du temps, au fur et à mesure qu'elle aborde le dessin ou la peinture ou bien sur les différentes matières tel que le bois ou l'os ou la corne, elle découvre dans la forme des mouvements des personnes cachées qui ne cherchent qu'a être libérées. «La sculpture dégage une force extraordinaire qui s'épanouit en abordant des sujets : la vie du couple, les parents, l'amour, la paix?un ensemble de sujets qui nous tient à c?ur pour notre histoire, patrimoine, notre personnalité arabo-musulmane et les enseignements du coran qui tracent à l'homme les valeurs humaines que nous avons perdues dans la quête du gain de matériel. Pour la créativité, il n'y a pas d'obstacles ; tout ce qui nous entoure dans la nature est la 1re source de la matière première (l'os, la corne, les stylos à bille; que je travaille avec plus de sensibilité, de dextérité, que j' illustre par un travail d'une incroyable finesse sur cette matière insolite en Algérie, que je sculpte avec la minutie d'un orfèvre et la patience d'une dentellière : omoplate, mâchoires, crânes d'animaux ne sont pas en reste et forment des sujets originaux d'une plastique flagrante de densité plastique et esthétique», nous a indiqué l'artiste..
La transe
Au sujet des difficultés qu'elle trouve en maniant les matériaux et de la facilité du travail, elle avait répondu : «Je ne sais pas si je peux dire facile ou difficile, mais le fait, est que lorsque j'entame mon travail, je rentre dans une transe que personne ne peut l'expliquer ; comme par un envoûtement incomparable par rapport à n'importe quel travail.» Pour ce qui est de la technique, elle prépare l'os comme on prépare le «bouzelouf» sauf qu'après la cuisson, elle le lave comme un vrai linge pour lui enlever tout ce qu'il y a de graisse, de tendons et de nerfs. Après le séchage ; il y a des moments où le sujet est là. Il n'attend qu'à être libéré.
Le travail de Yamina Gouichiche consiste à sculpter sur les os d'animaux y compris leurs dents. Son matériel est le même outillage que pour la sculpture sur bois ou sur pierre : les ciseaux le maillet les burins et bien sur les perceuses pour faire le vide, car l'os va avec la dureté et la fragilité. Le défi de cette femme-sculpteur est sa passion et son amour pour l'art.


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