La classe politique et les observateurs de la scène nationale sont plus que jamais sceptiques. Le jeu est fermé d'avance et le pouvoir ne montre aucune volonté d'organiser une compétition saine et loyale.L'appel de Bouteflika au respect de la régularité de la prochaine présidentielle pourra-t-il effacer, comme d'un coup de baguette magique, tout ce climat délétère et de suspicion aiguë qui entache d'ores et déjà le processus électoral ' Peu probable. La directive adressée, jeudi dernier, par le président Bouteflika à l'administration pour observer «une stricte neutralité», «garantir une égalité des chances entre tous les candidats» et «une participation professionnelle de la presse publique et privée» ressemble à une véritable profession de foi. Mais ces instructions sont-elles suffisantes pour garantir un scrutin libre et transparent ?' La prochaine élection pourra-t-elle être sans faille alors que Bouteflika lui-même entretient toujours le suspense sur sa volonté de briguer ou non une quatrième mandature 'La classe politique et les observateurs de la scène nationale sont plus que jamais sceptiques. Pour eux, le jeu est fermé d'avance et le pouvoir ne montre aucune volonté d'organiser une compétition saine et loyale. Le premier signe de ce verrouillage est le refus catégorique de répondre favorablement aux revendications des différents acteurs. Celles-ci concernent d'abord la révision et l'assainissement du fichier électoral, dont la taille ne cesse de grossir : plus de 22 millions d'électeurs.C'est-à-dire plus de 50% de la population algérienne est en mesure de voter. Ce qui paraît inconcevable aux yeux des responsables politiques algériens, qui suspectent une multiplication des inscriptions sur les listes électorales et la non-radiation des personnes décédées. Cela a d'ailleurs été confirmé lors des dernières élections locales, où l'on a découvert sur des listes électorales les noms de personnes dont l'âge dépasse les 130 ans. C'est pourquoi les partis continuent d'exiger l'accès à ce fichier et son assainissement.La seconde exigence de l'opposition porte sur la mise en place d'une commission nationale indépendante pour l'organisation de l'élection. Testé dans plusieurs pays, ce mécanisme a prouvé son efficacité. Pour eux, le ministère de l'Intérieur devra être écarté de ce processus. Mais le pouvoir rejette cette exigence, en confiant, une nouvelle fois, la préparation et l'organisation de cette échéance à l'administration, chapeautée par le ministère de l'Intérieur, dont le premier responsable est considéré comme un proche du président Bouteflika. La justice chargée de superviser, pour sa part, cette joute est entre les mains d'un autre proche du chef de l'Etat, qui a aussi placé un homme à lui à la tête du Conseil constitutionnel.Bouteflika prend des longueurs d'avanceCette troïka qui a la charge d'organiser l'élection fait peur à tous les candidats. Pour eux, les discours et les instructions portant sur la neutralité des agents de l'administration sont des v?ux pieux. D'autant plus que les responsables de cette administration sont à la fois juge et partie. Comment également réaliser l'équité entre les candidats alors que le président Bouteflika, que son clan veut forcer à rester au pouvoir malgré sa santé défaillante, a déjà pris plusieurs longueurs d'avance sur ses concurrents. La campagne en sa faveur est lancée depuis plusieurs mois, et aux frais du contribuable.Cette tâche est assumée, essentiellement, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui saisit l'occasion de ses tournées dans les wilayas pour défendre le bilan de Bouteflika et plaider pour la stabilité et la continuité. Cela s'apparente à un appel à un renouvellement de bail pour Abdelaziz Bouteflika. La campagne, dans ce sens, est soutenue par l'ENTV et la radio publique qui, en parallèle avec la diffusion quotidienne de spots glorifiant le bilan de 15 ans de règne du président Bouteflika, partent à «la chasse» de tous les appels à une nouvelle candidature de Bouteflika à sa propre succession. Peut-on parler de professionnalisme quand les médias publics, financés par l'argent de tous les Algériens, sont encouragés, ou instruits, à bafouer toutes les règles de déontologie et professionnelles 'A côté de ce dispositif bien étoffé dont dispose le pouvoir, force est de reconnaître que l'opposition est privée de tout moyen d'expression pour porter la contradiction. Rien que le manque de sérénité, résultat des luttes d'appareils ou claniques au sein du régime, constitue, à lui seul, un élément certain de parasitage de l'élection au profit des cercles du pouvoir.
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Posté Le : 22/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Madjid Makedhi
Source : www.elwatan.com