Plus d'une semaine après le début de la campagne électorale, les Algériens ne se donnent toujours pas la peine d'aller à la rencontre des candidats en lice pour la présidentielle du 17 avril. Pour la majorité d'entre eux, les dés sont pipés, comme ils ne s'empêchent pas de le crier haut et fort au micro des télés qui sollicitent leur opinion, à l'instar de ce jeune universitaire qui estime que "80% des électeurs sont contre une reconduction de Bouteflika" avant d'ajouter, toutefois, qu'"il remportera la mise avec plus de 80% des voix".Les élections algériennes ont toujours défié l'arithmétique, et cela risque fort de ne pas changer cette fois-ci.Pour autant, cette élection présidentielle a quelque chose de particulier, d'inédit : outre l'absence du principal concerné par la campagne électorale, la scène n'est pas occupée exclusivement par les soutiens et les laudateurs du candidat du système. Les opposants donnent de la voix, qui pour rejeter le quatrième mandat, qui pour opposer une fin de non-recevoir au processus électoral dans son ensemble et, partant, au système dont le départ est réclamé plus que jamais. Tout l'intérêt de ce scrutin présidentiel est là, dans ce "front du refus" qui s'exprime et s'élargit tout en affichant ce désir de se donner un avenir au-delà du 17 avril, quatrième mandat ou pas.Car, certes, il sera difficile, voire impossible d'empêcher la fraude de sévir dès lors qu'elle constitue une mission commandée de l'administration, de la justice et du Conseil constitutionnel. Mais, comme l'élection elle-même, le quatrième mandat dont elle accouchera non sans douleur ne ressemblera pas aux trois quinquennats précédents. Le régime de Bouteflika risque de ne pas pouvoir tenir longtemps après le 17 avril. Pas seulement en raison de la santé vacillante du futur "élu". L'opposition, toutes tendances confondues, aura gagné du terrain et songera à prolonger son refus du fait accompli par l'action concertée, y compris pour réclamer de nouveau l'application de l'article 88 de la Constitution, suivie d'une transition négociée, alors que pour les soutiens du Président-candidat, il sera déjà temps d'engager, chacun pour son propre compte et celui de son camp d'appartenance, l'inévitable bataille intestine pour les dividendes postélectoraux puisque c'est bien cela, tout compte fait, qui les fait courir aujourd'hui. D'autant que la question de la succession à Bouteflika restera entière et pendante au lendemain du scrutin du 17 avril qui, au final, aura ramené le pays à la case départ.NomAdresse email
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Posté Le : 31/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd Chekri
Source : www.liberte-algerie.com