Science économique, assurément politique

Le réalisme aujourd'hui en Algérie, c'est le constat de la transformation, du renouveau socio-économique qui s'opère en dépit de la crise financière que traverse le pays en raison de la chute de ses revenus tirés des hydrocarbures. L'affirmation de cette stratégie par le Gouvernement est à la base de son plan d'action et qui vise dans son ensemble à trouver la solution des problèmes nés de cette situation imprévue. Dans ce cadre, des solutions financières et économiques restent possibles, en dépit de la crise que vit le baril de pétrole sur le marché mondial et qui influe beaucoup sur le développement national, mais celles-ci ne peuvent être marginales au regard des nécessités et des besoins du moment. Elles doivent être suivies impérativement de nouvelles réformes. L'élément de réflexion : la stabilité du pays. L'Algérie unie et solidaire sous le sceau politique constant, constitue à présent une force morale et une importante maturité socio-politique qui peuvent être utilisées efficacement pour sortir de la phase actuelle difficile. Le pays recèle aussi des ressources en matières premières indispensables à son essor, à son développement et à son indépendance économique et financière en dehors du secteur des hydrocarbures. Des atouts qu'il faudra mettre en valeur. La solidarité nationale doit de fait se manifester à l'égard des intérêts de la Nation. Elle doit s'étendre de façon effective à tous les domaines, y compris politique. Ce raisonnement logique, dépouillé de tout 'sentimentalisme ", a été souvent tenu par le Président Abdelaziz Bouteflika, à savoir que " Nous sommes en mesure de relever les défis ". Au cours de ces dernières années, l'Algérie tout en remboursant par anticipation sa dette extérieure s'en est généralement détachée des injonctions du FMI, de la Banque mondiale et des autres institutions financières internationales. Progressivement, le cap a été mis sur ses propres ressources, ses propres sources de financement du développement national et la mise en surface des potentialités réelles du pays et l'adoption d' une véritable " doctrine " de développement, convergence avec les aspirations populaires et de la forme de modernité des moyens faisant face aux chocs externes provenant surtout de la mondialisation. Les décideurs économiques ont pu finalement se convaincre de la vanité financière des institutions financières internationales. Comme dans tous les pays soucieux de leur indépendance politique, économique et financière, on se rend compte alors que les injonctions des institutions financières internationales, le FMI et la Banque mondiale en particulier, n'étaient que la camouflage d'une domination, elle-même dissimulée derrière un ordre économique et monétaire qui ne reposait sur rien d'autre que sur une domination politico-économique, laquelle avec le temps, avait fini par élaborer ses propres justifications sous la forme d'une certaine " science économique ", assurément politique.Il s'agit désormais de prendre conscience des capacités effectives de l'Algérie, de l'importance des ressources humaines et matérielles, de la nécessité de réaliser pleinement l'intégration économique et de constituer un front national solide contre les conséquences de la baisse continue des revenus du pays provenant de l'exportation du pétrole et du gaz. La mise en ?uvre de cette stratégie sera possible grâce au sérieux du plan d'action du gouvernement, grâce à la nouvelle loi des Finances 2018, l'apport, la contribution effective et directe des partenaires économiques et sociaux, mais aussi grâce à la mobilisation de la société dans son ensemble. D'une manière générale, les réflexions dans le domaine du développement, de la croissance, du rendement économique doivent se faire dans un esprit nouveau car il s'agira de mettre effectivement en place et de faire fonctionner des secteurs humains et matériels dont l'utilité n'est plus contestée. Dans un contexte mondial d'effondrement des prix du brut, la détermination de l'expansionnisme économique, le discours officiel actuel reconnaît que l'économie nationale peut continuer à décliner si rien n'est fait pour changer la trajectoire.
Ainsi à l'horizon 2O19, le plan de relance vise à diversifier l'économie nationale avec des secteurs clés comme l'agriculture, l'industrie, les mines ou encore le tourisme, tout en reboostant la production pétrolière. Sur le plan purement économique, cette politique est celle de la " porte ouverte " aux investissements nationaux et étrangers permettant ainsi au pays de prendre son essor tout en se défaisant de l'emprise des hydrocarbures qui restent aujourd'hui la source principale de financement du développement national. Aujourd'hui, l'Etat semble donner une impulsion nouvelle à sa politique et à son économie, extrêmement liées au marché mondial. Elle tend tout d'abord à la diversification de la production et partant, des exportations hors hydrocarbures, lui assurant ainsi une moindre dépendance à l'égard du marché mondial.
L'ambitieux programme de relance assigne d'ailleurs des objectifs précis à chaque département ministériel et de donner aussi plus d'air aux opérateurs économiques asphyxiés par la crise financière ; sortir le pays de cette crise semble être la première chose à laquelle doit penser le gouvernement. Trouver la recette contre une situation financière difficile. Et surtout offrir l'espoir aux Algériens, à une jeunesse à qui on offre plus le pouvoir de rêver. La situation actuelle n'est pas une situation normale. Tout le monde est conscient, et les choses ne doivent pas être gérées d'une manière normale. Il faut oser. Il faut frapper. Il faut transformer et réformer. Le gouvernement doit savoir tirer les leçons et se donner les moyens d'affronter les enjeux de l'avenir du pays. Il faut savoir aussi définir les priorités. Etre à l'écoute du citoyen, saisir la gravité de la situation financière, raviver la conscience éthique de l'économie nationale et redonner de l'espoir. Prendre les décisions tant attendues, aussi soient-elles. Sans ça, c'est le naufrage pour tous. Pour la première fois, il s'agit de réunir à l'échelle nationale et de mettre à l'épreuve la capacité d'imaginer, de prévoir et de construire ensemble des structures et des modes d'action originaux aptes à réduire cette situation de crise.