Algérie

Scepticisme autour de l'UPM : Suggestion pour une Méditerranée «sans prétention politique»



Sans le moindre doute, jamais une idée en rapport avec la Méditerranée n'a délié les langues et fait couler autant d'encre que l'Union pour la Méditerranée (UPM). Du dialogue euro-arabe à l'aube des années 1980 à la Politique européenne de voisinage (PEV) et du dialogue des 5 5 au processus de Barcelone, bien des formules ont jalonné l'actualité méditerranéenne. Inévitablement, toutes ont fait, à un moment ou un autre, l'objet de critiques au grand dam de leurs initiateurs. Barcelone en sait quelque chose pour avoir subi, au moment du 10e anniversaire (2005), un procès en règle. Situation plutôt inédite, avant même de voir le jour, l'UPM est promise à l'échec.

Acteurs de Bruxelles, représentants de la rive sud ou experts habitués aux analyses méditerranéennes, ils sont nombreux à s'être emparés de leur plume et avoir donné de la voix pour prédire un cheminement hypothétique au chantier de Sarkozy. Le dernier en date n'est autre qu'Edgard Pisani. Ancien ministre socialiste sous Mitterrand, premier président de l'Institut du monde arabe (IMA), Pisani a joint sa voix à celles qui, depuis plusieurs semaines, n'en finissent pas de souligner les limites de l'UPM. Rompant un long silence, l'un des «plus arabes» et des «plus méditerranéens» du personnel politique français se montre pessimiste au sujet de l'ambition de l'Elysée.

«La complexité de la réalité régionale rend dérisoire l'idée d'une Union méditerranéenne», nuance-t-il dans une tribune libre publiée dans Le Monde. Au risque de contrarier des discours un peu dans l'air du temps, Edgard Pisani force sur les traits d'une Méditerranée à la météorologie imprévisible. «L'Islam et la chrétienté, les colonisateurs et les colonisés, les développés et ceux qui aspirent à l'être, les pays pétroliers, l'instabilité du Proche-Orient, le conflit israélo-palestinien, la tension gréco-turque, l'incertitude et l'instabilité à l'est de la mer Adriatique: mille faits et autant de menaces interdisent de rêver». Initiative aléatoire que ce projet d'Union pour la Méditerranée ? Edgard Pisani n'est pas loin de le penser. A preuve ces «problèmes délicats» susceptibles de surgir sur le chemin de tout entrepreneur d'un chantier méditerranéen, quelles qu'en soient la nature et la taille. Questions parmi d'autres dont il est difficile d'en faire l'économie à l'heure où Paris hérite, pour six mois, de la conduite des affaires de l'Europe: «Qui assurerait la comptabilité des engagements européens et méditerranéens ? Qu'envisageait politiquement le promoteur du projet, qu'en attendait-il ?». Et, au-delà du pourtour méditerranée, «de quel poids l'initiative avortée pèserait-elle sur la présidence française de l'Union européenne ?».

En familier du sujet - l'auteur de la tribune libre a assisté à une multitude de réunions euro-arabes et euromed -, Edgard Pisani suggère quelques pistes. «Pour y réussir, il faut agir secteur par secteur, problème par problème, techniquement, sans prétention politique. A force de travailler ensemble, les civilisations, les pays, les hommes se connaîtraient et mesureraient l'intérêt de coopération technique, sans arrière-pensées politiques».






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