Algérie

Scène politique


Scène politique
Elevés au rang de personnalités nationales, «vedettes» des plateaux des chaînes de télévision privées et intervenant à temps plein sur toutes les questions d'actualité nationale, d'anciens chefs terroristes et représentants autoproclamés de mouvements salafistes, qui n'ont aucune existence légale, s'invitent dans tous les débats publics.Tolérés ou même encouragés par on ne sait quelle force occulte au pouvoir, ils veulent désormais imposer leur loi et leur vision rétrograde à la République. En effet, tous les seuils sont en train d'être franchis.L'audience en juin dernier, au siège de la Présidence, accordée à l'ancien chef de la nébuleuse AIS, Madani Mezrag, par Ahmed Ouyahia, semble interprétée comme un signal au retour à l'islamisme radical. Et ses chefs n'attendent pas une autorisation officielle. En août, les militants de l'ex-FIS se sont réunis en conclave dans le maquis de Jijel. La rencontre, assure Madani Mezrag, «a eu lieu sans autorisation, mais les autorités étaient bien informées de sa tenue». En plus de la Constitution, Madani Mezrag, devenu en 2014 une «personnalité nationale», intervient sur toutes les questions sans se démarquer de ses anciennes convictions qui ont mis le pays à feu et à sang dans les années 1990.Un autre militant du FIS et fondateur d'un mouvement salafiste non agréé, baptisé Essahoua, vient, lui aussi, de faire son intrusion sur la scène publique. Il s'agit de Abdelfattah Hamadache Zeraoui, qui signe un appel au meurtre contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud. Il a lancé une fatwa sur sa page facebook contre le chroniqueur du Quotidien d'Oran qui a été largement diffusée par des chaînes de télévision privées et proches du pouvoir. Sans condamner la sentence prononcée par ce charlatan qui se présente comme le gardien de la religion en Algérie, des médias, surtout ces mêmes chaînes privées, se bousculent pour inviter sur leurs plateaux ce sinistre prédicateur.Pis encore, devant un appel public au meurtre d'un citoyen algérien, aucune autorité n'a bougé pour, au moins, rappeler à tout le monde que la République a ses lois que personne ne peut piétiner. Plus grave encore est le «hamadachisme» partagé par des dizaines d'internautes, qui l'encouragent sur les réseaux sociaux et même dans les médias censés défendre les libertés individuelles et collectives. Avant sa dernière fatwa, ce même Zeraoui s'était attaqué violemment aux déjeuneurs de Kabylie et même à la langue amazighe en déclarant péché le mot «azul» (bonjour en tamazight). Sentant qu'ils ont le vent en poupe, les nouveaux salafistes algériens, qui continuent à tisser leur toile à travers le pays, s'attaquent à toute libre pensée et à toute création intellectuelle.Il y a quelques semaines, rappelons-le, un autre mufti autoproclamé, Chamseddine en l'occurrence, a créé la polémique autour du film El Wahrani (L'Oranais) de Lyès Salem. L'imam de la chaîne privée Ennahar se donne le statut d'historien et de critique cinématographique pour charger Lyès Salem et son film, qualifié de «satanique». Encouragés toujours par l'absence de l'autorité de l'Etat, les salafistes pullulent et polluent l'espace public, influant ainsi négativement sur la société. L'on se rappelle que même le gouvernement a dû supprimer les intérêts bancaires sur les crédits accordés aux jeunes dans le cadre de l'Ansej et l'Angem ; et pour cause, des jeunes, influencés par les fatwas salafistes, refusaient de contracter ces crédits pour la création de leurs propres entreprises. Et quand les autorités prêtent le flanc, l'on peut s'attendre à d'autres dépassements plus graves.


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