Algérie

Scène mémorable du festival de théâtre Off d'Avignon : Darwich, la vérité du poète



La poésie de Mahmoud Darwich prend chair grâce au comédien d'origine algérienne, Mohamed Rouabhi, qui fait revivre deux beaux textes : Discours de l'Indien rouge et Une mémoire pour l'oubli Avignon. De notre envoyé spécial Le plus difficile avec la magnificence des textes du regretté Mahmoud Darwich, décédé en 2008, c'est de passer de l'arabe à une traduction, et donc une altération dans une autre langue. L'intensité vibrante du poète palestinien s'y étiole un peu. Mohamed Rouabhi réussit justement, dans son montage théâtral, à éviter de belle manière cet écueil. Dès Discours de l'Indien rouge, le souffle vital de l'expression de la langue maternelle de l'écrivain prend une présence manifeste. Et dans le deuxième texte, Mémoire pour l'oubli, le poète est là, vivant par la voix de l'acteur. C'est l'une des plus belles surprises du festival off d'Avignon, avec des salles tous les jours pleines.Le public rend grâce à Rouabhi pour la justesse de son interprétation de très belles pages de la littérature de Darwich, qu'il a bien connu. « J'ai mis plus d'une année à faire le deuil, refusant poliment, peu après sa disparition, les nombreuses sollicitations qui m'ont été faites, de lecture de textes, de poèmes, de récits divers en hommage au poète », explique-t-il, dans des propos liminaires de son dossier de presse. « Je l'avais rencontré à plusieurs reprises, à Paris mais principalement à Ramallah où j'ai passé presque quatre années à travailler dans des camps de réfugiés, ou des prisons palestiniennes de 1998 à 2001. Je peux même dire qu'il y a eu un temps où je le voyais régulièrement. Je connaissais son amour du verbe, sa passion démesurée pour la musique des mots. Et la musique. Et les mots. J'aimais à l'infini sa poignante solitude. Celle du matin, celle de la nuit, celle du café, j'aimais l'éclat soudain malicieux de ses yeux durs, qui accompagnaient le verre de vin qu'il portait à ses lèvres, j'aimais l'odeur de ses Gitanes filtres qui imprégnait ses costumes gris et le journal plié dans sa poche, ses doigts, ses cheveux épais. J'aimais la nostalgie de cet homme délicat et rugueux, un homme de la terre et un homme de l'air' ».Mohamed Rouabhi a attendu d'en finir avec les souvenirs du poète pour tenter de s'approprier sa parole vivante, avec ce « sentiment de beauté aveuglante mêlée à de la cendre encore chaude ».Le comédien est né à Paris d'un père algérien qui a combattu dans l'armée française durant la Seconde guerre mondiale et d'une mère qui rejoint les rangs du FLN pendant la guerre d'Algérie. Il quitta l'école à 15 ans et fit divers métiers, avant de se tourner vers le théâtre, passage à l'école de la rue Blanche à Paris.Il écrit actuellement un monologue pour la comédienne Claire Nebout et une comédie qu'il mettra en scène en 2012, avec entre autres Vanessa Paradis, Dominique Pinon, Claire Nebout et Florence Thomassin. En compagnie de la réalisatrice Viviane Candas, Jean-Claude Carrière et Isabelle Adjani, il participera au projet Schéhérazade, dans le cadre de la manifestation culturelle Marseille-Provence 2013. Ses ouvrages sont publiés chez Acte-sud.


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