Algérie

Scandales financiers et communication de diversion



Scandales financiers et communication de diversion
La remise du rapport annuel sur les transferts illicites de capitaux, rendue obligatoire par une ordonnance de juillet 1996, a été l'occasion pour Djoudi d'accorder un entretien à l'APS. Il y est question de "1 000 procès-verbaux établis et transmis à la justice pour un corps de délit de 17 milliards de dinars, soit un équivalent de 220 millions de dollars US". Que mille infractions par an ' Trois PV par jour, tous services de contrôle réunis ' Et qui concerne à peine le double du préjudice causé par l'affaire Saipem ! Ou le contrôle ne se fait pas sérieusement et il n'y a qu'une infime partie des trafics qui sont interceptés ; ou l'Algérie est indemne de ce fléau de transferts illicites de capitaux qui sévit dans tous les pays à système autoritaire et rentier.Le ministre des Finances, trouvant motif à se réjouir de ce bas niveau de fuite illégale de capitaux, a fait cette observation : "Il faut souligner que ce dernier chiffre, même s'il apparaît important, marque néanmoins un net recul de 54% par rapport au niveau enregistré à l'exercice précédent." Ce qui veut dire qu'au vu des montants qu'on a empêchés de passer frauduleusement vers l'étranger, on peut considérer que peu de capitaux ont effectivement été soustraits à l'économie nationale. Voici donc le message : il faut qu'ils se réjouissent de ce que les richesses de leur pays, leurs richesses sont enfin mieux gardées ! Au moins depuis l'année dernière. Et le gouvernement n'en veut pour preuve qu'un chiffre : "un net recul de 54% par rapport l'exercice précédent".
Seulement, en termes de com, le coup de pub autour d'une rigueur enfin trouvée, ou en cours d'être retrouvée, tombe mal. Depuis la veille de la "dépêche" de l'Agence, c'est la conviction finalement faite de la magistrate italienne que "Farid Bedjaoui remettait l'argent à Chakib Khelil", le mandat d'arrêt contre ce "jeune" qui servait de trésorier au "vieux", c'est la commission rogatoire pour que l'Italie récupère l'argent de l'ENI ' mais en fait de Sonatrach puisqu'il est déduit du contrat ' à Singapour, à Hong Kong et ailleurs. Ce sont des comptes hébergeant quelque 123 milliards de dollars qui sont déjà identifiés et ce n'est fini, semble-t-il. C'est la moitié de tout le montant concerné par une année d'infractions établies par nos différents services. Mais ce genre de transfert ne passe pas par les postes de contrôle relevant de ces services.
En Algérie, où le pouvoir communique à la place de la justice, le ministre de la Justice nous a déjà appris que "90% de ceux qui y sont impliqués sont désormais connus". En précisant qu'il ne peut pas les nommer. Dans les affaires de corruption, on ne badine pas avec le principe de présomption d'innocence.
Mais la justice italienne, elle, nous dit quels Algériens sont poursuivis dans l'affaire Sonatrach 2. Celle-ci étant pendante à l'affaire Saipem, on devrait retrouver les mêmes acteurs. Mais chez nous, c'est cela l'entrée des artistes : il est difficile de leur faire quitter la douillette loge pour se soumettre à l'humeur du parterre.
Il y a comme un drôle d'ordre de priorité : alors qu'il est question de centaines de millions de dollars dérobés par des hommes du pouvoir et leurs proches sur le dos du pays, l'Etat communique sur les infractions ordinaires aux transferts de capitaux !
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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