Algérie

Scandale



Scandale
Alors que le Tribunal arbitral du sport se prononcera vendredi matin sur la suspension provisoire qui touche Michel Platini, Philippe Auclair rappelle quelques vérités. Notamment celle-ci : même si le TAS efface la suspension, ce ne sera en rien une absolution sur le fond du président de l'UEFA. Il n'est en rien impossible que le tirage au sort de l'Euro 2016 de samedi se fasse en présence d'un revenant, et qu'il constitue une sorte de triomphe incongru pour sa cause. Je veux évidemment parler de Michel Platini, suspendu à titre provisoire pour quatre-vingt-dix jours le 8 octobre dernier par la Commission d'Ethique de la FIFA. Car c'est ce vendredi, à dix heures du matin, que le TAS, le Tribunal Arbitral du Sport, rendra publique sa décision, et les bruits de couloir que l'on entend aujourd'hui laissent penser que celle-ci pourrait être favorable au président de l'UEFA. Mais ne vous leurrez pas. Beaucoup de ces dignitaires de l'UEFA que vous verrez applaudir leur président' et qui prétenderont le soutenir' l'ont déjà lâché, car eux savent ce qu'une partie substantielle des médias français se complait à ignorer: qu'une décision "positive" du TAS n'empêchera en rien la Chambre de Jugement de la FIFA de prononcer une sanction très lourde à l'encontre de Michel Platini - et de Sepp Blatter -, et cela, soit dès la semaine prochaine, soit au tout début de la suivante, après avoir entendu les deux hommes les 17 et 18 décembre. Le TAS n'est pas appelé à se prononcer sur le fond des accusations dont le premier nommé fait l'objet, mais sur la forme, sur un possible vice de procédure qui n'invalide en rien le processus déclenché par la Commission d'Ethique de la FIFA, laquelle poursuivra son travail. On oublie une chose à dessein: si une recommandation des plus sévères (la radiation à vie) a bien été faite par la Chambre d'Investigation à l'encontre de Blatter et Platini, la Chambre de Jugement ne l'a pas encore entérinée. Etant innocent jusqu'à ce qu'il soit éventuellement jugé coupable, l'ancien capitaine des Bleus ne peut être "blanchi" de quoi que ce soit, et certainement pas d'une sentence qui n'a pas été prononcée.Déjà une note de triomphalisme dans le discours des PlatiniensJe ne suis pas certain que cette explication soit reprise par beaucoup dans notre beau pays; c'est qu'elle se trouve en porte-à-faux avec la version présentée par les défenseurs d'un homme qui fut peut-être le plus grand joueur de l'histoire de notre football. Ils composent un réseau autrement plus puissant que celui des francs-tireurs, dont je suis, qui refusent que l'on distorde les faits pour servir un scénario pré-établi, au service d'intérêts plus que de la vérité. La France, et pas seulement celle du football, se recroqueville sur elle-même, et respire un air vicié par les compromissions qui vont de pair avec la confusion entre fidélité et aveuglement.C'est ainsi qu'une note de service interne dont l'origine est confuse et l'auteur inconnu, consignée dans un rapport que presque personne n'avait lu et dont tout le monde avait oublié l'existence avant qu'elle réapparaisse dieu sait comment dans un journal français, a pu être présentée comme une "preuve" de ce que le fameux paiement de 2MCHF fait par la FIFA à Michel Platini neuf ans après le terme de sa mission de conseiller de Sepp Blatter était connu de tous et avait reçu l'aval des instances, ce qui est tout simplement faux, et n'explique en aucun cas un si long délai. C'est ainsi que l'on sent depuis plusieurs jours déjà une note de triomphalisme dans le discours des Platiniens, prêts à accueillir une décision favorable du TAS comme une autre "preuve" de ce que leur héros fait l'objet d'une ignoble campagne de discréditation orchestrée par son ancien père spirituel Sepp Blatter, dont le seul but est d'empêcher que le fils devenu rival prenne sa place tout en haut de l'édifice branlant de la FIFA. Une campagne menée avec le concours d'une cinquième colonne composée de journalistes, anglo-saxons pour la plupart, mais aussi français (je ne me fais aucune illusion sur le rôle qui m'est prêté), allemands et scandinaves qui n'ont pour but que de détruire la réputation d'un "innocent". Pourquoi s'acharnent-ils ainsi' Seraient-ils, ces plumitifs à louer, à la solde de Blatter ou d'un des candidats à l'élection présidentielle de février 2016' Suivez mon regard?Car s'il est un art que ces Platiniens qui n'honorent en rien leur icône maîtrisent à la perfection, c'est celui de l'insinuation. Le système dans lequel Blatter et Platini se sont hissés ensemble tout en haut s'est déjà effondréOn notera ce que cette prise de position a de contradictoire. Car si Platini est "innocent", Blatter, l'architecte présumé de sa chute, ne le serait-il pas aussi' Mais cela, on ne l'entend nulle part. Et si c'est ce même Blatter qui a alerté les autorités suisses de l'existence d'un paiement qu'elles jugent "déloyal", comment expliquer qu'il se soit incriminé lui-même, qu'il ait commis ce qui ressemble à un suicide, lui qui rêvait de se voir décerner le Prix Nobel de la Paix pour services rendus à la 'famille' du football et à l'humanité toute entière' Ce n'est ni à l'opinion ni à ces médias qui tâchent de l'influencer plutôt que de l'informer de présumer de la culpabilité de Blatter ou de Platini en la matière. Il ne peut y avoir qu'une seule présomption, celle de l'innocence; ce qui n'empêche en rien des journalistes consciencieux de tâcher d'établir la vérité en s'en tenant aux faits. Ce n'est pas que la Commission d'Ethique de la FIFA, mise en place par ce même Blatter qui rage contre elle aujourd'hui, qui devra rendre un verdict; c'est, à terme, le procureur général de la Confédération Helvétique Michael Lauber qui devra recommander - ou non - des poursuites devant un tribunal suisse. Il ne s'agit pas d'un concours de beauté. Il ne s'agit pas d'une guéguerre entre factions. Le système dans lequel Blatter et Platini se sont hissés ensemble tout en haut de la gouvernance du football mondial s'est déjà effondré, miné par la corruption, réduit en cendres par les bombes lâchées par le FBI, qui aura démontré que, plus encore que la FIFA, ce sont les Confédérations - lesquelles ne sont même pas membres de l'instance! - qui devraient être démantelées sine die pour que l'on puisse de nouveau croire au football, UEFA incluse, cette instance donneuse de leçons qui n'a cessé de s'opposer au processus de réforme, élit son président à main levée sans la moindre opposition et n'a pas jugé utile de se doter d'une Commission d'Ethique. Laquelle aurait sans doute du pain sur la planche si elle faisait sérieusement son travail.




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