Algérie

Savoir dire non



La postérité a sauvegardé la lumineuse réponse que le philosophe grec Diogène - surpris à méditer en contemplant un coucher de soleil - a donné au tout puissant prince du moment venu le courtiser avec cette offre-question : « Demande-moi ce que tu veux, tu l?auras. » Diogène lui a répondu : « Ote-toi de mon soleil ! » De cette veine rebelle, l?Algérie a eu aussi ses intellectuels, comme Kateb Yacine, avec sa passion de la liberté et de l?indépendance d?esprit. Pour cette graine de penseurs, « si les pouvoirs existent avec leurs tyrans, leurs abuseurs, leurs exploiteurs », ce n?est qu?avec « le consentement de ceux sur lesquels ils s?exercent. Il suffit de ne plus servir pour être libre. » Dans la société algérienne d?aujourd?hui, le droit de savoir est absolument à défendre et développer, à travers le système de l?Education nationale - et d?abord en endiguant le chancre qui ronge l?université -, les médias et les réseaux de la société civile. Savoir, pour savoir dire non aussi. Parce que de ces foyers naissent et réagissent les empêcheurs de penser en rond, et en rangs enrégimentés. Des énergies porteuses de questionnements, d?interpellations et de propositions. En lieu et place de slogans connivents. Comme de cet édito de nos quotidiens qui applaudit de trois mains la rencontre bipartite gouvernement-UGTA (mettant à la trappe les droits d?expression des syndicats autonomes) : « L?accord intervenu, sans encombre, entre les deux parties, permet au pays de faire l?économie d?un combat d?arrière-garde. » Par quelle pirouette propagandiste, Sidi-Saïd, « le patron » du syndicat officiel, veut-il convaincre l?opinion, et « ses troupes », que l?avant-projet de loi Khelil sur les hydrocarbures, déclaré hier bradant les richesses nationales, est-il devenu la solution miracle pour régler les problèmes sociaux et économiques de l?Algérie ? En matraquant que Sonatrach ne sera pas privatisée, et les droits des travailleurs sauvegardés. Soit ; peut-être. Ce que l?opinion publique aurait voulu savoir, au-delà, ce sont les dessous du texte. Comment par exemple les « sages » de l?Agence de régulation des hydrocarbures, érigés par le projet de loi pour choisir les concurrents de Sonatrach, auront-ils l?esprit sain pour réguler dans le sens de l?intérêt national, et non pas sous la tentation des plus alléchantes commissions personnelles ? L?Agence de régulation des télécoms a déjà tracé le scénario : comparez la santé respective d?Orascom-Djezzy, de Watania et d?Algérie télécom.


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