Ce rituel demeure très encré dans presque toutes les régions du pays Tamazgha , après abattage rituel du mouton de l’Aïd , le père de la famille montre l’exemple en passant la Peau du Mouton encore chaude sur son visage , avant que les membres de la famille enfants compris l’imitent religieusement .
Germaine Tillion a été témoin de ce rituel lors de sa mission ethnographique dans l'Aurès au début des années 1930 : « Dans quelques villages du Nord , on recommandait de se passer la peau de l’animal prestement écorchée sur le visage , et surtout les yeux « pour se protéger contre les maladies ».Du haut d’une terrasse , à Tagoust , j’ai assisté à cette opération magique : le père d’abord, un homme grisonnant et barbu , s’essuya lentement et méticuleusement chaque partie du visage avec le revers de la peau de l’animal sacrificiel , puis il la passa sur le visage de fils aîné , un petit enfant de cinq ou six ans, et ensuite sur les visages des autres enfants. La peau circula enfin de main en main, et fut utilisé par tous les hommes présents, puis par toutes les femmes présentes » . Rare sont ceux qui connaissent les vrais origines de cette pratique qui plonge pourtant ces racines dans les entrailles profondes de l’histoire Amazighe.
Tout commence vers le septième siècle lorsque le chef militaire panarabiste Oqba Ben Nafi qui commandait l’armée des Omeyades envahit Tamazgha (Afrique du Nord) et fonda la ville de Kairouan ... Le commandant des armées arabes affronta Aksel, le chef militaire Amazigh (Berbère) qui a repris le flambeaux de la lutte contre l’invasion arabe après la mort du grande Reine Amazighe Tihya ... Aksel après une résistance héroïque fut contraint de faire la paix avec les arabes ... Le grand historien Amazigh Ibn khaldoun rapporte le premier contacts entre Oqba et Aksel :
« Abou Mohajir présenta Aksel qui s’est converti à l’islam à Oqba , ce dernier se montra dédaigneux envers le chef Amazigh et le méprisa .... Il lui ordonna un jour d'écorcher et dépecer un mouton , Aksel répondit : ‘’ Que Dieu dirige l'émir vers le bien ! mes serviteurs s’en chargeront ‘’ Oqba s’emporta et insulta le Amazigh en lui ordonnant de s’acquitter lui-même de la tâche . Vexé , Aksel s’est levé et s’est mis à dépouiller la bête en essuyant le sang sur sa barbe …. Plusieurs arabes intrigués par le geste de Aksel lui demandèrent la raison, il répondit que cela était bénéfique pour pilosité du visage ... Un vieux sage qui passa près du lui déclara à l’assistance que ‘’ L'Amazigh rumine sa vengeance ‘’......... » (1)
Aksel n’oubliera pas cette offense et accomplira très vite sa vengeance en 684 ... Il retrouvera Oqba Ben Nafiî et le tua pas loin de Biskra.
Encore aujourd’hui et bien qu’on ignore le plus souvent le signification de ce rituel , les Amazighs perpétuent encore la mémoire de leur Aïeul Aksel..
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Posté Le : 04/08/2019
Posté par : patrimoinealgerie
Source : www.facebook.com/La-kabylie