Algérie

Savants demandent considération



L'annonce d'une réflexion sur une loi permettant le retour au bercail des compétences algériennes actuellement à l'étranger, malgré l'importance qu'elle suggère, est passée inaperçue. Il est certain qu'une loi, aussi dense que soit son contenu, n'a de sens que quand elle est totalement appliquée. Du reste, la législation algérienne est riche en textes et en prétentions souvent réfléchies, mais il est navrant que leur maturation et leur application soient la plupart du temps suspendues au gré d'une culture de blocage ancrée chez les acteurs censés l'entretenir et l'appliquer.Cette législation n'est toujours pas en cause, mais c'est son application qui bute sur les emphases négatives d'un esprit anesthésiant généralisé. Il s'agit là bien plus que d'une histoire de bureaucratie, ni même de la panoplie ordonnée de toutes les formes de corruption, mais d'un problème du vivre ensemble et des tares qui désarticulent l'espace commun.
Le retour des compétences algériennes égarées à l'étranger interpelle une réflexion large et pour qu'il se concrétise avec bonheur et efficacité, il doit se soumettre à la résomption d'un ensemble de paramètres allant jusqu'à se questionner sur un projet de société.
Il est paradoxal que la société algérienne trouve en commun une large entente bénéfique quand elle baigne dans la religion mais rechigne toujours à s'entendre sur le partage des artifices nécessaires et indispensables pour la sérénité de son quotidien. Sans doute est-ce au c?ur de ce dilemme que réside la cause d'une mal-vie et de l'incitation à changer de ciel pour aller chercher des normes conformes à la civilité. On se demande toujours à quoi répond le phénomène de la harga et pourquoi des nationaux pourtant correctement nantis s'aventurent à braver les dangers des mers pour tenter de se réconcilier avec eux-mêmes. Ils savent pourtant qu'ailleurs cette réconciliation est hypothétique avec soi et probablement impossible avec les autres. Ailleurs aussi, certainement plus qu'ici, les sociétés humaines ont d'énormes difficultés à se définir et se donner un nom.
Certes à l'impossible nul n'est tenu. Nos savants compatriotes exilés, forts de leur savoir-faire n'ont jamais demandé la lune. Le drame présent est que la majorité d'entre eux n'exigent pour revenir chez eux qu'un minimum de considération. Cette exigence simple et lourde en même temps doit figurer au centre des préoccupations.


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