Le comité, déçu par Belkhadem, s’en remet au président Bouteflika Selon les membres du Comité national de sauvegarde du parc national d’El-Kala (CNSPNEK), le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a été saisi de l’affaire lors de l’entrevue d’une heure qu’il leur a accordée le 29 avril dernier en présence notamment du ministre de l’Aménagement du territoire, Chérif Rahmani, et du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul. Lors de cette rencon-tre, les trois membres du comité ont saisi le Chef du gouvernement sur la gravité de la situation à la suite des propos tenus par le ministre des Travaux publics qui avait déclaré que c’est le Chef du gouvernement qui a pris la décision de lancer les travaux de l’autoroute à l’intérieur du parc alors que ce même ministre avait annoncé en juillet dernier qu’on «était à la recherche d’un tracé qui contournerait le parc». Les délégués du comité ont exposé au Chef du gouvernement les raisons pour lesquelles ils se sont opposés au passage du tronçon de 17,8 km. Selon eux, ces raisons sont dictées par le décret présidentiel relatif aux statuts des parcs nationaux algériens qui interdisent le passage de route importante. Pour le Chef du Gouvernement, cette référence obstinée à un texte de loi «est une position tranchée motivée par une interprétation tendancieuse des textes». Il a donc décidé, selon ces membres, de confier ces textes à des experts qui «en détermineront la portée réelle». Le Chef du Gouvernement a ensuite proposé d’intégrer l’Observatoire pour le contrôle et le suivi de la gestion environnementale de l’autoroute installé par le ministre des Travaux Publics à El-Tarf et qui serait doté de moyens considérables. Ce serait, selon lui, la meilleure contribution des écologistes pour protéger le Parc contre les impacts de l’autoroute. Proposition à laquelle les délégués ont répondu que l’outil de protection existe déjà à travers les statuts du parc et que l’ignorer c’est se rendre «complices d’une transgression de la loi et en plus, maintenant, d’un fait accompli». Le Chef du gouvernement a refusé de discuter la solution du contournement du parc au motif qu’elle serait «longue et coûteuse». Les délégués ont, à ce moment, fait lecture du principe de substitution consacré par la loi relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable qui impose l’option d’une solution, même si elle est plus coûteuse, dès lors qu’elle contribue à la protection de l’environnement. Pour mettre fin à l’entrevue, le Chef du gouvernement a déclaré qu’il «examinerait de plus près le dossier qui lui a été remis». Le CNSPNEK déclare que cette entrevue qu’il n’attendait plus, aura, pour le moins, permis de préciser «les intentions des pouvoirs publics sur la question du tronçon d’autoroute». Et comme il s’agit, selon le Chef du gouvernement, d’interprétations divergentes de la loi, le comité s’estime «conforté dans la démarche qu’il s’est imposé dès le départ d’en référer au Président de la République, garant de l’application des lois». Les travaux pour la réalisation du tronçon d’autoroute d’une vingtaine de kilomètres (17,5km) qui traversent le parc national d’El-Kala ont été lancés. Pour l’instant, il s’agit des travaux de défrichement et de terrassement de l’assiette de l’autoroute qui a une emprise de 120 m de large. Selon ce comité, «ce ne sont pas les effets physiques de l’autoroute qui sont le plus à craindre». En traversant le parc, cette voie de circulation importante «porte un coup fatal» aux statuts du parc qu’elle piétine. Quant à cette d’étude d’impact qui «reste incertaine et douteuse» tant qu’elle n’a pas subi le filtre de la critique et que l’on brandit comme la caution morale, juridique et scientifique pour faire passer l’autoroute, «elle ne se justifie en aucune manière pour le tronçon dans le parc puisque la loi a déjà tranché», a conclu le comité de sauvegarde qui appelle à «l’arrêt des travaux et la recherche d’un autre itinéraire». Sur le terrain, les engins sont en action pour rectifier l’assiette de l’autoroute, mais les constructions proprement dites n’ont pas encore commencées, ce qui laisse encore un délai qu’il faut mettre à profit. Le comité a également saisi le premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, pour lui demander au titre du Pacte Mondial de rappeler les dirigeants de COJAAL, le constructeur japonais de l’autoroute, leur responsabilité vis-à-vis de la protection de l’environnement. Le comité a également contacté un groupe de juristes pour recevoir les conseils sur la démarche à suivre pour le dépôt d’une plainte auprès des juridictions compétentes. Ce qui doit se faire immédiatement après le dépôt de la pétition à la présidence de la République. Des contacts sont en cours pour saisir des membres de l’APN et du Conseil de la Nation pour tenter d’inscrire cette question dans les priorités des Parlementaires. Le comité prépare des actions de mobilisation et de sensibilisation dont un appel à une randonnée nationale le jeudi 5 juin (journée mondiale pour l’environnement) dans le parc national d’El-Kala. A noter enfin que la pétition lancée par le comité de sauvegarde a recueilli 13.000 signatures. Saïd Farhi
Posté Le : 06/05/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com