Algérie

Saturday, February 01, 2020 Pour une architecture d’équilibre en Algérie



Pour une architecture d’équilibre en Algérie

Dans un contexte d’avancé technologique rapide et de foisonnement de créativité, où chaque nation cherche à prendre le devant et consolider sa position de leader. Le secteur du bâtiment et travaux publics “BTP” représente un terrain de recherche et d'innovation importante. En effet, ce secteur impacte d’une façon importante le vécu des populations à travers un territoire en offrant le support de toute activité humaine. Ce support se doit d'être à la fois fonctionnel et rationnel mais aussi humain et sensible pour que ces populations puissent s’approprier les structures et infrastructures et s’identifier ainsi à leur environnement. C’est justement là qu'intervient l’architecte, véritable compositeur qui se doit de concilier des enjeux à la fois économiques, politiques, sécuritaires, environnementaux, sociaux et psychologiques tout en collaborant avec une variété d’acteurs pour essayer d’aboutir à un équilibre. Un équilibre qui n’est pas si facile à cerner, car dans le monde réel l’équation implique des variables et des leviers subjectifs.



L’équilibre n’est pas une équation simple avec un résultat clair et un processus d’idéalisation directe. Il implique une mûre réflexion, une sensibilité à la condition humaine, une lecture historique, une compréhension de l’environnement et une vision sur le contexte politique et économique. Hors, en Algérie le constat est malheureusement dur: commençant par le citoyen lambda qui se plaint de la “mocheté” et inadéquation du cadre bâtis. Ce citoyen semble ne pas être satisfait de son environnement, c’est peut-être la raison qui le pousse à ne pas s’investir dans son quartier et sa ville ? à partir en vacance ailleurs ? à remodeler sa maison sur un modèle importé ? il est à la fois une partie du problème par l’anarchie qu’on constate dans l'auto-construction et de la solution par ses aspirations.



Ensuite vient le politique qui a longtemps favorisé la quantité au détriment de la qualité en réponse à la pression démographique importante et les moyens économiques limités. à travers une approche à la problématique de l’habitat traduite essentiellement par le logement social, sans impliquer d’une façon plus concrète le secteur privé dans des formules plus adaptées à l'ensemble des tranches de la société. L’absence d’une dynamique ou bien le manque d’actions en terme de gouvernance du patrimoine foncier aggrave la situation, car on se retrouve face à un parcellaire de piètre qualité caractérisé par des mégas îlots disloqués et clôturés abritant le logement collectif en mitoyenneté à des lotissements de logements individuels nés des années lotissements des années 90’s beaucoup trop compacte et démunis d’équipement et infrastructure nécessaires à l’activité économique qu’ils accueillent aujourd'hui (Hamiz, El Djorf…).



Le côté sociétal impacte également d’une façon importante notre vécu. En effet la société algérienne semble avoir perdu une partie de ses repères identitaires et se retrouve à imiter des modèles tantôt occidentaux dans une ère de globalisation, tantôt orientales en cherchant à s'accrocher à des idéaux de culture proches mais pas similaires. Notre société semble oublier une partie de son passé, de ses références et de son identités face aux bombardement constant des Médias et réseaux sociaux à travers les films américains, les séries turques et les programmes originaires du pays du golfe.



Un autre facteur qui aggrave la situation réside dans le fait que les modèles de vie en commun au sien de la grande famille s’estompe peu à peu face à l’individualisme qu'impose la modernité. Ceci se traduit également par des litiges au niveau de la justice en rapport avec l’héritage, ces litiges ont contribué au désordre urbain par des formes de parcellaires quelconque et la difficulté à gérer les actes de propriétés dans le cadre de l’indivision. Ces problèmes retardent la concrétisation des projets et le renouvellement urbain du tissu de nos villes.



Vient ensuite la responsabilité des professionnels du secteur du bâtiment, à savoir les architectes, Bureau d’étude ( BET ), ingénieurs, promoteurs, entrepreneurs et organismes de contrôle qui doivent créer une rupture avec les pratiques actuelles et se focaliser sur la recherche de la qualité. D’abord, le promoteur se focalise trop sur la rentabilité (peut-être en réponse au prix exorbitant du foncier) et devra opter pour une approche plus durable en cherchant la qualité qui fera de lui un homme d’affaire plus fort dans le temps. Les entrepreneurs qui intègrent de la manœuvre peu qualifiée et qui ne cherchent pas à investir et à former cette main d’œuvre. Les organismes de contrôle parfois trop rigides et dépassés par le manque d’effectif et de moyens. Sans oublier les ingénieurs qui portent la responsabilité d’assurer l'efficacité des constructions et la sécurité des usagers, et qui ont besoin de se structurer en cabinets d’ingénierie et bureaux d’étude techniques pluridisciplinaires intégrées pour mieux prendre en charge les besoins du secteur.



Enfin, la question de l’architecture en Algérie et du rôle crucial de l’architecte algérien, chef d'orchestre qui doit sensibiliser sur la nécessité de son intervention dans l’acte de bâtir. Il devra donner l’exemple en s’assurant de la qualité des projets qu’il maîtrise et en adoptant un véritable processus d’idéalisation et de réflexion pour toucher l'essence même des difficultés que rencontre le secteur. L’Architecte en Algérie peine parfois à trouver sa place car le public ne comprendre pas son rôle du fait que ce dernier n’arrive pas à distinguer la différence entre un projet dessiné par certains pseudos architectes parasitaires qui stigmatisent ce métier et l’auto-construction faite par un maçon. Notre corporation doit assainir le métier des “commerçants” de l’architecture et de leur médiocrité et nous devons collectivement rechercher une identité un équilibre et une variété pour un cadre de vie meilleur.



Nous devons également sensibiliser et enrichir les références et vocabulaires de nos concitoyens et responsables pour leur octroyer un regard critique capable de distinguer les gains en intégrant un architecte concrètement dans leurs projets. Il faudra en même temps assurer la bonne formation de nos futurs architectes et s'éloigner du souci quantitatif au profit d’une approche qualitative qui fera des générations futurs d’architectes de véritable acteurs pour un impact positif plus profond sur nos villes et quartiers.



En conclusion, j'ai opté pour le slogan : Pour une architecture d’équilibre, me semble refléter la réalité des problématiques que je rencontre sur le terrain, et l’enjeu crucial que je vis à travers chaque projet et chaque jour de mon exercice de ce métier passionnant ou art et technique, passé et future, forme et fonction, identité et modernité, intégration et originalité, simplicité et sophistication, budget et temps composent pour exprimer avec beauté un besoin et vivre un espace.

https://kmz-architecture.com/


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