Algérie

Satisfecit officiel contre désespoir chez les étudiants et enseignants de Constantine



La rentrée universitaire approche et avec elle le spectre des troubles qui, désormais, accompagnent traditionnellement le rendez-vous au sein des structures universitaires à Constantine. Constantine. De notre bureau Le flux impressionnant, enregistré à chaque fois, augmente chaque année, mettant à mal le dispositif d'organisation et les structures d'accueil qui s'avèrent insuffisantes, d'où la tension inévitable et la montée au créneau des organisations estudiantines.Pour la rentrée 2008-2009, le rectorat de l'université Mentouri prévoit environ 16 000 nouveaux inscrits dont 11 000 que pour le système LMD. Un chiffre qui ne fait pas peur au recteur, Abdelhamid Djakoun, qui déclarait il y a plus d'un mois que l'établissement dont il a la gestion n'a pas de problème d'encadrement ni de places pédagogiques, si ce n'est l'augmentation du flux des bacheliers des autres wilayas vers l'université de Constantine, notamment ceux de Mila et d'Oum El Bouaghi. La réception, selon lui, de nouvelles places pédagogiques, notamment à la nouvelle ville Ali Mendjeli, devrait desserrer l'étau sur ce plan. Mais y aura-t-il pour autant moins de pression sur l'université ' Les conditions d'accueil sont loin d'être le seul abcès de fixation d'une université qui va mal depuis des années. La réforme introduite, essentiellement avec le système LMD, semble susciter davantage d'accablement moral au sein des troupes qu'elle ne génère d'espoir. Et à l'évocation de ce sujet, les critiques fusent. C'est l'avis de Rachida Assabaâ, enseignante de biologie et ex-membre du Cnes, qui déplore la non-implication des enseignants dans la confection des réformes. « A chaque fois, on affirme en haut que la chose a été exposée à la base, mais en vérité les enseignants qui pouvaient faire quelque chose d'intéressant ont été écartés dès le départ.Les programmes sont élaborés trop vite, dans l'opacité et souvent ce sont les plus proches de l'administration, des opportunistes, qui se greffent aux projets, qui les accaparent. » Résultat : « Ce sont des programmes incohérents et trop volumineux qui n'ont fait qu'enfoncer le clou de la régression et ce sont les étudiants qui s'en plaignent les premiers, constatant la baisse de leur niveau par rapport à celui des étudiants du système classique, notamment dans les filières des langues et des sciences humaines », considère-t-elle. Même constat chez Adel Abderrazak, enseignant d'économie, parti exercer au centre universitaire de Khenchela depuis quelques années que l'université de Constantine est saignée par le départ de ses meilleurs éléments. Selon lui, « on est en train de dépasser le million d'étudiants alors que la réforme LMD n'est que du copier-coller, soit une formation qui ne règle ni le problème de profil de formation ni celui de la politique pédagogique. Elle sert uniquement à gérer les flux impressionnants d'étudiants puisque la limitation du premier cycle à trois ans permet d'absorber ces flux. D'ailleurs, dans les bilans réels du LMD, y compris ceux du ministère, on reconnaît que cela fonctionne mal et qu'il n'y a pas de visibilité de l'avenir ». Par ailleurs, ajoute Adel, la création des trois pôles d'excellence au niveau des lycées conduit à un système universitaire où 0,05% ont la chance d'être préparés à un enseignement supérieur, alors que le reste est maintenu dans une formation fondée sur le bricolage et la gestion au jour le jour. La question de l'encadrement est tout aussi sensible, car « on ne peut construire l'université avec un déficit de 20 000 enseignants. Les pouvoirs publics ont préféré jouer sur les heures supplémentaires, les vacations et les professeurs associés au lieu d'aborder le problème par un recrutement massif et tous azimuts », soutient notre interlocuteur, qui conclut en avançant que tout ce dispositif doit être mûrement réfléchi en associant les enseignants-chercheurs dans la prise de décision. Et de ce côté-là on ne peut occulter, dit-il, la question sociale, c'est-à-dire la grille des salaires et l'évolution de carrière des enseignants.


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