Algérie

Sarkozy veut régner sur la Méditerranée



Après le silence des premiers jours, c'est aujourd'hui la cacophonie pour le projet de l'UPM. Tout a commencé, en fait, par cette idée, lancée en février 2007 à Toulon par celui qui était alors le candidat de la droite aux élections présidentielles françaises et qui a fait du chemin. Une année et demie après la sortie «lumineuse» de Sarko en pleine bataille électorale contre les socialistes mal rangés derrière Ségolène Royal, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et ceux du pourtour méditerranéen vont signer dimanche à Paris l'acte de naissance de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Un acte de naissance qui aura laissé bien des convictions politiques européennes autant de Sarkozy que d'autres leaders au placard.

D'abord, il a fait machine arrière devant le «Mur de Berlin» quand il avait annoncé que cette UPM devait avoir comme pivot la Turquie, une idée sadique qui, transcrite, signifiait un «Non» catégorique pour l'adhésion d'Ankara à l'Union européenne. Ensuite, devant les naïvetés politiques d'un président français qui voulait devenir vite le «Géant» de l'UE et Paris un passage incontournable dans les questions méditerranéennes sensibles, Angela Merkel, la chancelière allemande, lui a fait comprendre qu'il devait tempérer ses ardeurs. Avec l'Autriche notamment, Berlin a imposé l'entrée dans le projet de l'UPM des autres pays européens, et non pas seulement ceux de la Mare Nostrum. Car elle avait bougrement raison: si Sarkozy tenait vraiment à son UPM sans les autres pays membres de l'UE, rien n'empêcherait ceux-ci de créer leur propre union, à l'image de celle de la Mer Baltique au sein de laquelle la France n'est que membre observateur. Finalement, tous les Européens vont faire partie de cette UPM, ainsi que tous les pays méditerranéens, à l'exception de la Libye, qui a refusé clairement d'y adhérer.

Dimanche, Nicolas Sarkozy devrait savourer une victoire particulière: mettre dans le même sac les Israéliens et les pays de la ligne arabe dure contre l'Etat hébreu, et, surtout, côte à côte les frères ennemis syriens et égyptiens. D'autant que Hosni Moubarak est parti pour coprésider une UPM dont le siège de son secrétariat général est l'enjeu d'une sourde bataille entre l'Espagne, la Tunisie et le Maroc. Madrid, qui s'est vu reléguer au second plan dans ce projet après le monumental couac du processus de Barcelone, trop politisé selon Paris, ferraille dur pour enlever à Tunis et Rabat la guerre du siège du SG de l'UPM. Miguel Angel Moratinos, le sherpa du gouvernement socialiste espagnol, a terminé vendredi à Oujda (Est du Maroc) une tournée maghrébine rien que pour discuter «du bien-fondé» de l'UPM et de la proposition de Barcelone pour abriter le siège du SG de cette Union.

L'idée de l'UPM étant devenue projet, reste maintenant la question de l'épaisseur que prendra le futur partenariat au sein de ce vaste ensemble qui rassemble une grande diversité de cultures, de populations et cristallise de grands enjeux politiques pour les prochaines générations. L'Union pourra-t-elle imposer la paix en Palestine et stopper l'agression israélienne et la colonisation juive dans les territoires occupés palestiniens, ou accélérer la décolonisation au Sahara Occidental ? Sera-t-elle une autre organisation politique régionale de plus ? C'est dans la manière dont seront traitées ces questions particulières que dépendra l'avenir d'un projet «Génération spontanée», typique au Sarkocisme le plus débridé. Et puis, cette UPM va voir le jour sans qu'il y ait vraiment de projets concrets. L'espoir, dit-on, fait rêver. L'UPM de Sarkozy en est un.

Dans l'intervalle, tous les problèmes de fond, ceux qui n'ont pu être réglés par le processus de Barcelone ont été envoyés, depuis le 27 février 2007, à la poubelle politique d'une vaste région euro-méditerranéenne. Sarkozy, a-t-il vraiment les yeux trop grands que son ventre pour vouloir croquer aussi facilement toute une région, une année et demie après être devenu «Roi de France» ?





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