Algérie

Sarkozy met sur un pied d'égalité opprimés et oppresseurs: Drague électorale chez les harkis et les pieds-noirs



Les éventuelles cérémonies bilatérales entre la France et l'Algérie pour marquer les accords d'Evian ont été reportées au second semestre en raison des échéances électorales des deux côtés de la Méditerranée, selon le Quai d'Orsay cité par le journal Le Monde. On ne sait pas si «d'éventuelles» commémorations bilatérales étaient prévues mais le contexte électoral est tout sauf propice à de telles commémorations. Et encore moins à la «modération» suggérée par M. Alain Juppé. Nicolas Sarkozy en course effrénée pour reprendre des voix à l'extrême-droite était, hier vendredi, à Nice pour tenter de draguer, une fois de plus, les pieds-noirs, les nostAlgériques et les harkis dont le penchant pour le Front national n'a rien d'un secret. D'autant que les organisations de pieds-noirs et de harkis, réservoir électoral, s'estiment flouées par Sarkozy et l'accusent de ne pas avoir tenu ses promesses électorales faites en 2007. Il faut donc refaire la drague et flatter, dans le sens du poil, un électorat de «rapatriés» qui représenteraient, selon une étude, 2,7% de la population française et 1,2 million d'électeurs. Et si l'on tient compte des ascendances, ce chiffre est passé à 7,3% de la population, soit 3,2 millions d'électeurs. L'enjeu électoral est évident. Et M. Sarkozy, qui avait déjà donné le ton dans un entretien au journal Nice Matin, a déclaré que la République française doit demander pardon aux harkis.

PARDON AUX HARKIS, PAS A L'ALGERIE

«Pour que vous puissiez pardonner, la République doit reconnaître qu'il y a eu une forme d'injustice, d'abandon. C'est fait. La République doit vous demander pardon.» Il est évident que le «parcage» dans des camps des supplétifs arabes de l'armée française n'honore pas l'Etat français et traduit, sur le fond, l'idée peu reluisante que ses représentants se faisaient d'eux. «Les autorités française ne se sont pas bien comportées à l'endroit de ceux qu'elles auraient dû protéger.» Bref, une affaire franco-française… qui débouche, nécessairement, sur le péché mignon très français qui consiste à écrire l'histoire pour les autres. Il en est ainsi de la désignation, vague et imprécise - comment nommer l'OAS quand on veut brouter sur le terrain des nostalgiques de l'Algérie française -, des «forces extrémistes» qui n'ont pas respecté les accords d'Evian, contraignant les pieds-noirs au retour. «La valise ou le cercueil» a lancé Sarkozy reprenant le titre d'un film à la gloire de l'Algérie française et où le combat pour l'indépendance est présenté comme commandité du Caire. La formule était de l'OAS et l'on tente de l'imputer au FLN. Nicolas Sarkozy n'entend pas accepter l'idée de repentance, cela n'est pas nouveau. Mais il est clairement dans la justification. «La guerre d'Algérie a été menée par une démocratie, la France. Le contingent a été envoyé par une République».

NEGATIONNISME

Et surtout, quand on met sur le même pied d'égalité l'oppresseur et l'opprimé, on entre dans ce fameux négationnisme que le gouvernement français prétendait traquer jusque dans l'histoire des Turcs et des Arméniens. Ainsi, selon Sarkozy, la «guerre d'Algérie a été une guerre fratricide (...) une guerre civile… De chaque côté, il y a eu des crimes. De chaque côté, il y a eu des vices». Aussi simple ! Comme si un Etat «démocratique» et son parlement n'avaient pas donné les pleins pouvoirs à une armée pour massacrer et torturer à grande échelle. Le ton avait été déjà donné dans l'entretien de Nice Matin : «Les opérations militaires qui ont été menées par la France en Algérie qui, je le rappelle, appartenait alors au territoire national, ont été engagées par la République française et conduites sous l'autorité de gouvernements légitimes et démocratiquement élus. Il y a eu des abus. Des atrocités ont été commises de part et d'autre. Ces abus, ces atrocités ont été et doivent être condamnés, mais la France ne peut pas se repentir d'avoir conduit cette guerre». Cette manière de mettre sur le pied d'égalité un mouvement de libération et une armée d'occupation montre à quel point la France n'est pas prête à «regarder son histoire en face». Il n'y a décidemment pas matière à des «cérémonies bilatérales».




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