Algérie

Sarkozy joue la carte marocaine alliée au wahhabisme



Paralysé par les querelles entre ses composantes, le Conseil français du culte musulman (CFCM), version Boubakeur, n’avait pas réussi à s’imposer comme l’instance de l’islam de France et la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP) a, en outre, boycotté le scrutin au motif qu’il privilégiait la coalition UOF-RMF avec son système de voix distribuées en fonction de “la surface des salles de prières”.
 
Le successeur de Dalil Boubakeur, actuel président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et recteur de la mosquée de Paris, sera probablement Mohamed Moussaoui dont l’association, le Rassemblement des musulmans de France (RMF), vient de remporter les élections destinées à renouveler cette instance.
C’est un imam marocain boosté par la puissante Union des organisations islamiques de France (UOIF) des Frères musulmans, laquelle n’avait pas présenté de candidats pour ne pas effaroucher les Français qui l’accusent de n’être que le porte-parole de l’islam wahhabite. L’UOIF croule, en effet, sous les dons qui lui parviennent du Moyen-Orient. Paralysé par les querelles entre ses composantes, le CFCM, version Boubakeur, n’avait pas réussi à s’imposer comme l’instance de l’islam de France et la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP) a, en outre, boycotté le scrutin au motif qu’il privilégiait la coalition UOF-RMF avec son système de voix distribuées en fonction de “la surface des salles de prières” (!). Une disposition inédite, prise par le président français, Nicolas Sarkozy, lorsqu’il était ministre des Cultes. Le RMF, qui succédera à la FNGMP, a donc remporté, dimanche 8 juin, les élections pour le renouvellement des instances du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui avaient été boycottées par la tendance Dalil Boubakeur, proche d’une Algérie qui, apparemment, n’aurait pas mis tous les moyens indispensables à son rayonnement. Le RMF a obtenu 43,2% des suffrages, devant des candidats “indépendants” soutenus également par l’UOIF, et les musulmans turcs. 4 666 délégués étaient inscrits pour ce vote et la participation a été de 81%.
Il s'agissait d'élire les 25 conseils régionaux du culte musulman qui, à leur tour, vont élire le bureau exécutif et le président du CFCM le 22 juin. Le Rassemblement prend ses ordres du ministère des Habous et des Affaires islamiques du Maroc et chez les wahhabites pour alimenter ses caisses. L’ambassade du Maroc à Paris devait soutenir activement son poulain pendant la campagne électorale, en position favorable pour remporter le poste de président du CFCM. Pour effacer les pistes, Mohamed Moussaoui promet de normaliser le CFCM en s'attaquant aux problèmes que doit affronter la deuxième religion de France et ses 5 millions de fidèles, comme la formation des imams, la construction de nouvelles mosquées et l'organisation des pèlerinages à La Mecque. Des problèmes nés, en réalité, de dissensions alimentées au sein du CFCM pour justement exclure l’Algérie.
“C'est un nouveau départ”, a déclaré Haydar Demiryurek, le responsable du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), qui occupait le poste de coordinateur au sein du CFCM Boubakeur ! Le CFCM était paralysé, depuis sa création en 2003, par des manœuvres contre son président Dalil Boubakeur, que ses détracteurs accusaient d’avoir été mis à la tête de l’institution par le ministre de l'Intérieur français. Si c’est le cas, il faudra alors se demander pourquoi Sarkozy n’est pas intervenu cette fois-ci ?
Pourtant, la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, même si elle n'occupe que 15% de la surface cultuelle en France, elle se présente toujours comme l'organisation musulmane la plus ancienne et la mieux établie.


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