Algérie

Saoudiens et Russes déterrent la hache de guerre



Dans un contexte de crise économique et sanitaire sans précédent, où les gros acheteurs de pétrole ne courent pas les rues, les raffineries de Chine offrent des débouchés importants pour le brut de Russie et d'Arabie saoudite. Les deux pays se livrent une guerre acharnée pour les approvisionner.Le royaume saoudien reste le principal fournisseur du pays, mais il a commencé à perdre du terrain face à une Russie très offensive sur le marché asiatique. Les deux pays y écoulent leur pétrole bon marché, quoiqu'en quantités de moins en moins importantes comme on le voit dans des chiffres récents, concernant le premier trimestre 2020, publiés par Energy Intelligence, une agence spécialisée dans l'information énergétique.
Ainsi, les importations chinoises de brut saoudien ont chuté de "1,6% pour atteindre 1,71 million de barils par jour en mars, alors que les exportations de brut russe ont augmenté de 31% pour atteindre 1,66 million de barils par jour", permettant à la Russie de réduire considérablement l'écart qui la sépare de l'Arabie saoudite.
Un bémol cependant : les raffineurs chinois, sous l'effet de la crise sanitaire, ont cessé d'être boulimiques, réduisant leurs capacités de raffinage "jusqu'à 3,3 millions de barils par jour". Ils ont par conséquent invité leurs fournisseurs en brut (Saoudiens et Russes) à "diminuer" leurs exportations. Mais la Russie ne semblait pas résignée à l'idée qu'il irait perdre des parts de marché en Chine, faisant jouer la carte de la géographie économique.
Selon Energy Intelligence, "le brut russe de Sibérie orientale et de l'océan Pacifique, qui se négocie sur le marché au comptant et peut être expédié en quelques jours de la Russie à la province du Shandong ? qui abrite la moitié des raffineries du pays ? suscite toujours un intérêt croissant en Chine".
Toutefois, rien n'est encore définitivement acquis et il faut du temps pour que la Russie retrouve un rythme d'exportation stable et soutenu en direction de la Chine, même s'il y a un air d'optimisme dans le pays le plus peuplé du monde du fait que l'activité économique y a repris et que la demande pétrolière y a commencé doucement à sortir de sa torpeur.
John Plassard, consultant pour Mirabaud Securities chez Cambridge Securities, estime dans une note d'analyse que "le pire était peut-être derrière nous avec le redémarrage de l'industrie en Chine ? premier consommateur et importateur de pétrole au monde avec 14 millions de barils par jour (près de 15% de la consommation mondiale)".
Stratégiste en chef du marché asiatique chez JP Morgan Asset Management, Taj Hui considère, lui, que "l'évaporation" de la demande induite par le Covid-19 va maintenir le marché "sous pression". Même si les mesures de confinement s'assouplissent dans les prochaines semaines, "le monde va être inondé de pétrole pendant un certain temps", ajoute-t-il.
Et de relever que le taux d'utilisation des capacités de stockage à Cushing ? la plaque tournante (hub et dépôt pétrolier) du marché américain située en Oklahoma ? est passé "de 50% au début du mois de mars à 72% au 10 avril". "À ce rythme, poursuit-il, les réservoirs de Cushing seront pleins à la mi-mai."

Youcef SALAMI


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