Algérie - Revue de Presse


Déjà, en 1952, date de sa parution, le roman d'Ernest Hemingway, Le Vieil Homme et la Mer avait tenté les cinéastes et les grands comédiens, et pour cause. Humphrey Bogart, grande vedette de l'époque, se voyant à l'écran dans la peau du personnage principal, ne réussit pas à acquérir les droits de ce roman mythique. Depuis, et par trois fois, Santiago, le vieux pêcheur cubain, superbement campé par Hemingway dans un style staccato inégalé, fit son chemin vers le grand écran. En 1958, l'exubérant Spencer Tracy (1900-1967) l'incarna dans un long métrage réalisé par John Sturges. Or, ce texte, en dépit de son apparente simplicité, ne pouvait que provoquer l'émoi d'un autre grand comédien. Ainsi donc, en 1990, ce fut au tour d'Anthony Quinn (1915-2001), cet artiste à géométrie variable pour ainsi dire, de se mettre dans la peau de l'indomptable Santiago dans une version télévisuelle quelque peu gonflée. Le metteur en scène et la compagnie productrice du film avaient jugé bon de faire quelques rajouts qui, en vérité, n'ont rien ajouté au côté dramatique et à l'ossature générale du roman tel qu'il a été écrit par Hemingway.Santiago a connu une toute autre destinée grâce au grand artiste et réalisateur de films animés, le Russe Alexander Petrov. Pas moins de 29.000 peintures ont été exécutées par cet artiste génial sur des plaques de verre. Ce travail titanesque a duré plus de deux ans et demi, et le résultat demeure à ce jour inégalé dans l'histoire du cinéma mondial. Un chromatisme surpassant toutes les réalisations dans ce genre depuis les années trente, c'est-à-dire, depuis les débuts de Walt Disney, des mouvements marins avec un rendu de détails rappelant les grandes réalisations picturales depuis la Renaissance et, bien sûr, le côté psychologique de Santiago au moment où il capture son gros poisson et les soubresauts de celui-ci pour échapper à son destin fatal. Si Hemingway, tel qu'on le rapporte dans l'histoire du cinéma, avait eu une prise de bec avec Spencer Tracy durant le tournage en 1958, il est fort à parier que l'adaptation animée faite par Alexandre Petrov aurait fait son bonheur. En effet, le rendu dramatique de ce roman, dans cette réalisation précisément, fait transparaître fortement Hemingway le romancier, Hemingway le pêcheur cubain et Hemingway, l'homme dans sa véritable dimension.Alexandre Petrov, donnant naissance à une nouvelle technique picturale, a fait usage du bout de ses doigts en guise de pinceaux afin de concrétiser « une espèce de rêve qui le fit se rapprocher de la technique de Rembrandt ». En 1990, son film animé, La Vache, a été nominé pour l'Oscar, son deuxième film, L'Homme ridicule, l'a également été en 1998. La seule note discordante dans toute cette panoplie de séquences plus que saisissantes, il faut le reconnaître, est que l'enfant Manuel, qui suit Santiago comme son ombre, fait, au début du film, beaucoup plus nordique que cubain. On y voit un enfant rêveur, endossant une tenue de mousse, prêt à faire l'apprentissage du métier de marin plutôt qu'un enfant démuni, à l'avenir incertain, comme cela fut le cas pour les enfants cubains en ce début des années cinquante. Il y a lieu quand même de s'interroger si Santiago le Cubain continuera à tenter le monde du cinéma. L'avenir nous le dira.toyour1@yahoo.fr


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