L'intersyndicale des syndicats autonomes de la santé représentée par le
SNPSP et le SNPSSP a rejeté l'invitation du ministre de la Santé, de la
Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, pour une réunion de
conciliation les 12 et 13 avril en cours. Les présidents de ces syndicats que
nous avons contactés hier par téléphone sont catégoriques : « Nous avons décidé
de boycotter le ministère de la Santé et tout contact avec celui-ci ne se fera
que sur la base de notre plate-forme de revendications ». Le ministre avait
déclaré mercredi dernier en marge de la célébration de la journée mondiale de
la santé au niveau de l'Institut national de la santé publique (INSP) que «le
ministère reprendra le dialogue avec le syndicat national des praticiens de la
santé publique (SNPSP) et le syndicat national des praticiens spécialistes de
la santé publique (SNPSSP)» en ajoutant que «ces deux syndicats avaient reçu
des convocations du ministère pour revenir à l'option du dialogue et trouver
des solutions aux revendications en suspens».
Le Dr Yousfi, président du
SNPSSP, dit sur un ton dépité que «dans l'invitation qui nous a été destinée,
il a établi un ordre du jour très explicite sans aucune chance de débattre de
nos problèmes. Il a stipulé clairement que les discussions tourneraient autour
du régime indemnitaire tel que rendu public, il veut nous forcer la main à
accepter le fait accompli». Même son de cloche du côté du Dr Merabet, président
du SNPSP : «Notre position est claire, s'il veut qu'on discute de la
plate-forme de revendications dont les points sont la révision du régime
indemnitaire, le droit au logement, l'application de la réglementation
concernant le week-end, là nous sommes prêts à dialoguer, sinon, on ne voit pas
l'intérêt de ces réunions qui ne sont pour nous que des réunions alibi».
S'agissant de la pénurie de
vaccins destinés aux enfants dans le cadre du programme de prévention, et
notamment du Tetra qui prévient contre la coqueluche, la diphtérie, le tétanos
et la polio ainsi que le HIB préconisé dans le traitement de l'hémophélius B,
les deux responsables syndicaux qui en ont fait état lors d'une conférence de
presse animée la semaine dernière, réitèrent l'information en insistant sur sa
gravité. Le Dr Yousfi ironise en disant «c'est pas le ministre qui est sur le
terrain ou ses proches collaborateurs, c'est nous qui sommes confrontés à la
réalité et ce n'est pas en niant le problème qu'on va le régler». Le Dr
Merabet, quant à lui, s'étonne «de l'attitude du ministre qui est en total
déphasage avec la réalité, l'indisponibilité de vaccins pour enfants sévit
depuis presque quatre mois et il ne fait que nier l'évidence».
Concernant la nouvelle circulaire
émise par le ministère de la Santé le 31 mars dernier et adressée à tous les
établissements publics et privés relative à l'activité lucrative des chefs de
service ainsi que les chefs d'unité, dénoncée par les deux syndicats et dans
laquelle il est noté que «les praticiens hospitalo-universitaires et les
praticiens spécialistes de santé publique y compris ceux occupant les postes de
chef de service et de chef d'unité sont autorisés à exercer dans les structures
privées une activité lucrative les week-ends et les jours fériés. Les fonctions
de chef de service et de chef d'unité n'ouvrent droit qu'à l'activité
lucrative», nos interlocuteurs persistent et signent. Ils n'y voient en cette
circulaire qu'«un moyen détourné pour encourager le secteur privé sous la
pression de certains lobbys».
Pour le Dr Merabet, «avec cette
circulaire la boucle est bouclée, on signe la mort de la santé publique parce
qu'elle permet aux cliniques privées de vivre sur son dos, les patients vont
être détournés vers ces cliniques privées pour se faire opérer à des prix
faramineux que la sécurité sociale ne rembourse qu'à un niveau dérisoire». Le
Dr Yousfi ajoute que « le ministre a piétiné le décret présidentiel de 2002 qui
interdit ces pratiques, le poste de responsabilité de chef de service et de
chef d'unité implique, c'est spécifié, dans ledit texte, le renoncement à
l'activité complémentaire ou lucrative, c'est du pareil au même, en
contrepartie d'une indemnité». Le ministre avait déclaré en commentant la
circulaire que «nous sommes des facilitateurs».
Par ailleurs, les deux syndicats
envisagent d'organiser un sit-in devant le CHU Mustapha Bacha le 17 du mois en
cours.
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Posté Le : 10/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moufida R
Source : www.lequotidien-oran.com