Algérie

Santé: Les médecins résidents en grève illimitée


Il y avait, hier, dimanche, au CHU Frantz Fanon de Blida comme un air de dépit, mais également de profonde colère. Le calme apparent qui y régnait, en fin d'après-midi, expliquait pour beaucoup l'entrée en grève illimitée des médecins résidents, mécontents que les revendications de la corporation n'aient pas été entendues et prises en charge par le ministre de la Santé, le Pr Mokhtar Hezbellaoui. «Nous ne sommes pas vraiment considérés par la tutelle», nous explique une jeune résidente en psychiatrie. «Quand on demande une couverture sociale, on nous dit que nous ne sommes pas encore salariés. Mais, quand on s'absente, on nous tape sur les doigts», explique-t-elle, énumérant la liste des revendications des médecins résidents, en particulier le problème de la prise en charge, dans le sud du pays et, surtout, le service civil, en plus du service militaire pour les hommes. «Demain, il y aura ici un regroupement des résidents des hôpitaux de Douera (Alger) et de Sidi Ghiles (Tipaza)», indique-t-elle, encore, au ‘Quotidien d'Oran'. Le CHU Frantz Fanon de Blida regroupe plusieurs secteurs sanitaires des wilayas limitrophes, dont celles de Chlef, Médéa, Djelfa et Ain Defla.A Alger, la grève a été, encore, plus dure dans plusieurs structures hospitalières, notamment au CHU Mustapha Bacha et à Ben Aknoun, a-t-on appris. Selon un membre du bureau national du Collectif autonome des Médecins résidents algériens (Camra), Taileb Mohamed, le mouvement de grève a été ‘général et illimité', et a concerné autant les résidents en Médecine, que ceux de Chirurgie dentaire et de Pharmacie. La grève est nationale et illimitée, a-t-il précisé, dans des déclarations à la presse, un débrayage décidé pour répondre à «l'absence de dialogue de la part du ministère de la Santé.» En fait, la grogne des médecins résidents couve depuis plus d'un mois, avec l'organisation de grèves de deux jours tournantes, mais, apparemment, qui n'ont pas ouvert la voie à un dialogue serein et concluant.
Car la rencontre organisée avec le ministre, à la fin du mois de novembre, s'est terminée sans résultats probants, en particulier sur le dossier du service civil. Un membre du Camra de Tizi Ouzou, cité par la presse, a indiqué que «la grève illimitée, entamée aujourd'hui, est une réaction à l'interruption du dialogue de la part du ministère de la Santé et à la non-satisfaction des revendications des médecins résidents.» Par ailleurs, la «protesta» des médecins résidents s'est élargie aux pharmaciens et dentistes résidents, qui ont rejoint le mouvement. Dès lors, la liste des revendications s'est élargie, avec, pour les pharmaciens, en plus de la revendication commune de ne pas être exclus des dispenses du Service national, le refus d'une disposition du projet de loi de santé sur les modalités de création de laboratoires d'analyses médicales.
La semaine dernière, le collectif du Camra avait, également, organisé trois journées de grève. Mais, à l'issue de ce débrayage et face au silence du ministère quant aux revendications du mouvement, le Camra a mis, hier, à exécution sa menace d'enclencher une grève générale nationale et illimitée. Dans un communiqué rendu public, la semaine dernière, le Camra a informé tous les résidents en Sciences médicales que «si jamais il n'y a pas de réponse favorable aux doléances exprimées» après les trois jours de grève des lundi 18, mardi 19 et mercredi 20 décembre, qu'il va recourir à une grève «illimitée, imminente et irrévocable». Les revendications des médecins résidents portent, en particulier, sur le service civil, un statut pour cette catégorie de médecins et la pédagogie. Le Camra suggère, pour le service civil, sa suppression et son remplacement par des mesures incitatives. «C'est important, car quand vous êtes affectés dans une wilaya et que les conditions professionnelles sont déplorables, avec des logements insalubres, vous ne pouvez pas vous concentrer sur votre travail», nous explique cette jeune résidente du CHU ‘Frantz Fanon' de Blida.
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