Rétentions de stocks, ventes concomitantes, discriminations entre officines,
pénuries récurrentes. Le président du Syndicat national des pharmaciens d'officines
(SNAPO), Messaoud Belambri,
dénonce «les pratiques immorales de certains importateurs de médicaments qui
cumulent aussi la fonction de distributeurs du médicament». M. Belambri, qui s'exprimait, jeudi dernier, sur les ondes de
la radio chaîne 3, a
lancé un véritable cri de détresse du secteur du médicament en proie à des
disfonctionnement forts préjudiciables pour la santé publique.
Invité à expliquer les raisons des pénuries récurrentes de certains
médicaments sur le marché national, M. Belambri
indique que les ruptures de stocks concernent 230 médicaments, dont 170 sont
indispensables. C'est le cas, notamment, selon lui, des corticoïdes, de la
pilule contraceptive et des antidouleurs pour les
cancéreux. Depuis au moins trois ans, le marché du médicament est affecté par
des pénuries récurrentes. «Ces pénuries sont dues, explique-t-il, à une
mauvaise gestion dans la chaîne de distribution marquée par la discrimination
exercée par les distributeurs qui sont aussi des importateurs». «Ces derniers
exercent une position dominante et de monopole préjudiciable aux officines et
par ricochet aux malades», poursuit-il. «Les médicaments ne sont pas livrés de
la même façon entre les petites et les grandes officines », déplore M. Belambri, qui fustige des pratiques «immorales» imposées
par les distributeurs, ce qui a induit à un dysfonctionnement du marché
national qui est à l'origine de la pénurie des médicaments. Le président du SNAPO
trouve «urgent de réformer le système d'importation et de distribution». Il
plaide, par ailleurs, en faveur de «l'activation de l'Agence nationale des
produits pharmaceutiques». Le représentant des pharmaciens d'officines réitère
ainsi la proposition de son syndicat visant à mettre fin à ces pénuries et qui
n'est autre que «l'encouragement de la production nationale». «L'Algérie est
capable d'égaler ses voisins (Tunisie et Maroc) qui produisent 80% de leurs
besoins en médicaments», dit-il. «Faut-il pour cela que les autorités
sanitaires mettent le cap sur la formation des compétences en industrie
pharmaceutique, préalable indispensable à tout essor de la production
nationale», plaide-t-il. M. Belambri affirme, dans la
foulée, que le SNAPO avait «demandé l'autorisation de créer des groupements de
pharmacies pour permettre un écoulement plus fluide de la production nationale
et assurer un système de régularisation et de suivi efficace du circuit de
distribution».
Evoquant la disponibilité de l'insuline, il reconnaît l'existence de
«perturbations» et déplore le fait que «la production par SAIDAL de l'insuline
n'a pas reçu l'aide nécessaire des pouvoirs publics». L'Algérie importe 70 % de
ses médicaments. Ses importations sont passées de 500 millions de dollars, il y
a dix ans, à 2 milliards de dollars en 2010, selon les douanes algériennes. Le
pays compte interdire à l'importation 800 médicaments en 2012 contre 300
actuellement. Des négociations sont en cours avec des producteurs étrangers
pour produire en Algérie les quantités suffisantes à même de satisfaire les
besoins du pays. Un accord a été signé avec le groupe pharmaceutique français
Sanofi Aventis et des pourparlers sont déclarés comme
«avancés» avec particulièrement des firmes américaines. Enfin, sur un autre
volet, le président du SNAPO révèle qu' «environ 10 000 tonnes de médicaments
périmés sont stockés dans les 8 400 officines pharmaceutiques implantées à
travers le pays». Cette situation est imputable, selon lui, au «manque de
moyens pour les incinérer, ce qui constitue un sérieux problème de pollution de
l'environnement». M. Belambri évoque une insuffisance
criarde en nombre d'incinérateurs. «Il faut au moins un incinérateur par
wilaya», affirme-t-il. Il rassure, toutefois, que ces importantes quantités de
médicaments périmés «ne sont en aucun cas vendues par les pharmaciens».
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Posté Le : 25/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim L
Source : www.lequotidien-oran.com