Sans transition

Beaucoup de fric pour le plus haut minaret d'Afrique d'où le muezzin appellera les moumnine à la prière. « Allahou akbar ». - « Allah ghaleb, l'appareil est en panne. Allez chez le privé, faites-lui une radio, ramenez-la. Nous nous ferons un plaisir de le soigner. Les urgences sont faites pour ça ». Des enfants qui ne peuvent pas se payer une kherja à la mer. Des enfants qui refusent de cramer sous le soleil d'août, piquent une tête dans le jet d'eau à un jet de pierre de la wilaya d'Oran. Un jet d'eau en forme de théière. Voilà un berrad qui est vraiment berrad. Pour une fois, il y a la chose qu'il faut à la place qu'il faut. Après la visite du président de la République qui a inauguré tout ce qui est inaugurable, des milliers de petits drapeaux ont été volés. Des centaines de poteaux en fer ont disparu. Oran s'est réveillé avec la gueule de bois. En tenue débraillée. Le maquillage a fondu. Un maquillage ne masque pas les défauts: il met en valeur ce que vous avez de mieux. Mais on n'avait rien à mettre en valeur, donc c'est sous 14 tonnes de fond de teint qu'on va masquer les rides d'une ville qui n'a plus que les yeux pour pleurer. Dix-huit milliards de dinars, voilà une enveloppe que n'attendait pas la ville d'Oran. Elle va permettre la construction de deux nouveaux hôpitaux et l'amélioration du cadre de vie à Oran. Merci msiou. Au fait, monsieur le ministre de l'Intérieur, en prévision des élections locales de novembre prochain, veut envoyer des lettres recommandées aux non-votants pour vérifier si ces derniers ont changé de résidence. Monsieur le ministre, savez-vous que plusieurs rues à Oran ne portent pas de nom et que les facteurs se perdent dans l'arithmétique des 100 logements, 1200, 3000 et des poussières. Beaucoup de poussière car les routes ne sont pas goudronnées et les facteurs ne peuvent pas accéder aux boîtes aux lettres qui n'existent plus. Une visite fait toujours plaisir: si ce n'est à l'arrivée, c'est au départ !