Algérie

"Sans les Touareg, le terrorisme ne sera pas vaincu au Mali" Hamma Ag Sid-Ahmed, porte-parole du MNLA, au Midi Libre




Hamma Ag Sid-Ahmed, le porte-parole des Touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) , dans un entretien exclusif accordé à notre journal Le Midi Libre que nous dévoilons aujourd'hui aux lecteurs algériens, est revenu avec plus de précisions et de révélations sur tout ce qui se passe au Nord-Mali. Le représentant du MNLA à l'étranger a indiqué que la lutte contre le phénomène du terrorisme au Mali passe tout d'abord par la participation irréprochable et indiscutable des Touareg, car sans le MNLA le terrorisme ne sera en aucun cas vaincu au Mali. Les Touareg sont les seuls maîtres de la région, ils connaissent très bien la région et ils sont des fils natifs de cette terre, explique Hamma Ag Sid Ahmed. Autres importants sujets abordés dans cet entretien : la présence d'Ançar Eddine au Mali et le rôle important de l'Algérie joué dans le Nord-Mali. Selon le représentant du MNLA, des pourparlers très avancés sont faits avec ce mouvement islamiste armé. Des commissions des deux parties, le MNLA et Ançar Eddine, vont se réunir dans les prochains jours dans le but de s'unir contre la grande menace des groupes terroristes. Des terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest qui veulent faire du Sahel en général et du Nord-Mali en particulier un nouvel "Afghanistan", chose que le MNLA refuse. Un refus qui s'est traduit par des affrontements récents à Ménaka, Assongo et d'autres villes maliennes. Devant cette situation chaotique sévissant au Nord traduite par le laisser-aller de l'Etat malien sous l'ère Amadou Toumani Touré, ex-président du Mali, avant le coup d'Etat qui lui a été infligé par des putschistes militaires maliens, les Azawads drainés par le MNLA disent qu'aujourd'hui il existe toujours des parties maliennes qui veulent l'embrasement dans la région. Une partie de ces Maliens toujours au pouvoir veulent que les terroristes anéantissent le MNLA, chose qu'Hamma Ag Sid Ahmed tente, à travers cet entretien, le dévoiler. Voici l'intégralité de l'entretien accordé par le porte-parole du MNLA.
Midi Libre : Le MNLA s'est engagé dans des affrontements armés avec les groupes terroristes, notamment dans la ville d'Ansongo, après des mois de "cessez-le-feu". Pouvez-vous nous expliquer comment se sont déroulés ces accrochages '
Hamma Ag Sid-Ahmed : Comme vous le savez, les affrontements entre MNLA et ces groupes terroristes avaient commencé depuis juin, mais avec moins d'intensité. Ces premiers affrontements n'étaient pas aussi importants. Ces derniers jours des gros moyens ont été utilisés et des officiers touareg de valeur sont mis en avant dans cette lutte contre ces groupes terroristes et ces trafiquants de drogue. Depuis le mois de juillet, les groupes terroristes et trafiquants se préparaient et comptaient mener une offensive contre le MNLA. Cela n'était un secret pour personne. On se rappelle d'une vidéo récente diffusée la première semaine d'octobre pour un public restreint à Gao par un émir terroriste, Omar Ould Hamaha (bras droit de Ben Mokhtar Laouar), où pouvait entendre : «Nous allons vous débarrasser des Touareg, il n'en restera aucun, j'en fais la promesse», dit-il en conclusion en présence de ce petit public trié sur le volet parmi quelques citoyens de Gao.Pourtant ce baron de la drogue est originaire de la famille arabe bérabiche de Tombouctou. Il est rare d'entendre les émirs d'Aqmi tenir un tel discours. En tout pas en public. Est- il celui qui dit ce que les chefs terroristes ne veulent pas dire ou qu'ils ne peuvent pas dire. C'est fort possible. Pour dire que les groupes terroristes savent que les seuls acteurs de la région sur lesquels pourraient s'appuyer un jour l'Algérie et les Occidentaux sont les Touareg pour mener une lutte lente et efficace contre ces groupes terroristes et ces trafiquants de drogue. Pour le MNLA, il s'agit de groupes dont l'objectif est de remettre en cause la présence de ceux qui ont des choses à dire, qui ont des revendications politiques, sociales, culturelles et économiques. Il s'agit pour le MNLA, de groupes orchestrés depuis l'extérieur et qui sont devenus avec le temps une armée de la protection de la drogue et des barons de la drogue. Pour le MNLA, pour les religieux de la région et les notabilités, ces groupes détruisent et détournent les citoyens de la vraie religion musulmane, au lieu de faire passer le vrai message d'un musulman, ils nous créent des mécréants disent certains religieux de la région et tentent de changer toutes nos traditions . D'autres notabilités de la région disent dans les rues : «Nous ne savons plus quel vêtement porter, puisque certains qui viennent de l'étranger tentent de vous choisir votre pantalon à votre place, en vous disant qu'il faut un pantalon court et s'il est long c'est un pèché, n'importe quoi... ». Ils ont su profiter de la pauvreté de la population et le manque de scolarisation de cette population, car rares sont ceux qui ont été à l'école. Alors il est facile de se faire comprendre et de relayer une idéologie nuisible à la société à travers ceux qui ne savent pas lire et écrire, à travers ceux qui n'ont pas mangé hier, ceux-là mêmes qui ne peuvent pas se défendre. C'est dans ces milieux que ces groupes trouvent leur compte. La difficulté qu'ils trouvent et qu'ils continueront à trouver dans ce milieu touareg, une culture forte, alors ils ne changeront pas grand-chose dans ce milieu. Comme dit un jeune combattant touareg qui a fini par quitter AQMI au mois de mars 2012, « j'écoutais leurs discours, je ne comprenais rien. Quand je rentre dans ma famille pour un congé de 3 jours et que j'écoute le religieux de nos campements de Tagoraste, c'est un discours complètement différent, un discours de vie et d'amour, contraire à celui que j'ai l'habitude dans ma katibate. La seule chose qui m'intéressait finalement que je puisse soutirer le maximum d'argent à ces gens et ensuite je rentre à la maison et pourtant je suis resté pendant un an avec eux... ».
Parlez-nous des derniers accrochages qui avaient eu lieu dans la ville de Ménaka entre les combattants du MNLA et les terroristes du Mujao.
Les trafiquants de drogue ont envoyé effectivement des éclaireurs dans la zone de Ménaka le 11 novembre. Ils ont été remarqués par les patrouilles du MNLA dans la même journée. Dans la journée du 12 novembre il y eut des échanges de tirs. Un éclaireur du Mujao a trouvé la mort et dix autres ont été faits prisonniers et relâchés deux jours plus tard puisque ce sont de nouvelles recrues qui agissent par contrainte. Il leur a été dit de rentrer dans leurs familles et d'abandonner les groupes terroristes et dans le cas contraire ils laisseraient leur vie.C'est dans cet esprit que les deux patrouilles du MNLA ont progressé vers les zones d'Ansongo. Le MNLA a engagé les hostilités tôt dans la matinée du 16 novembre. Les groupes terroristes avaient sur place plus de 600 combattants avec des armes lourdes. La majorité de ces combattants sont des nouvelles recrues locales (sonrai, peuls) qui avaient touché des grosses indemnités. Celles qui avaient refusé de se battre, ont été exécutées par les chefs des groupes terroristes. Plusieurs dizaines des recrues ont été exécutées les 16 et 17 novembre. Les combats ont duré toute la journée et le début de soirée du 16 novembre. Le MNLA a déploré 3 blessés graves et 6 légers. Deux voitures MNLA calcinées. Les groupes terroristes ont perdu d'après le chef d'état-major adjoint Machkanani Ag Balla, qui avait foncé sur les groupes terroristes, plus de 50 morts parmi les terroristes et parle aussi de plus de 70 blessés. D'autres terroristes blessés ont été transférés sur la ville de Tombouctou. Ils ne trouvaient plus de place à l'hôpital de Gao. Les combats ont cessé tard dans la nuit. Les groupes terroristes ont fait venir des renforts le lendemain de plus de 450 autres terroristes de leurs nouvelles bases, des nouvelles recrues et quelques uns de Tombouctou.. Les combats devaient se poursuivre dans la journée du 18 novembre. Finalement les combats ont repris encore plus loin, dans la zone de Ménaka le 19 novembre. Les groupes terroristes ont fait venir le maximum des terroristes pour organiser des batailles rangées contre les Touareg. Plus de 300 terroristes, une majorité parmi les nouvelles recrues contre seulement, une sentinelle du MNLA à Ménaka et 32 éléments. Les combats ont duré toute la journée. Lorsque les renforts du MNLA sont arrivés le lendemain, il y a eu des dégâts importants de part et d'autre. Des combats d'une plus grande ampleur en cours dans la zone.
En s'engageant avec courage et détermination à combattre le terrorisme, vous ne pensez pas que le MNLA va se trouver seul face à des ennemis fortement armés '
Le MNLA n'est pas seul, puisqu'il est chez lui et sur la terre de ses ancêtres. Le MNLA n'est pas seul puisqu'il défend une cause juste, la dignité des populations de l'Azawad, pour qu'elles puissent accéder à un avenir meilleur et qu'elles puissent prendre en charge leur devenir. Il est vrai que le MNLA se trouve seul dans la lutte contre le Mujao et affiliés. Il est difficile de comprendre que tous ceux qui luttent contre ce phénomène restent en spectateurs. Il suffit d'un geste concret pour qu'il y ait un retournement de la situation.
Pour le MNLA, il s'agit d'une occupation de son espace territorial. Nous savons fort bien que le Mujao et affiliés n'ont aucune idéologie politique ni religieuse et qu'ils agissent pour la protection de la drogue et pour sa sécurisation dans cette région. Ils savent par ailleurs qu'ils ont des complicités influentes au niveau national. Nous savons que nous nous battons contre un ennemi qui intéresse la communauté internationale, et qui a des comptes à rendre. Une organisation qui possède suffisamment des moyens, qui ne risquent pas de manquer de munitions, ni de carburant et qui peut tenir encore très longtemps. Nous savons aussi que ces groupes terroristes sont soutenus par les trafiquants et en contrepartie ils assurent la sécurisation du passage de la drogue ; ils peuvent acheter et achètent des consciences pour fermer les yeux sur les atrocités qu'ils commettent dans la région et ailleurs. Il faudrait que ces groupes se rendent compte qu'il y a des citoyens, des militants, des combattants politiques hommes et femmes et militaires qui ne veulent plus les voir et qui peuvent leur dire à haute voix qu'ils ne sont pas chez eux et qu'ils doivent partir. Ils ont commis la plus grosse erreur en tentant de s'imposer par la force aux Touareg et de tenter de devenir maîtres des lieux par la force. Les quelques Touareg qui étaient dans leurs rangs pour des raisons pécuniaires mais non idéologiques, vont finir par les abandonner et rejoindre leurs frères pour les combattre.
Il s'agit d'un message à faire passer aux groupes terroristes et à leurs financiers les barons de la drogue qu'il y a des enfants, des notables, des combattants armés et politiques qui ne tiennent plus à cohabiter avec eux. Et pour dire aussi à la communauté internationale que le MNLA est un partenaire fiable dans la lutte contre ces groupes. Certains politiques et militaires à Bamako ont participé à la structuration des terroristes, du transit de la drogue à travers les barons de la drogue qui sont devenus ces dernières années les conseillers politiques et militaires de l'ombre du pouvoir malien. C'est pour cela que nous constatons d'ailleurs que les citoyens de Bamako qui ne connaissent pas les réalités de ces régions, certains politiques et militaires à Bamako applaudissent les actions enregistrées par des terroristes et les trafiquants de drogue, pour dire qu'il est difficile que Bamako lutte contre ces groupes, sauf s'il y a un nettoyage à Bamako auparavant.
Vous ne pensez pas que la facture à payer pour le MNLA sera lourde, d'autant qu'aucun soutien, venu de la part d'Ançar Eddine, n'a été fait jusqu'à présent '
Bien entendu que la facture sera lourde. Une lutte pour la dignité ne se mesure pas au poids des factures. C'est une nécessite pour la survie d'un peuple. Cela fait plus de 50 ans que cette communauté paie la facture de Bamako. Il est temps maintenant pour Bamako de libérer cet espace et de laisser cette population gérer ses affaires politiques, sécuritaires, sociales, culturelles. Concernant Ançaer Eddine, il y a des concertations en cours. Nous savons par ailleurs que des Touareg qui font partie de cette organisation ont rejoint leurs frères qui se battent contre ces trafiquants de drogue depuis quelques jours. Le MNLA ne pourra pas lutter contre une coalition de ces groupes. Le MNLA a engagé des hostilités contre le Mujao et affiliés depuis quelques jours.
Justement, parlons d'Ançar Eddine. Pourriez-vous mieux nous expliquer quelles sont, aujourd'hui, les relations entre le MNLA et ce mouvement islamiste dirigé par Iyad Ag Ghaly'
Il y a une entente pour se retrouver très prochainement sur le terrain. Il s'agit d'amener le groupe d'Ançar Eddine de sortir de la confusion actuelle et de voir comment il pourrait se positionner sur le terrain par des actes concrets par rapport aux autres groupes présents dans la région. Il y a quelques responsables et combattants d'Ançar Eddine qui tentent de sortir, de se démarquer et ils n'attendent qu'une opportunité. Nous verrons jusqu'où ils peuvent aller. Il est prévu que les deux organisations réunissent leurs commissions pour dépasser certaines divergences. Nous verrons dans les semaines qui viennent quelle sera la position concrète du groupe Ançar Eddine par rapport aux groupes terroristes et aux trafiquants de drogue et aussi par rapport aux revendications politiques qui permettraient une stabilité définitive de la région.
Sur un autre registre, cette fois sur le plan diplomatique, comme vous le savez, beaucoup de pays pensent que le moment est venu pour que des négociations soient menées entre le MNLA et l'Etat malien afin de trouver une issue à la situation au Nord-Mali. Pourriez-vous nous donner plus de précisions sur ce sujet '
Bien entendu que le moment est venu d'aller vers des négociations sérieuses avec la participation de la communauté internationale. Le moment est venu depuis hier pour entamer des négociations. Mais pour Bamako, le moment n'est jamais là quand il s'agit de négocier le devenir de cette communauté.
Alger a toujours opté pour le dialogue au conflit MNLA-Etat malien, ce qui ne date pas d'aujourd'hui, même en pleine crise. Les autorités algériennes tiennent toujours à cette option. Qu'en pensez-vous '
Aujourd'hui, c'est le discours de la communauté internationale. La communauté internationale a demandé il y a quelques semaines au pouvoir de transition malien d'entamer le dialogue avec les mouvements non affiliés aux groupes terroristes. C'est la position de l'Algérie, du représentant des Nations unies, de la France et des Etats-Unis, de l'Union européenne et de l'Union africaine. Nous verrons bien comment les choses vont évoluer dans les prochaines semaines. Le Représentant des Nations unies doit réunir début décembre tous les acteurs impliqués dans ce conflit à Rome pour tenter de dégager des propositions de sortie.
Hamma Ag Sid-Ahmed, le porte-parole des Touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) , dans un entretien exclusif accordé à notre journal Le Midi Libre que nous dévoilons aujourd'hui aux lecteurs algériens, est revenu avec plus de précisions et de révélations sur tout ce qui se passe au Nord-Mali. Le représentant du MNLA à l'étranger a indiqué que la lutte contre le phénomène du terrorisme au Mali passe tout d'abord par la participation irréprochable et indiscutable des Touareg, car sans le MNLA le terrorisme ne sera en aucun cas vaincu au Mali. Les Touareg sont les seuls maîtres de la région, ils connaissent très bien la région et ils sont des fils natifs de cette terre, explique Hamma Ag Sid Ahmed. Autres importants sujets abordés dans cet entretien : la présence d'Ançar Eddine au Mali et le rôle important de l'Algérie joué dans le Nord-Mali. Selon le représentant du MNLA, des pourparlers très avancés sont faits avec ce mouvement islamiste armé. Des commissions des deux parties, le MNLA et Ançar Eddine, vont se réunir dans les prochains jours dans le but de s'unir contre la grande menace des groupes terroristes. Des terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest qui veulent faire du Sahel en général et du Nord-Mali en particulier un nouvel "Afghanistan", chose que le MNLA refuse. Un refus qui s'est traduit par des affrontements récents à Ménaka, Assongo et d'autres villes maliennes. Devant cette situation chaotique sévissant au Nord traduite par le laisser-aller de l'Etat malien sous l'ère Amadou Toumani Touré, ex-président du Mali, avant le coup d'Etat qui lui a été infligé par des putschistes militaires maliens, les Azawads drainés par le MNLA disent qu'aujourd'hui il existe toujours des parties maliennes qui veulent l'embrasement dans la région. Une partie de ces Maliens toujours au pouvoir veulent que les terroristes anéantissent le MNLA, chose qu'Hamma Ag Sid Ahmed tente, à travers cet entretien, le dévoiler. Voici l'intégralité de l'entretien accordé par le porte-parole du MNLA.
Midi Libre : Le MNLA s'est engagé dans des affrontements armés avec les groupes terroristes, notamment dans la ville d'Ansongo, après des mois de "cessez-le-feu". Pouvez-vous nous expliquer comment se sont déroulés ces accrochages '
Hamma Ag Sid-Ahmed : Comme vous le savez, les affrontements entre MNLA et ces groupes terroristes avaient commencé depuis juin, mais avec moins d'intensité. Ces premiers affrontements n'étaient pas aussi importants. Ces derniers jours des gros moyens ont été utilisés et des officiers touareg de valeur sont mis en avant dans cette lutte contre ces groupes terroristes et ces trafiquants de drogue. Depuis le mois de juillet, les groupes terroristes et trafiquants se préparaient et comptaient mener une offensive contre le MNLA. Cela n'était un secret pour personne. On se rappelle d'une vidéo récente diffusée la première semaine d'octobre pour un public restreint à Gao par un émir terroriste, Omar Ould Hamaha (bras droit de Ben Mokhtar Laouar), où pouvait entendre : «Nous allons vous débarrasser des Touareg, il n'en restera aucun, j'en fais la promesse», dit-il en conclusion en présence de ce petit public trié sur le volet parmi quelques citoyens de Gao.Pourtant ce baron de la drogue est originaire de la famille arabe bérabiche de Tombouctou. Il est rare d'entendre les émirs d'Aqmi tenir un tel discours. En tout pas en public. Est- il celui qui dit ce que les chefs terroristes ne veulent pas dire ou qu'ils ne peuvent pas dire. C'est fort possible. Pour dire que les groupes terroristes savent que les seuls acteurs de la région sur lesquels pourraient s'appuyer un jour l'Algérie et les Occidentaux sont les Touareg pour mener une lutte lente et efficace contre ces groupes terroristes et ces trafiquants de drogue. Pour le MNLA, il s'agit de groupes dont l'objectif est de remettre en cause la présence de ceux qui ont des choses à dire, qui ont des revendications politiques, sociales, culturelles et économiques. Il s'agit pour le MNLA, de groupes orchestrés depuis l'extérieur et qui sont devenus avec le temps une armée de la protection de la drogue et des barons de la drogue. Pour le MNLA, pour les religieux de la région et les notabilités, ces groupes détruisent et détournent les citoyens de la vraie religion musulmane, au lieu de faire passer le vrai message d'un musulman, ils nous créent des mécréants disent certains religieux de la région et tentent de changer toutes nos traditions . D'autres notabilités de la région disent dans les rues : «Nous ne savons plus quel vêtement porter, puisque certains qui viennent de l'étranger tentent de vous choisir votre pantalon à votre place, en vous disant qu'il faut un pantalon court et s'il est long c'est un pèché, n'importe quoi... ». Ils ont su profiter de la pauvreté de la population et le manque de scolarisation de cette population, car rares sont ceux qui ont été à l'école. Alors il est facile de se faire comprendre et de relayer une idéologie nuisible à la société à travers ceux qui ne savent pas lire et écrire, à travers ceux qui n'ont pas mangé hier, ceux-là mêmes qui ne peuvent pas se défendre. C'est dans ces milieux que ces groupes trouvent leur compte. La difficulté qu'ils trouvent et qu'ils continueront à trouver dans ce milieu touareg, une culture forte, alors ils ne changeront pas grand-chose dans ce milieu. Comme dit un jeune combattant touareg qui a fini par quitter AQMI au mois de mars 2012, « j'écoutais leurs discours, je ne comprenais rien. Quand je rentre dans ma famille pour un congé de 3 jours et que j'écoute le religieux de nos campements de Tagoraste, c'est un discours complètement différent, un discours de vie et d'amour, contraire à celui que j'ai l'habitude dans ma katibate. La seule chose qui m'intéressait finalement que je puisse soutirer le maximum d'argent à ces gens et ensuite je rentre à la maison et pourtant je suis resté pendant un an avec eux... ».
Parlez-nous des derniers accrochages qui avaient eu lieu dans la ville de Ménaka entre les combattants du MNLA et les terroristes du Mujao.
Les trafiquants de drogue ont envoyé effectivement des éclaireurs dans la zone de Ménaka le 11 novembre. Ils ont été remarqués par les patrouilles du MNLA dans la même journée. Dans la journée du 12 novembre il y eut des échanges de tirs. Un éclaireur du Mujao a trouvé la mort et dix autres ont été faits prisonniers et relâchés deux jours plus tard puisque ce sont de nouvelles recrues qui agissent par contrainte. Il leur a été dit de rentrer dans leurs familles et d'abandonner les groupes terroristes et dans le cas contraire ils laisseraient leur vie.C'est dans cet esprit que les deux patrouilles du MNLA ont progressé vers les zones d'Ansongo. Le MNLA a engagé les hostilités tôt dans la matinée du 16 novembre. Les groupes terroristes avaient sur place plus de 600 combattants avec des armes lourdes. La majorité de ces combattants sont des nouvelles recrues locales (sonrai, peuls) qui avaient touché des grosses indemnités. Celles qui avaient refusé de se battre, ont été exécutées par les chefs des groupes terroristes. Plusieurs dizaines des recrues ont été exécutées les 16 et 17 novembre. Les combats ont duré toute la journée et le début de soirée du 16 novembre. Le MNLA a déploré 3 blessés graves et 6 légers. Deux voitures MNLA calcinées. Les groupes terroristes ont perdu d'après le chef d'état-major adjoint Machkanani Ag Balla, qui avait foncé sur les groupes terroristes, plus de 50 morts parmi les terroristes et parle aussi de plus de 70 blessés. D'autres terroristes blessés ont été transférés sur la ville de Tombouctou. Ils ne trouvaient plus de place à l'hôpital de Gao. Les combats ont cessé tard dans la nuit. Les groupes terroristes ont fait venir des renforts le lendemain de plus de 450 autres terroristes de leurs nouvelles bases, des nouvelles recrues et quelques uns de Tombouctou.. Les combats devaient se poursuivre dans la journée du 18 novembre. Finalement les combats ont repris encore plus loin, dans la zone de Ménaka le 19 novembre. Les groupes terroristes ont fait venir le maximum des terroristes pour organiser des batailles rangées contre les Touareg. Plus de 300 terroristes, une majorité parmi les nouvelles recrues contre seulement, une sentinelle du MNLA à Ménaka et 32 éléments. Les combats ont duré toute la journée. Lorsque les renforts du MNLA sont arrivés le lendemain, il y a eu des dégâts importants de part et d'autre. Des combats d'une plus grande ampleur en cours dans la zone.
En s'engageant avec courage et détermination à combattre le terrorisme, vous ne pensez pas que le MNLA va se trouver seul face à des ennemis fortement armés '
Le MNLA n'est pas seul, puisqu'il est chez lui et sur la terre de ses ancêtres. Le MNLA n'est pas seul puisqu'il défend une cause juste, la dignité des populations de l'Azawad, pour qu'elles puissent accéder à un avenir meilleur et qu'elles puissent prendre en charge leur devenir. Il est vrai que le MNLA se trouve seul dans la lutte contre le Mujao et affiliés. Il est difficile de comprendre que tous ceux qui luttent contre ce phénomène restent en spectateurs. Il suffit d'un geste concret pour qu'il y ait un retournement de la situation.
Pour le MNLA, il s'agit d'une occupation de son espace territorial. Nous savons fort bien que le Mujao et affiliés n'ont aucune idéologie politique ni religieuse et qu'ils agissent pour la protection de la drogue et pour sa sécurisation dans cette région. Ils savent par ailleurs qu'ils ont des complicités influentes au niveau national. Nous savons que nous nous battons contre un ennemi qui intéresse la communauté internationale, et qui a des comptes à rendre. Une organisation qui possède suffisamment des moyens, qui ne risquent pas de manquer de munitions, ni de carburant et qui peut tenir encore très longtemps. Nous savons aussi que ces groupes terroristes sont soutenus par les trafiquants et en contrepartie ils assurent la sécurisation du passage de la drogue ; ils peuvent acheter et achètent des consciences pour fermer les yeux sur les atrocités qu'ils commettent dans la région et ailleurs. Il faudrait que ces groupes se rendent compte qu'il y a des citoyens, des militants, des combattants politiques hommes et femmes et militaires qui ne veulent plus les voir et qui peuvent leur dire à haute voix qu'ils ne sont pas chez eux et qu'ils doivent partir. Ils ont commis la plus grosse erreur en tentant de s'imposer par la force aux Touareg et de tenter de devenir maîtres des lieux par la force. Les quelques Touareg qui étaient dans leurs rangs pour des raisons pécuniaires mais non idéologiques, vont finir par les abandonner et rejoindre leurs frères pour les combattre.
Il s'agit d'un message à faire passer aux groupes terroristes et à leurs financiers les barons de la drogue qu'il y a des enfants, des notables, des combattants armés et politiques qui ne tiennent plus à cohabiter avec eux. Et pour dire aussi à la communauté internationale que le MNLA est un partenaire fiable dans la lutte contre ces groupes. Certains politiques et militaires à Bamako ont participé à la structuration des terroristes, du transit de la drogue à travers les barons de la drogue qui sont devenus ces dernières années les conseillers politiques et militaires de l'ombre du pouvoir malien. C'est pour cela que nous constatons d'ailleurs que les citoyens de Bamako qui ne connaissent pas les réalités de ces régions, certains politiques et militaires à Bamako applaudissent les actions enregistrées par des terroristes et les trafiquants de drogue, pour dire qu'il est difficile que Bamako lutte contre ces groupes, sauf s'il y a un nettoyage à Bamako auparavant.
Vous ne pensez pas que la facture à payer pour le MNLA sera lourde, d'autant qu'aucun soutien, venu de la part d'Ançar Eddine, n'a été fait jusqu'à présent '
Bien entendu que la facture sera lourde. Une lutte pour la dignité ne se mesure pas au poids des factures. C'est une nécessite pour la survie d'un peuple. Cela fait plus de 50 ans que cette communauté paie la facture de Bamako. Il est temps maintenant pour Bamako de libérer cet espace et de laisser cette population gérer ses affaires politiques, sécuritaires, sociales, culturelles. Concernant Ançaer Eddine, il y a des concertations en cours. Nous savons par ailleurs que des Touareg qui font partie de cette organisation ont rejoint leurs frères qui se battent contre ces trafiquants de drogue depuis quelques jours. Le MNLA ne pourra pas lutter contre une coalition de ces groupes. Le MNLA a engagé des hostilités contre le Mujao et affiliés depuis quelques jours.
Justement, parlons d'Ançar Eddine. Pourriez-vous mieux nous expliquer quelles sont, aujourd'hui, les relations entre le MNLA et ce mouvement islamiste dirigé par Iyad Ag Ghaly'
Il y a une entente pour se retrouver très prochainement sur le terrain. Il s'agit d'amener le groupe d'Ançar Eddine de sortir de la confusion actuelle et de voir comment il pourrait se positionner sur le terrain par des actes concrets par rapport aux autres groupes présents dans la région. Il y a quelques responsables et combattants d'Ançar Eddine qui tentent de sortir, de se démarquer et ils n'attendent qu'une opportunité. Nous verrons jusqu'où ils peuvent aller. Il est prévu que les deux organisations réunissent leurs commissions pour dépasser certaines divergences. Nous verrons dans les semaines qui viennent quelle sera la position concrète du groupe Ançar Eddine par rapport aux groupes terroristes et aux trafiquants de drogue et aussi par rapport aux revendications politiques qui permettraient une stabilité définitive de la région.
Sur un autre registre, cette fois sur le plan diplomatique, comme vous le savez, beaucoup de pays pensent que le moment est venu pour que des négociations soient menées entre le MNLA et l'Etat malien afin de trouver une issue à la situation au Nord-Mali. Pourriez-vous nous donner plus de précisions sur ce sujet '
Bien entendu que le moment est venu d'aller vers des négociations sérieuses avec la participation de la communauté internationale. Le moment est venu depuis hier pour entamer des négociations. Mais pour Bamako, le moment n'est jamais là quand il s'agit de négocier le devenir de cette communauté.
Alger a toujours opté pour le dialogue au conflit MNLA-Etat malien, ce qui ne date pas d'aujourd'hui, même en pleine crise. Les autorités algériennes tiennent toujours à cette option. Qu'en pensez-vous '
Aujourd'hui, c'est le discours de la communauté internationale. La communauté internationale a demandé il y a quelques semaines au pouvoir de transition malien d'entamer le dialogue avec les mouvements non affiliés aux groupes terroristes. C'est la position de l'Algérie, du représentant des Nations unies, de la France et des Etats-Unis, de l'Union européenne et de l'Union africaine. Nous verrons bien comment les choses vont évoluer dans les prochaines semaines. Le Représentant des Nations unies doit réunir début décembre tous les acteurs impliqués dans ce conflit à Rome pour tenter de dégager des propositions de sortie.


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