Publié le 06.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
MERIEM GUEMACHE
C’est le premier roman de Manel Benchouk. Cette jeune écrivaine a vu le jour le 19 décembre 2000 à Mostaganem. Musicienne depuis son plus jeune âge, elle a suivi des études de pharmacie et s’est toujours intéressée à la littérature.
Sans l’ombre d’un remords est paru aux éditions Dalimen en octobre 2023.
Suivons le parcours de Adam, personnage principal de ce roman. Petit, ce garçon, qui a grandi à Oran, aime s’isoler dans sa chambre pour lire. La compagnie des autres ne l’intéresse guère, préférant s’évader à travers récits et romans. Adam bulle, rêvasse et voyage entre les quatre murs de sa chambre. Mais lorsque ses notes scolaires accusent une chute drastique, son père confisque ses livres. L’enfant est désemparé : «Je sentais qu’on venait de m’arracher mes ailes, et je ne pouvais me résoudre à vivre sans.» L’enfant incompris est conduit chez une psychologue. Celle-ci lui met des crayons de couleur entre les mains et l’invite à s’exprimer en dessinant. Adam dévoile des talents insoupçonnés. La réplique de La Nuit étoilée de Van Gogh, accrochée dans le cabinet de la thérapeute, le fascine et réveille sa fibre artistique.
Du haut de ses huit ans, Adam parle de ses blessures. A l’école, ses camarades le maltraitent et l’humilient. Il est devenu leur souffre-douleur. «Je n’ai jamais été accepté. J’étais victime de l’indifférence et du mépris de mes camarades de classe. Puis un jour, ils ont jugé que j’étais un personnage étrange, pas fréquentable et que je n’avais pas ma place au sein de leur cercle. Alors ils m’ont repoussé. J’étais meurtri par leur rejet, à me demander tout simplement ‘‘pourquoi’’ ?»
Quelques chapitres plus loin, le lecteur retrouve Adam au lycée. L’étudiant passe son bac une première fois mais ne parvient pas à décrocher la moyenne exigée pour poursuivre des études de médecine. Loin de renoncer à son rêve de porter blouse blanche et stéthoscope, il se présente aux examens l’année suivante. «Hélas, je n’ai pas atteint la moyenne requise pour la deuxième fois consécutive. A mon grand malheur, cette deuxième déception, je ne l’ai pas vécue seul. J’avais embarqué mes parents sur mon navire. Je ne pouvais ignorer ce regret poignant que j’arrivais à lire dans leurs yeux.»
Adam ne veut pas baisser les bras. Alors, contre l’avis de ses parents, il repasse son bac. Et de trois ! Cette fois-ci, ses résultats sont bons et la Faculté de médecine d’Oran lui ouvre ses portes. En cours de chemin, il rencontre l’amour. Elle s’appelle Lydia et a déjà bien avancé dans son cursus universitaire.
Diplôme en poche, Adam s’envole pour la Russie afin de suivre une spécialité en neurologie. Il laisse derrière lui ses parents, son frère Mehdi, son ami Nidal et sa bien-aimée.
«L’avion débordait de jeunes Algériens. Sombre tableau d’une jeunesse qui partait pour chercher l’espoir d’un monde meilleur ailleurs. Je ne connaissais pas la raison de leur départ, ni leurs histoires. Au-delà de nos différences, une évidence nous réunissait tous. Nous étions tous impatients de trouver la clé d’une porte qui n’a pu s’ouvrir sur notre terre natale, la clé de notre avenir.»
Installé à Moscou, Adam poursuit une brillante carrière. Dix ans après avoir quitté l’Algérie, il devient un grand chercheur dans le domaine de la neurologie. L’exilé n’a jamais remis les pieds dans son pays. Il répond rarement aux SMS de son frère. Lorsque la pandémie de Covid s’abat sur la planète Terre, il s’inquiète pour ses parents. Son frère tente d’être rassurant à leur sujet...
Du fond de son pays d’adoption, la culpabilité commence à le ronger. Le regard larmoyant de sa mère, le jour de son départ pour Moscou, le hante. Et lorsqu’il doit rentrer précipitamment à Oran, après un coup de fil alarmant de Mehdi, lui annonçant que son père est souffrant, Adam saute dans le premier avion.
A 40 ans, il repart sur les traces de son passé. Mais que va-t-il découvrir ?
Vous le saurez en vous plongeant dans la lecture de ce roman.
Un livre sur les thèmes de l’émigration, la fuite des cerveaux, la Covid, les amours déçues, l’amour des parents, le regret, la culpabilité et le doute.
Meriem Guemache
Sans l’ombre d’un remords. Manel Benchouk. éditions Dalimen. 2023. 211 p. 1200 DA.
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Posté Le : 06/10/2024
Posté par : rachids