Fait inédit dans cette manifestation : la fille de la ville marocaine d'Essaouira a chanté un mouachah en galicien, un parler régional de la Galice, en Espagne.Quand une femme chante avec une telle splendeur et un tel raffinement, elle finit, forcément, par gagner tout le respect du public, un public, à vrai dire, émerveillé. Ce dernier a gardé un silence religieux pendant tout le spectacle animé, lundi dernier, par la Marocaine Samira Kadiri, lors de la troisième soirée du festival international du malouf organisé au théâtre régional de Constantine. Accompagnée par la troupe Arabesque de la ville de Tetouan, douée d'une voix douce et suave, elle étalera tous ses talents de cantatrice en interprétant non seulement des mouachahate des plus connus, mais aussi le Qasida mystique soufi d'Ibn El Arabi. Il est rare de voir une chanteuse allier à la fois une voix merveilleuse, au timbre naturellement cristallin, et une connaissance parfaite de leur répertoire.
L'exemple de Samira Kadiri, qui a chanté Faïrouz dès l'âge de neuf avant, avant de faire une longue carrière musicale, est vraiment édifiant. «Nous devrions être fiers de ce riche patrimoine musical qui nous a été légué par nos ancêtres, depuis Zyriab, avec toutes ses règles et ses bases, et quoique nous chantions le malouf, El Gharnati, El Ala ou El Mouachah, nous devrions le sauvegarder jalousement et le transmettre aux générations futures, même s'il provient de l'Andalousie, c'est un répertoire qui nous appartient et il nous revient de l'authentifier», a-t-elle noté entre deux partitions.
Des propos émanant d'une femme connue pour être une icône dans le bassin méditerranéen, pour ses qualités artistiques et son engagement en faveur du partage de la musique comme langage universel entre différentes cultures. Issue d'une famille de chorafa de la zaouia Kadiria Charkaouia, l'enfant d'Essaouira, actuellement à la tête de la direction de la culture de Tetouan, a étonné tout le monde, lundi dernier, en chantant un mouachah en galicien, parler régional de la Galice (dans l'extrême nord-ouest de l'Espagne), proche du portugais.
Un fait inédit dans les annales du festival international du malouf. «En menant des recherches durant mes différentes tournées en Europe, je suis tombée sur des poèmes remontant à l'époque entre le 11ème et le 14ème siècles chantés en galicien ; en faisant un rapprochement avec des textes arabes, je fus surprise de découvrir qu'il s'agissait pratiquement des mêmes poèmes», a-t-elle confié. Ce que le public ne manquera pas de savourer, grâce à une musique envoûtante.
Magistral Saâd El Adhami
Après la troupe Toyour Dejla qui a fait sensation l'année écoulée, le public constantinois a renoué lors de la deuxième partie de la soirée de lundi, avec le patrimoine de la terre de Mésopotamie, grâce à la prestation du grand artiste irakien Saâd El Adhami. Un spectacle de presque une heure où le grand maître du maqâm El iraqi a présenté les plus célèbres chansons, telles «Oum El abaya», «Men koul men tahwah yahwaka qalbouhou», «Leila» et autres poèmes d'amour chantés depuis des générations. Malgré le poids de l'âge et la fatigue d'un long voyage, Saâd El Adhami a été magistral.
Une voix puissante et une forte présence. Il est des artistes qui vous marquent, surtout pas leur humilité, leur simplicité et leur dévouement à leur art. Un art qui le passionne depuis quatre décennies, après avoir puisé de l'école du grand Mohamed El Qabandji, véritable référence dans son pays surtout qu'il a eu pour disciple l'illustre Nazem El Ghazali, qu'il est inutile de présenter. L'invité du festival a montré tout son professionnalisme et sa maîtrise de cet art, même s'il continue de chanter par amour et dévouement sans chercher l'aspect pécuniaire, selon son entourage. Il suffit de savoir que Saâd El Adhami est plus connu parmi ses pairs par Sayed El Ataba, puisqu'il a appris plus de 1000 vers.
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Posté Le : 02/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arslan Selmane
Source : www.elwatan.com