Entretien réalisé par Fatma Haouari
Fraîchement élue à la tête de l'Association des femmes algériennes chefs d'entreprises (Seve), Samira Hadj Djilani nous livre dans cet entretien les grandes lignes du nouveau programme d'action de l'entité qu'elle représente ainsi que les principaux axes sur lesquels tourneront les travaux du 4e Forum méditerranéen des femmes chefs d'entreprises devant se dérouler les 18 et 19 du mois en cours.
Le Soir d'Algérie: Vous venez d'être élue à la tête de l'Association des femmes algériennes chefs d'entreprises (Seve). Quelles sont vos priorités ainsi que les changements que vous comptez opérer sur votre organisation pour qu'elle soit plus efficace '
Samira Hadj Djilani : L'association Seve, qui regroupe les femmes chefs d'entreprise, existe depuis 1993, elle commémorera l'année prochaine ses 20 ans. Seve a réussi à réaliser plusieurs actions, à savoir le soutien et la défense de l'entreprenariat féminin par l'information et la formation. Avec l'évolution du monde et notamment le rôle qui est reconnu à la société civile à laquelle appartient notre association et la promotion économique du genre, nous devons être plus organisées, plus offensives. Les actions à envisager : une réorganisation interne : Seve est une association qui s'est toujours affirmée par le travail de terrain accompli par ses adhérentes au niveau national et international. Elle est très sollicitée par les femmes chefs d'entreprise, les femmes porteuses de projets de création d'entreprises ainsi que par les institutions. Cela nécessite une réorganisation interne pour arriver à des chargées de dossiers au fait des questions économiques et sociales. Nous allons mener des actions de sensibilisation envers les femmes chefs d'entreprise afin qu'elles rejoignent Seve en développant des services concrets qui répondent à leurs besoins. La vulgarisation de l'information, mettre à la disposition des femmes chefs d'entreprise et par différents moyens les informations nécessaires à la vie de l'entreprise : exemple le suivi de la législation fiscale. Nous réfléchissons également à l'édition d'un guide de l'entreprenariat féminin en Algérie. L'édition d'une revue des femmes chefs d'entreprise ainsi qu'une newsletter. La création d'une plateforme pour développer le networking entre les femmes chefs d'entreprise algériennes elles-mêmes et en même temps avec les femmes chefs d'entreprise dans le monde. Cette même plateforme peut servir de lien entre les femmes chefs d'entreprise et les institutions publiques liées à l'action économique. Nous comptons poursuivre notre action de formation continue et spécifique à l'entreprenariat tel que le management, les négociations d'affaires, la gestion des ressources humaines, etc. Multiplier les missions d'affaires, séminaires et rencontres avec tous les acteurs de la vie économique. Renforcer le dialogue avec les pouvoirs publics. Initier la carte service par laquelle nos adhérentes vont bénéficier des avantages des sociétés avec qui des conventions seront signées, par exemple les compagnies aériennes, les assurances, les hôtels en Algérie ou à l'étranger, etc.
Votre association va organiser le 4eForum méditerranéen des femmes chefs d'entreprises les 18 et 19 du mois en cours, pouvezvous nous en parler '
Concernant la rencontre des 18,19 du mois courant à l'Hôtel Hilton qui regroupera les femmes chefs d'entreprise du bassin méditerranéen dans le cadre du 4e forum des femmes entrepreneurs de la Méditerranée sous le slogan «pour un véritable partenariat entre le Sud et le Nord», des femmes d'affaires seront présentes avec une forte délégation espagnole ainsi que des Libanaises, des Tunisiennes, des Portugaises, des Egyptiennes, des Marocaines et des représentantes d'autres pays comme la Grèce, la Turquie et Monaco ainsi que des représentants d'organismes internationaux chargés des questions du genre. Je dois préciser que la délégation de Seve présente lors du 3e forum des femmes entrepreneures organisé l'an passé à Barcelone a arraché ce rendez-vous annuel pour l'organiser en Algérie face à d'autres pays concurrents, à savoir l'Egypte et l'Italie, et cela grâce à la mobilisation des membres de la délégation de Seve qui ont réussi à présenter les arguments qui ont pesé sur le vote pour l'Algérie pour abriter le 4e forum des femmes chefs d'entreprise du bassin méditerranéen ainsi que l'assemblée générale de Afaemme, association des organisations des femmes entrepreneures méditerranéennes. Nos hôtes seront à Alger pour chercher des opportunités d'investissement dans différents secteurs avec des partenaires Algériens. Plusieurs conférences sont programmées et seront présentées par des cadres du ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement tels que l'Aniref, l'Andi, la Caci et aussi une conférence sur l'investissement dans l'économie verte qui sera présentée par la directrice du programme de développement de la coopération allemande GIZ. Deux jours seront consacrés au B TO B. Plusieurs entreprises dans différents secteurs seront présentes pour examiner les possibilités de partenariat avec les femmes chefs d'entreprise présentes à cette rencontre. En parallèle, une exposition de la production nationale est organisée par les femmes algériennes chefs d'entreprise. Notre message est le suivant dans un contexte régional et international traversé par une crise financière et économique, l'Algérie est presque le seul pays du pourtour méditerranéen qui présente les meilleurs indicateurs d'encouragement à l'investissement.
Quel est le poids des entreprises gérées par les femmes dans l'économie nationale '
Pour répondre à cette question, je dois préciser qu'il y a un véritable problème de statistiques. Plusieurs chiffres sont publiés par différents organismes parfois même contradictoires, donc je ne peux m'avancer à donner des chiffres précis. Ce que j'ai retenu de ces chiffres, c'est que la grande majorité des femmes chefs d'entreprise en Algérie active dans le milieu urbain contre 27% dans les zones rurales. Aussi, 60% de ces entrepreneurs sont dans la tranche d'âge 25-39 ans. 57% des projets sont lancés dans les services contre 9% pour la santé et 5% dans le secteur du BTPH. Ce que nous constatons en 2012 est que la femme entrepreneur a réussi à se frayer une place dans les différents secteurs économiques même ceux qui étaient réservés aux 'hommes tels que le bâtiment, la production audiovisuelle et cinématographique, l'agriculture, le commerce, les services, etc. Les femmes ont prouvé leur compétitivité dans tous les secteurs.
Plusieurs associations de femmes chefs d'entreprises du pourtour méditerranéen seront au rendez-vous à l'événement que vous comptez organiser, comment se présente la coopération, ambitionnez-vous de devenir une force dans la région '
Notre association Seve est présente et très respectée au niveau international. La Seve est membre de plusieurs organisations internationales chargées de la question des femmes chefs d'entreprise et nous continuerons à renforcer notre présence au niveau international en développant des relations de networking avec les milieux d'affaires internationaux. La Seve doit être digne du rôle pivot de l'Algérie au niveau méditerranéen et africain.
Comment qualifierez-vous le climat des affaires en Algérie '
L'Algérie présente de nombreuses opportunités compte tenu de ses réserves de change et du marché où beaucoup de chantiers sont lancés, notamment dans le plan quinquennal 2009- 2014. Les investisseurs ont bénéficié de mesures importantes telles que le bénéfice de financements, locaux et des facilitations foncières. Le climat des affaires est, bien sûr, à améliorer. La Seve réfléchit sur l'élaboration d'un livre blanc sur le climat des affaires en Algérie dans lequel elle fera une série de propositions aux pouvoirs publics.
Y a t-il des contraintes spécifiques aux femmes dans le monde des affaires '
Nous partageons exactement les mêmes problèmes que les hommes chefs d'entreprise. Mais c'est en dehors de l'entreprise que nous avons des contraintes spécifiques. La reconnaissance du rôle économique à part entière de la femme algérienne et les mesures de facilitation de la vie d'une femme chef d'entreprise qui est épouse et mère est un rôle qu'elle ne doit pas sacrifier.
La règle des 51-49, régissant depuis 2010 l'investissement étranger, suscite satisfaction d'un côté et préoccupation de l'autre, quel est votre point de vue sur la question '
Pour moi, la règle des 51-49 est une mesure patriotique qui ne doit pas nous complexer. Aujourd'hui, nous observons que les pays les plus libéraux prennent des mesures de protection de leur économie nationale. Alors que dire de notre jeune économie ' En outre, la règle 51- 49 n'a pas empêché l'augmentation des IDE depuis son instauration.
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Posté Le : 17/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : F H
Source : www.lesoirdalgerie.com