JIJEL - Samir, jeune homme sémillant, vendeur ambulant de thé sur une plage populaire de Jijel, personnage aussi atypique que sympathique, est rapidement devenu la "coqueluche" de cette cité qui l’a accueilli et adopté.
Originaire de Touggourt, dans la wilaya d’Ouargla, Samir n’a pas hésité à braver de longues distances à la recherche d’une vie meilleure, pour, dit-il "vivre et faire vivre (sa) famille composée de 10 personnes".
Agé de 33 ans, célibataire, affectueusement appelé "Mrigla" le jeune homme qui séjourne depuis 2003 dans l’antique Igilgili est tombé fou amoureux de cette ville côtière où il découvert la mer, mais aussi, lorsqu’arrive l’été, le côté "effervescent" d’une cité balnéaire.
"Jijel est une partie de mon pays que je porte au fond de mon cœur", dit-il avec une note de fierté et de patriotisme.
"Armé" de sa théière placée sous un dispositif de combustion que le charbon maintient constamment en incandescence, permettant de tenir au chaud le thé à longueur de journée, ainsi que d’un couffin contenant des gobelets jetables, "Mrigla", qui n’a pas eu la chance de poursuivre ses études, est l’archétype d’une jeunesse dynamique, pugnace, refusant de baisser les bras ou de se laisser entraîner dans les déviances qui marquent notre époque.
Il affirme avoir déposé, en 2003 puis en 2008 une demande auprès de l’agence nationale de l’emploi (ANEM), à Ouargla, pour décrocher un "job", mais sans aucune réponse, à ce jour. Ce silence-radio l’a poussé à "émigrer" au Nord.
Aujourd’hui Samir ne regrette rien, sauf, peut-être, cette remarque plutôt désobligeante d’un élu local, sollicité pour un logement et un emploi, qui lui conseilla de "prendre la mer" (sic).
Personnage attachant, mais surtout sage et pondéré, le jeune homme n’a à aucun moment songé à faire partie de la cohorte de ces "harragas" qui risquent leur vie à bord de chaloupes ou de canots de fortune, à la recherche d’une "vie meilleure" qui n’est finalement, concède-t-il, qu’un "miroir aux alouettes".
Des propos d’autant plus méritoires que Samir se retrouve tous les jours face à la méditerranée. La tête bien sur les épaules, Samir a choisi de battre le pavé (plutôt le sable, en l’occurrence), sans que l’idée d’enjamber les vagues et l’écume de la grande bleue ne lui traverse l’esprit, préférant, comme il se plaît à le déclarer "vivre dignement".
Hôte de la coquette cité littorale depuis une décennie, ce jeune de Touggourt occupe provisoirement un "home" précaire chez un particulier, en hiver, alors qu’en période estivale - marquée par l’habituel rush d’estivants - il ne sait plus où donner de la tête. Son énorme théière de 10 litres est sa seule "bouée de sauvetage" pour lui et pour toute sa famille à qui il rend visite une à deux fois par an.
"L’essentiel de ma recette est expédié aux miens qui restent loin des yeux mais si près du cœur", dit-il, un brin nostalgique.
Si lorsque la consommation de thé n’attire pas grand monde le long de la célèbre plage du centre de Jijel, la marche quelque peu martiale de Samir reste un spectacle singulier, presqu’irréel. Qu’il fasse beau, qu’il vente ou qu’il pleuve, il n’est pas besoin de chercher longtemps, sur les pavés du boulevard Zighout-Youcef et sur le sable de la plage Kotama (ex-Casino), pour apercevoir la silhouette de Samir, marchant comme un soldat en faction devant quelque mystérieux blockhaus.
Vêtu de bottes, d’un jean usé et d’un pullover délavé, le jeune vendeur de thé, est également "détectable" en raison de ses appels à forts décibels vantant son breuvage : son strident "lataïïïïï !" (le thé), à crever les tympans, est difficilement ratable.
Une rencontre avec Samir est toujours un pur moment de bonheur. D’abord parce que le personnage est truculent, mais aussi parce le thé brûlant qu’il vous sert, recouvert de deux ou trois feuilles de menthe fraîche, venu tout droit du Sahara, est tellement bon.
* Photo: Samir, vendeur de thé sur la plage à Jijel : atypique et sympathique
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Posté Le : 19/02/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: APS ; texte: Abdelhamid Zouad du mardi 18 février 2014
Source : aps.dz