Algérie

Samir Amin appelle à la reconquête des souverainetés financières



Samir Amin appelle à la reconquête des souverainetés financières
L'éminent économiste égyptien, Samir Amin, a appelé les pays non-alignés à choisir «souverainement leur voie de développement», à s'unir face à une mondialisation «injuste» et à reconquérir la souveraineté financière. Dans une interview à l'APS à la veille de la tenue à Alger de la 17e Conférence ministérielle du Mouvement des pays non-alignés (MNA), Samir Amin affirme que : «Nous avons le droit de choisir notre propre voie de développement. Les puissances qui ont été et demeurent les bénéficiaires de l'ordre en place doivent, elles, accepter de s'ajuster aux exigences de notre développement.»Il a constaté que «l'ajustement doit être mutuel, non pas unilatéral». Fidèle à ses idées et à ses convictions, l'économiste estime que «ce n'est pas aux faibles de s'ajuster aux exigences des forts, c'est, à l'inverse, des forts qu'on doit exiger qu'ils s'ajustent aux besoins des faibles. Le principe du droit est conçu pour cela, pour réparer les injustices, et non pas les perpétuer».Il soulignera que le Mouvement a le droit de mettre en ?uvre ses propres projets souverains de développement. Samir Amin espère que «ces projets doivent être conçus pour permettre à nos nations et à nos Etats de s'industrialiser comme ils l'entendent, dans les structures juridiques et sociales de leur choix, celles qui nous permettent de capter puis de développer par nous-mêmes les technologies modernes». Pour lui, les projets des pays non-alignés doivent être conçus pour «garantir la souveraineté alimentaire», et «permettre à toutes les strates des peuples (de ces pays) d'être les bénéficiaires du développement, mettre un terme aux processus de paupérisation en cours». Mais il met un préalable à la mise en ?uvre de ces projets. Il estime que la mise en ?uvre de ces projets souverains «exige que nous reconquérions notre souveraineté financière», a-t-il ajouté. «Ce n'est pas à nous de nous ajuster au pillage financier pour le plus grand profit des banques des puissances économiques dominantes. Le système financier mondial doit, lui, être contraint de s'ajuster à ce qu'implique notre souveraineté», a expliqué M. Amin, avant d'ajouter qu'il «nous appartient à nous de définir ensemble les voies et moyens de développement de notre coopération Sud-Sud qui peuvent faciliter le succès de nos projets souverains de développement». M. Amin a affirmé également que «le Mouvement peut et doit agir au sein de l'ONU pour restaurer ses droits, bafoués par l'ordre de la globalisation injuste en place», précisant qu'à «l'heure actuelle une soi-disant ?'Communauté Internationale'' autoproclamée s'est substituée à l'ONU, alors qu'en regardant de plus près, on découvre que la ?'Communauté Internationale'' invoquée est constituée par les Etats-Unis, l'Union européenne et deux ou trois pays triés sur le volet». «Oui, nous portons la grande responsabilité dans l'enceinte de l'ONU, où nous constituons un groupe numérique majeur, d'exiger la restauration des droits de l'ONU, le seul cadre acceptable pour l'expression de la Communauté internationale», a-t-il poursuivi. Cette question devrait pouvoir trouver une solution dans le cadre de la réforme des instances de l'ONU dont les nations membres débattent en ce moment.En réponse à une question sur l'existence du mouvement et sa raison d'être 60 ans après sa création, M. Amin a indiqué qu'après la reconquête des indépendances et la restauration des Etats qui forment le MNA, «les puissances de l'époque ont été contraintes à s'ajuster aux exigences de notre développement». «Même si le monde d'aujourd'hui n'est plus celui de l'époque passée, le Mouvement des Non-alignés d'il y a 60 ans était déjà un ?'Mouvement des non-alignés sur la Globalisation'', celle qu'on voulait nous imposer...», a-t-il dit en référence aux exigences d'un nouvel ordre économique mondial portées par le défunt Houari Boumediène en 1974.Il a souhaité qu'à la faveur de la réunion d'Alger, les pays du mouvement «fassent avancer nos positions dans la restauration du droit égal de tous les Etats à contribuer à la reconstruction d'une mondialisation juste». Un v?u que l'économiste porte à bout de bras depuis la création de l'association des économistes du tiers-monde au début des années 1970.K. B./APS




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