Algérie

Sami Bebawi condamné à une peine de 8 ans et demi



Un témoignage d'un banquier suisse, Hervé Siegrist, divulgué lors du procès de Bebawi, a révélé les accointances de ce dernier avec des proches des dignitaires du pouvoir algérien. Il aurait notamment présenté Farid Bedjaoui à Siegrist.L'ancien vice-président de SNC-Lavalin, Sami Bebawi, a été condamné à 8 ans et demi vendredi dernier au palais de justice de Montréal. Il a été reconnu coupable de cinq chefs d'accusation de fraude, recyclage de produits de la criminalité, possession de biens volés et corruption d'un agent public étranger. L'homme de 73 ans a notamment versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats en Libye au profit de la multinationale canadienne. L'accusé a été au centre d'un stratagème de fraude et de corruption qui a tendu ses ramifications jusqu'au régime déchu de Kadhafi.
Etayant sa décision, le juge Guy Cournoyer a martelé que le Canada "est un Etat de droit, ses lois doivent être respectées". Le ministère public avait requis 9 ans d'emprisonnement ferme, alors que la peine maximale est de 10 ans. La poursuite compte réclamer le payement d'une amende, ce à quoi la défense a répliqué que son mandant, outre ses ennuis de santé, n'a pas les moyens de payer une amende. Impliquée dans la même affaire, une filiale de SNC-Lavalin a plaidé coupable à une accusation de fraude.
Elle s'en est sortie avec une amende de 280 millions de dollars. La multinationale canadienne a dû verser des pots-de-vin au fils du dictateur libyen pour arracher des contrats lucratifs en Libye. Un yacht de 25 millions de dollars a été offert à Saâdi Kadhafi, outre un chèque d'une somme similaire, après l'obtention d'un contrat d'un milliard de dollars. Le même stratagème mis en place par Bebawi a étendu ses tentacules en Algérie, où la société d'ingénierie canadienne a beaucoup travaillé.
Un témoignage d'un banquier suisse, Hervé Siegrist, divulgué lors du procès de Bebawi, a révélé les accointances de ce dernier avec des proches des dignitaires du pouvoir algérien. C'est dans ce contexte que Bebawi aurait présenté Farid Bedjaoui à Siegrist. Le même témoignage a fait part d'un transfert de 7,5 millions de dollars en Algérie.
Cet argent qui a transité par une société écran établie au Panama servait à rémunérer secrètement Sami Bebawi et un certain Raymond Fortin, présenté comme directeur de SNC-Lavalin en Algérie, avait révélé Le Journal de Montréal. Aujourd'hui, l'implication du neveu de l'ex-ministre des Affaires étrangères dans des affaires de collusion et de corruption est de notoriété publique.
La justice italienne l'a déjà condamné dans une autre affaire de corruption. Le géant de l'ingénierie canadien a bénéficié de plusieurs projets en Algérie où SNC-Lavalin a versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés en Algérie pendant 10 ans, selon des informations recoupées. Elle a raflé pas moins de six contrats durant la période 2000-2005. Avant l'obtention de ces contrats, une ristourne de 22 millions de dollars a été versée à un intermédiaire, Cadber Investments, une entreprise commerciale offshore.
Cet argent a été placé dans un paradis fiscal des îles Vierges britanniques, selon une enquête de Radio-Canada. En outre, SNC-Lavalin a obtenu en 2005 le projet de construction de l'usine de traitement des eaux du barrage de Taksebt à Tizi Ouzou pour un montant de 750 millions de dollars. La compagnie canadienne s'est associée avec le Québécois Tony Accurso, accusé par la justice de fraude fiscale.
Des employés de SNC-Lavalin, qui étaient sur place à Tizi Ouzou pendant la réalisation du projet, ont dénoncé des "dépenses injustifiées" de quelque 10 millions de dollars pour, entre autres, l'achat de voitures de luxe, dont certaines ont été livrées à l'extérieur du pays. Une partie de l'argent s'est retrouvée dans des comptes bancaires en Suisse. SNC-Lavalin a également obtenu le projet de construction de la centrale électrique de Hadjret Ennous et une usine de traitement de gaz pour un total de 2,5 milliards de dollars.
Là aussi, la main de Farid Bedjaoui n'est pas loin. Ces soupçons de corruption ont poussé des militants du Hirak à observer récemment à Montréal un rassemblement de contestation devant le siège social de SNC-Lavalin, dont une des filiales est blacklistée par la Banque mondiale.

De Montréal : Yahia Arkat


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