Algérie

Samba dans l'expectative'



S'il y a un pays dans ce vaste monde qui s'attend à une ère de rupture chargée de lourdes incertitudes, c'est bien le Brésil. Oui, ce géant sud-américain, son impénétrable Amazonie, ses splendeurs naturelles et ses plages à l'infini, risque gros. Même ses expressions artistiques flamboyantes, basées sur les traditions et les coutumes d'un peuple largement métissé devront désormais s'adapter aux lubies d'un ex-capitaine de l'armée devenu Président. Le Jair Bolsonaro a pris ses fonctions ce mardi, au grand dam de beaucoup?Annonçant la couleur lors de son discours d'investiture, il a appelé à «un pacte national pour libérer définitivement le pays du joug de la corruption, de la criminalité, de l'irresponsabilité économique et du carcan idéologique». Ouvertement réactionnaire, tout en promettant de respecter les religions et les traditions judéo-chrétiennes, il a l'intention de libéraliser le port d'armes en proclamant «le droit à la légitime défense». Sans surprise, Donald Trump a été l'un des premiers chefs d'Etat à le féliciter en tweetant : «Il vient de faire un super discours d'investiture». Par contre, et rompant avec la tradition qui veut que l'on invite l'ensemble des chefs d'Etat latino-américains, les présidents de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua ont été déclarés persona non grata. En fait, celui qui a été élu in extremis en octobre dernier tient à une posture militaire, encore figée au temps de la dictature, au point de déclarer «héros» un tristement célèbre tortionnaire, du nom de Brilhante Ustra. L'ancien capitaine Bolsonaro, désormais drapé de l'écharpe présidentielle, compte sur un gouvernement où le renvoi d'ascenseur, estampillé «bons et loyaux services», décide avant tout. Hauts gradés, évangélistes, conservateurs et ultralibéraux sur le plan économique depuis le virage ultralibéral amorcé il y a deux ans par les autorités putschistes, sont déjà à la man?uvre. Des réformes parlent de réduction du salaire minimum, de la fin de plusieurs droits des travailleurs, de l'appropriation privée de toutes les ressources naturelles possibles, surfant sur les droits des populations traditionnelles et les préoccupations environnementales. A l'éducation, c'est la mise au rebut de l'enseignement public, par la réduction systématique des ressources et des investissements alloués aux écoles et aux universités. Cette guerre socio-économique sera livrée par un Paulo Guedes, formé à l'université de Chicago, pour le super ministère de l'Economie. La banque centrale sera, elle, entre les mains de Roberto Campos Neto, petit-fils de Roberto Campos, qui fut l'une des éminences grises de la dictature. C'est dire le ciel gris qui plane sur le pays de la samba, du folklore et de la Seleçao de foot incarné par les Pelé, Garrincha, Zico, Romario ou Ronaldo. Avec Bolsonaro, admirateur zélé de Donald Trump, le Brésil a choisi d'être à contre-courant de l'histoire, du multilatéralisme et des négationnistes du réchauffement climatique. Actuellement, c'est le temps de la pause. Pas question de crise économique, de violences, de diatribes racistes ou autres. Encore moins de corruption, alors que neuf des nouveaux ministres ont déjà eu maille à partir avec la justice.
Il y a aussi les déboires du fils Balsonaro, impliqué dans des mouvements financiers suspects. Mais tout ça semble dérisoire face à la nouvelle donne de l'ultralibéralisme, souvent vorace et crasse de par le monde?


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