Algérie

Salon international du livre d'Alger : Waciny Laredj revient sur son dernier roman



Dans la cadre du 24 Salon international du livre d'Alger, l'écrivain et romancier algérien Waciny Laredj est allé à la rencontre de son public, dimanche matin, pour revenir sur les grandes lignes de son dernier roman intitulé Les Gitans aiment aussi.C'est au niveau de la salle de conférences du Sila que les intéressés et les anonymes sont venus nombreux assister à cette rencontre littéraire, modérée par le journaliste Amine Idjer.
D'emblée, l'écrivain Waciny Laredj est revenu sur le titre de son roman, axé sur la liberté, la destinée et à la mort. Un titre, dit-il, qui a suscité plusieurs interrogations auprès des lecteurs algériens et étrangers. «Je voulais, dit-il, exercer à ma façon ma pression aux lecteurs avec ce titre choisi. C'est juste pousser le lecteur à faire partie intégrante du roman. C'est aussi une façon d'effacer l'idée qui n'est pas noble par rapport aux gitans». L'orateur rappelle que son roman Les gitans aiment aussi a fait l'objet de quatre éditions au courant de l'année en cours.
La première édition, publiée par les éditions Baghdadi, fût hâtive pour coïncider avec l'ouverture des arènes d'Oran, contrairement à une deuxième édition augmentée. Si la troisième édition a été confiée à un éditeur palestinien qui a proposé une impression de qualité sans toucher au prix initial du livre, la quatrième édition a été prise en charge par Dar El Arab de Beyrouth. Waciny Laredj confie que si les quatre éditions sont sorties certes simultanément, l'édition algérienne reste sacrée, même si sa qualité est moyenne car elle touche le public algérien et par extension le public arabe.
Le roman en question a été présenté, cette année, dans deux lieux symboliques, en l'occurrence, au niveau du journal El Djoumhouria ? où il était pigiste dans les années 70' alors qu'il était étudiant ? et aux arènes d'Oran. Il avoue qu'il avait toujours eu un rêve, celui de présenter son livre dans les arènes d'Oran. La narration du roman se déroule dans les années 50' dans la ville à Oran. Le personnage principal n'est autre que José Orano, un matador gitan, parlant beaucoup plus l'espagnol que le français.
A la question de savoir pourquoi le thème des gitans, l'orateur estime que généralement, on ne parle pas de gitans, si ce n'est de leur musique. Cependant, il avoue qu'au départ il n'avait pas en tête l'idée de parler des gitans mais il est tombé sur un rapport de plus d'une centaine de pages sur un matador connu, répondant au nom de José Orano.
C'était un spécialiste, un connaisseur de la corrida. «J'ai découvert que le problème dépassait la personnalité de ce matador. Il y a un côté tragique dans sa vie. Je ne peux pas écrire un roman s'il n'y a pas le sentiment du tragique. Il a participé de son vivant à des rencontres autour des trois religions monothéistes», dit-il. Quand il a commencé à travailler sur José Orano, il est tombé sur un débat stipulant l'acceptation ou le refus de ce sport à risque. «José a fait une intervention formidable là où il a tout raconté et qui a été raconté par un grand écrivain d'Amérique latine», éclaire-t-il. Waciny Laredj rappelle que son roman est une succession de tragédies. José Orano a été encorné par le le taureau alors qu'il était amoureux d'Angelina et qu'il allait arrêter de pratique ce sport.
Le romancier estime que son roman se situe à deux niveaux. Le premier niveau est axé sur Oran et sur ses prestigieux monuments. C'est un hommage à cette ville qui a laissé des traces en lui puisqu'il était étudiant à l'époque et pigiste au journal La République. L'écrivain déplore, toutefois, la démolition de certaines anciennes bâtisses, à l'image du plus vieux marché d'Oran, la «Kardienta, qui est devenu aujourd'hui un hôtel. C'est un marché qui a été brûlé voilà quelques années, mais j'étais surpris de trouver un hôtel à sa place. C'est un hôtel qui n'a aucun sens. C'est un effacement de la mémoire. Celui qui a donné instruction d'effacer ce site de la mémoire est l'un du clan de la îssaba. Un peuple sans mémoire est un peuple voué à la mort», lance-t-il.
Le deuxième niveau du roman pointe du doigt la tolérance et le vivre-ensemble. Waciny Laredj indique également que l'histoire des gitans est à la fois douloureuse et oubliée. Il a justement creusé dans l'histoire des gitans d'Oran. Ces derniers étaient considérés par Hitler comme des infrahumains. «Des milliers de personnes sont passées par les fours crématoires et presque personne n'en parle. C'est un crime contre l'humanité», rappelle le conférencier. Et d'ajouter : «Comment l'humanité s'est-elle tue par rapport à ces crimes ' Pour moi, cela a été la plus grande découverte. Je me suis documenté et j'ai trouvé que c'était juste. C'est pour cela que j'ai placé toute la fiction dans un espace gitan. D'abord rendre hommage à ces gens».


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