Algérie

Salon de l’artisanat à Boumerdès: Les femmes au foyer à l’honneur



Salon de l’artisanat à Boumerdès:  Les femmes au foyer à l’honneur




Les efforts déployés par l’Etat pour l’insertion des femmes au foyer dans la vie socioéconomique s’avèrent insuffisants.

Assise sur une chaise derrière un stand, Bouchra berce son bébé dans ses bras. Elle est venue de Khemis-El-Khachna, à l’ouest de Boumerdès, pour exposer des robes à la maison de jeunes Saïd Senani du chef lieu de wilaya, à l’occasion de la journée dédiée aux métiers de l’artisanat.

À l’instar d’autres femmes au foyer et rurales, cette mère de famille profite de cette opportunité pour vendre et faire connaitre son produit.

À côté d’elle, dans un autre stand, Nabila, 22 ans, participe à sa première exposition.

«Ces manifestations sont une bonne chose, ça nous permet de vendre quelque articles, mais ce n’est pas suffisant. L’affluence est tout juste moyenne», dit cette fille d’Ouled Moussa.

Les participantes interrogées ont déploré le manque d’espaces commerciaux pour écouler leur marchandise et bien d’autres écueils qui tuent les activités artisanales à petit feu.

«L’administration doit multiplier ce genre d’expositions, les organiser plus souvent à travers toutes le communes et surtout, trouver des espaces permanents pour la commercialisation des produits», propose une participante.

La commercialisation des articles finis se fait de bouche à oreille ou à travers des commandes particulières.

«C’est la première fois que j’expose ici, mais je n’ai vendu aucun article depuis deux jours. Je préfère ma méthode qui consiste à aller carrément valoriser mes broderies auprès des clients. Ma famille m’aide beaucoup dans ce sens!», dit Zakia, toute souriante.

Un sourire qui cache mal son désarroi et celui des milliers de femmes qui se sentent désabusées par des manifestations culturelles qu’elles qualifient de «folkloriques».

«Lorsqu’on nous a conviés à participer, on nous a assuré le transport le premier jour seulement. Pour les trois jours restants, nous devons nous débrouiller toutes seules», ajoute-elle.

Et à sa copine de renchérir: «ils nous ont amenés ici pour meubler le décor pendant quelques jours, puis on rentre à la maison, qui fait également office d’atelier».

L’un des segments de l’économie locale est incontestablement la promotion des métiers artisanaux. Pour ce faire, l’insertion des femmes aux foyers et rurales dans la vie socioéconomique est plus que nécessaire.

Des produits artisanaux confectionnés par des mains qualifiées ont été étalés au jour pour un public qui découvre le génie des femmes qui s’affirment dans diverses activités.

Mais au de-là des formations dispensées à cette catégorie, les campagnes d’information et les financements octroyés, les efforts déployés par l’Etat s’avèrent insuffisants.

Cette démarche de l’administration, portée généralement par les associations et par le biais des structures de la formation professionnelle n’arrivent pas à bon nombre d’entre ces talentueuses artisanes.

«J’exerce le tissage depuis mon jeune âge et je n’ai jamais entendu parler des aides de l’Etat pour les artisans. Le pire c’est que même les associations et l’administration ne se donnent pas la peine de venir vers nous, la plupart de ces femmes ne sont pas instruites», fulmine Ratiba, une couturière.

Maya, de Boudouaou, a assuré qu’au niveau des centres de formation, il n’existe pas de titres de diplôme pour certaines activités.

«Il va falloir inclure de nouvelles spécialités pour qu’on puisse bénéficier de formations et avoir un diplôme. C’est important pour notre insertion dans le milieu du travail», suggère-t-elle.

Autre soucis de la femme rurale, l’indisponibilité de locaux commerciaux.

«Je cherche un local depuis des années pour apprendre aux filles le métier à tisser, mais en vain», dit Farida, une spécialiste des techniques du macramé, qui dénonce le conservatisme de la société qui ne veut pas libérer la femme et changer de regard envers elle.

«Dans ma commune des filles sont carrément interdites de sortir au centre d’apprentissage, alors comment voulez vous qu’elles obtiennent un diplôme qui leur permettra d’investir plus tard?», s’interroge Djamila.

Pourtant, ce n’est ni la volonté ni la détermination qui leur manquent pour ouvrir cette brèche vers leur émancipation.

Elles sont 1.967 stagiaires qui suivent actuellement une formation aux activités manuelles dans les différents centres de formation professionnelle de la wilaya dont 587 se sont inscrites cette année.


Nordine Douici



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