Algérie

Salim (Simon, pour l’état-civil) Halali (1920-2005) ; L'histoire d'un amour interdit !



Salim (Simon, pour l’état-civil) Halali (1920-2005) ; L'histoire d'un amour interdit !

C'est l'histoire très peu connue d'un grand amour entre un juif et une jeune femme musulmane issue d'une grande famille de Souk Ahras.

C'est l'histoire du grand amour du célèbre chanteur Salim Halali et de Ryma ( Ce n'est pas son vrai prénom mais Salim la surnommait souvent ainsi et parfois par Fatouma ).

Salim et Ryma étaient des voisins mais aussi de lointains cousins par la grand-mère paternelle de cette dernière. En effet, le père de Ryma, un notable de Souk Ahras est le fils d'une juive arabisée convertie à l'Islam, issue de la très ancienne famille des Ouled Kakou ( اولاد قاقو ) de Souk Ahras.

Salim et Ryma ont grandi ensemble depuis leur très jeune âge. Ils étaient inséparables tel un frère et sa soeur.

Quelques années plus tard, devenue une très belle et jeune femme , Ryma s'était vu interdire par son père de revoir Salim devenu lui aussi , un grand et charmant garçon.

Séparés, les deux intimes adolescents avaient trouvé le moyen de se revoir discrètement chez la grande-tante paternelle de Ryma, Rimoun, qui est aussi une grande cousine aux Hilali de Souk Ahras.

Mis au courant de cette secrète relation, le père de Ryma , furieux et pris d'une grande colère , frappe Salim et interdit carrément à sa fille de se rendre chez sa tante Rimoun Kakou qui , contrairement à sa soeur ( La grand-mère de Ryma ) est restée de confession israélite.

Loin de Ryma, triste et désœuvré, Salim quitte Souk Ahras à l'âge de 15 ans et part à Marseille pour chercher du travail .

De retour à Souk Ahras deux ans après et avec un peu d'argent, il demande la main de Ryma à son père qui refuse catégoriquement de marier sa fille à un juif.

En effet, le père de Ryma avait déjà promis sa fille à un homme riche et très célèbre de Souk Ahras qui finit par l'épouser. Malheureux , Salim quitte définitivement Souk Ahras à l'âge de 17 ans pour Paris ( Il ne reviendra que pour une dernière fois qu'en 1958 )

Le mari de Ryma meurt deux années après son mariage dans un accident de la route.

Veuve , Ryma est forcée par son père d'épouser un cousin à lui , son ainé de 25 ans.

Elle s'installe avec lui à Annaba où il exerçait le métier de préparateur en pharmacie. De Annaba , ils partent à Tunis . Ryma a eu deux filles de son second mariage. À Tunis , elle se rapproche de son grand-oncle Joseph Kakou qui était un militaire ( Joseph est le père de Elie Kakou , le fameux comédien français qui jouait le personnage de Madame Sarfaty ).

À la mort de son second mari , Ryma quitte Tunis et s'installe avec ces deux filles à Bordeaux où elles terminent avec succès leurs brillantes études en médecine.

De son coté , Salim s'installe dans la capitale française où il chantait dans les cabarets . La France alors sous Vichy et fuyant la police française pro-nazi, Salim se réfugie dans la grande Mosquée de Paris pendant plusieurs mois. C'est le recteur de la Mosquée kadour Benghabrit qui lui donne le prénom de Salim pour le sauver des nazis. ( Voir le film , Les Hommes Libres de Ismaël Ferroukh. Il retrace le séjour de Salim Halali à la mosquée de Paris. )

Toujours amoureux de Ryma , Salim ne chantait que son nom. Il lui dédie sa première et célèbre chanson , Mahani Ezinne ( Éprouvé par sa beauté ) mais aussi Rimoun Rmetni, Fatouma taaz alaya ( Fatouma chère à mon coeur ) et beaucoup d'autres tubes.

En 1958 , Salim revient à Souk Ahras où il avait donné un concert à la place Thagaste là où on lui donne enfin des nouvelles de sa malheureuse chérie. De Souk Ahras , il part sur ses traces à Tunis où il apprend de Joseph Kakou qu'elle est partie en France à Bordeaux.

il part aussitôt à Bordeaux toujours à la recherche de sa dulcinée mais en vain. Ryma est partie avec sa fille ainée aux Etats-Unis après le mariage de cette dernière avec un riche américain.

En 1982 , alors installé à Casablanca au Maroc, Salim a enfin eu des nouvelles de sa bien-aimée Ryma par un Souk-Ahrassien ( Ex Ministre et ex ambassadeur ) mariée avec sa jeune fille.

Ce dernier organise alors une rencontre entre Salim et Ryma à Paris dans un célèbre restaurant. 54 ans après, les retrouvailles entre les deux vieux tourteauraux de Souk Ahras étaient tristes et très émouvantes . Salim avait improvisé en pleurant une chanson pour Ryma qui était aussi très émue, la célèbre Alach Ya Ghzali ( Pourquoi ma gazelle ) ( http://www.ournia.co/song/alach-ya-ghzali-4 ) . Salim apprend de Ryma qu'elle savait tout sur lui et sur sa carrière de chanteur. Elle lui apprenait qu'elle l'écoutait tous les jours et qu'elle connaissait par coeur toutes ses chansons.

Ryma est décédée à Bordeaux en 1986 à l'âge de 66 ans où elle est enterrée. Salim est venu du Maroc spécialement pour assister à ses funérailles où parait-il avait lu à haute voix la Fatiha à sa mémoire.

C'est la triste histoire d'amour du juif le plus arabophone et célèbre de Souk Ahras et la plus inconnue des Abla.

Sources :

- Brahim Merakta de Casablanca , proche ami de Salim
- La petite fille de Ryma ( Aujourd'hui à Bordeaux )
- Ancien témoignage d'une des soeurs du premier mari de Ryma
- La fille de Joseph Kakou ( Cannes )

#Salim_elhilali




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)