Salim Nedjel est pour les handballeurs algériens ce que Zidane représente pour les footballeurs français. Alors que le tournoi de Bercy s'est achevé et que les mondiaux de Croatie débutent aujourd'hui, j'ai saisi l'opportunité de l'interviewé. La rencontre a pu s'effectuer car il travaille pour la Ville de Paris au sein des différents centres scolaires sportifs et écoles municipales des sports pour promouvoir le handball auprès des jeunes. Ainsi, nous allons en apprendre un peu plus sur son parcours, ses projets de reconversion et sa vision du handball moderne.
Son parcours
Salim Nedjel, puissant arrière gauche d'1m91 90kg, est l'un des plus grands handballeurs que l'Algérie ait connu. Il a participé à 6 championnats du monde et aux Jeux d'Atlanta. C'est un joueur qui a connu quelques clubs dans sa longue carrière (17 ans) : Oran, Vigo en Espagne(5ans), ACBB, Créteil, Tremblay, Villemonble. Assurément ses années fastes auront été de 1995 (4ème meilleur buteur du monde et huitièmes de finaliste des championnats du monde remportés par les barjots) à 2004 (1/4 de finaliste de la ligue des champions avec Créteil) en passant par les jeux de 1996 (summum pour un sportif de haut niveau surtout lors de sa rencontre “magique” avec Mohamed Ali).
Ses projets
A l'issue d'une carrière aussi riche, la transition est forcément difficile. Il a en tête l'exemple de nombreux handballeurs qui ont sombré une fois leur vie sportive terminée. Ainsi, il conseille à tous les joueurs encore en activité de passer leurs diplômes car la reconversion est difficile. Les projets foisonnent dans son esprit. Pour le moment, il est consultant pour Al-Jazira TV (télévision nationale algérienne) et vient de consulter les matchs du tournoi de Bercy. Cette expérience a été enrichissante car elle lui a permis de prendre du recul par rapport au terrain. La reflexion sur les différents schémas de jeu utilisés, l'etude des profils des joueurs l'ont conforté dans sa décision de devenir à moyen terme entraîneur. Mais en France, les portes ne s'ouvrent pas facilement. Des entraîneurs comme Thierry Anti sont encore sur la touche. Lui ne demande qu'à coacher que ce soit en D1, D2 ou en National. Nul doute qu'avec une telle expérience, il amènerait forcément quelque chose au groupe qu'il côtoierait.
Le handball français
Malgré la présence de champions olympiques, il estime que la D1 est beaucoup moins forte qu'il y a une quinzaine d'années. Les championnats allemands et espagnols plus physiques et exigeants sont largement devant. Comme en football, les meilleurs joueurs s'expatrient pour des contrats plus juteux. Mais selon lui, les générations d'aujourd'hui sont formées sur d'autres principes (”Avant, on ne se faisait pas la bise avant un match, on se mettait bien pendant la rencontre, et après on allait boire un coup”). Et que dire des salles, en France, Montpellier, Chambéry ou Angers disposent de vraies salles mais que dire de Créteil ou Ivry (champion il y a 2 ans) qui “jouent dans un hangar”. En Espagne, tous les clubs jouent dans de vrais palais des sports qui sont bondés une heure avant le début des rencontres. Ce qui démontre une énorme ferveur populaire. S'il soutient que le handball souffre d'un déficit d'image, mais il salue l'initiative de faire jouer le final four de la coupe de la ligue à Miami. Cette opération de promotion du handball à l'étranger a été appréciée par l'ensemble des joueurs.
Les championnats du monde en Croatie
La Croatie (à domicile) et la France (championne olympique) font figure d'épouvantail dans ce tournoi. En équipe de France, “Abalo et Guigou sont de vrais extra-terrestres sans parler de Karabatic et Narcisse”, mais c'est son ami Sébastien Ostertag (remplaçant de Guigou) qui pourrait créer la sensation car il est en très bonne forme. De plus les bleus viennet une nouvelle fois de remporter le tournoi de Bercy qui malgré son côté préparatoire reste prestigieux et pris très au sérieux par les équipes y ayant pris part. D'autre part, ils savent qu'ils sont condamnés à de perpétuels exploits pour satisfaire à l'exigeance du public et des médias mais leur leitmotiv reste de glâner le maximum de titres. “Un joueur comme Karabatic qui n'a que 23 ans a déjà tout gagné, mais il en veut encore plus…”.Concernant son équipe nationale, elle est jeune mais peut surprendre. Il place de réels espoirs dans ce jeune arrière gauche Berkouse.
Salim Nedjel a plein de projets et c'est ce qui l'aide à avancer. A plus long terme, il aimerait développer le handball dans son pays natal en ouvrant des centres de formation. Nul doute qu'une telle mesure permettrait au handball algérien de progresser. Actuellement, ce sport ne survit que grâce à des entraîneurs passionnés dont le rôle s'apparente souvent à celui du père. Il souhaite aussi rendre à sa patrie ce qu'elle lui a apporté en devenant pourquoi pas un jour sélectionneur national.
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Posté Le : 09/01/2011
Posté par : handballalgerie
Source : aucomptoirdesports.unblog.fr