Algérie

Salim Aggar, Journaliste et Critique de Cinéma, à L’Expression «Le film Al Rissala a contribué à faire connaître l’Islam dans le monde»



Salim Aggar, Journaliste et Critique de Cinéma, à L’Expression «Le film Al Rissala a contribué à faire connaître l’Islam dans le monde»
Publié le 17.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Journaliste et critique de cinéma, mais aussi directeur de la chaîne de télévision AL24 news, Salim Aggar a plus d'une corde à son arc. L'enfant terrible de la presse et des médias, décortiqueur de l'image télé et cinéma, l'infatigable Salim Aggar a égayé cette année, le Salon International du livre d' Alger en publiant un livre passionnant sur les coulisses du film Al Rissala où il revient sur sa genèse tout en apportant des renseignements très rares, pointus et édifiants quant à son histoire et les acteurs principaux de sa fabrication. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, Salim Aggar est venu aussi avec son autre ouvrage ayant trait aux affiches algériennes de cinéma. Il nous parle ici de cette actualité et les dessous de ces deux livres non sans informer sur ses projets et perspectives....

L'Expression: Le Sila a été marqué cette année, par la sortie notamment, de votre livre qui nous renseigne, un peu plus, comme son nom l'indique, sur les coulisses du film Al Rissala?
Salim Aggar: L'idée au départ était de faire un documentaire sur le film Al Rissala de Mustapha Akkad, mais suite au refus de la télévision algérienne de produire le documentaire, je me suis rabattu sur le livre. L'oeuvre était moins coûteuse car un documentaire demandait un déplacement à l'étranger à la rencontre de quelques acteurs et techniciens encore en vie à l'image des acteurs, comme la star syrienne Mouna Wassaf et Mounir Maasri, le comédien libanais qui avait notamment, joué le rôle de Djaâfar. Je voulais faire comme le doc sur La bataille d'Alger, où j'ai retrouvé plus de 12 personnes ayant travaillé sur le film. Mais, par la suite, je me suis rabattu sur l'écriture d'un livre sur les coulisses du film Al Rissala, de Mustapha Akkad.

Sur quels documents vous vous êtes appuyé pour rédiger ce livre? Autrement dit, quelles ont été vos sources et est-ce que ça a été difficile pour vous d'en procurer? D'autant que vous avez mis, croit-on, plusieurs années pour pouvoir le réaliser et le boucler?
Le premier document sur lequel je me suis inspiré pour écrire le livre, est bien sûr le making-of du film qui existe dans la majorité des cassettes et des dvd de l'époque. Ensuite, j'ai découvert en 2010, le documentaire d'al Jazeera Documentaire réalisé par Mohamed Benhadj, qui s'est notamment intéressé au parcours du réalisateur syrien Mustapha Akkad. Par la suite, j'ai commencé à visionner tous les entretiens du réalisateur Mustapha Akkad accordés aux chaînes arabes et qu'on retrouve sur YoTube.
Je me suis, également, intéressé aux personnes qui ont travaillé sur ce film donc j'ai regardé les interviews de Mohamed Al Sanoussi, le producteur koweitien du film mais également les interviews des principaux comédiens Mouna Wassaf et Abdallah Ghaith....À cela, s'ajoute certaines vidéos et pots qui ont parlé des coulisses du film. Il faut dire qu'il n'existe aucun livre sur le film de Mustapha Akkad. Mon livre demeure le premier livre qui parle de ce film regardé par plus de 700 000 millions de musulmans, au moins une fois dans leur vie.

Quel intérêt portiez-vous, au départ, pour ce film?
Mon intérêt pour ce film est d'abord artistique, il est sans doute l'oeuvre cinématographique arabe la plus aboutie à ce jour et la plus célèbre dans l'histoire du cinéma après le film «La bataille d'Alger» de Pentecorvo. En tant que critique de cinéma, je me suis d'abord intéressé à l'oeuvre artistique avant d'aborder d'autres aspects d'ordre politique, religieux et même culturel. Le réalisateur produit le film en deux versions: une version arabe destinée aux pays musulmans et une version anglaise destinée à l'international. Il faut préciser que le film « Al Rissala» qui présente la naissance de l'Islam a été interdit dans tous les pays arabes à sa sortie. Le film avait un autre titre au départ:«Mohammed Messanger of God» (Mohammed le messager de Dieu». C'est après son avant-première à Londres. Le film a connu plusieurs problèmes, dont son interdiction dans plusieurs pays musulmans. Seule l'Algérie, la Tunisie et l'Iran avaient diffusé le film au cinéma. Mais par la suite, le film est diffusé en 12 langues à travers le monde. Le livre aborde la question complexe de la représentation du prophète(Qsssl) à l'écran et les différentes tentatives de faire des films sur l'Islam.

Qu'est-ce qui explique d'après vous l'engouement du public algérien pour ce film culte diffusé à de nombreuses reprises à la télévision algérienne?
D'abord, parce que c'est un succès mondial et de plus c'est un film qui évoque la naissance de l'Islam, et les gens en Algérie sont très religieux et s'intéressent à des films qui touchent à la religion. Il faut préciser que le film Al Rissala qui a été interdit durant des années de diffusion dans les salles et à la télévision, a été diffusé en Algérie en version arabe et française. Et sa diffusion quasi annuelle lors des fêtes du mouloud et des fêtes de l'aïd était devenue une tradition en Algérie. D'ailleurs pour l'anecdote, le film passe lors de ces dates sur toutes les chaînes algériennes: Echourouk, el Bilad, El hayet, Al Wataniya TV, el bahia Tv et même la chaîne du sport el Haddaf TV. Et cela à cause du succès du film dans les foyers algériens.

Vous avez publié aussi un autre livre, relatif cette fois à l'art de l'affiche de cinéma. Un mot là-dessus?
Oui, c'est un autre volet sur le cinéma algérien qui n'a jamais été abordé, celle des affichistes qui ont une part importante dans la promotion d'un film. À ce titre, comme pour le livre, c'est la jaquette d'un film qui attire le public. J'évoque l'affichiste des films de la révolution algérienne, le défunt Hiahemzizou Nouerredine, les artistes Slim, Arezki Larbi, mais également Chamesdine Belarbi, le dernier affichiste algérien. Le livre parle, par ailleurs, de l'affichiste de la cinémathèque algérienne François Roulet et l'affichiste italien du film la bataille d'Alger Alessendro Simeoni. Le livre contient, d'ailleurs, une trentaine d'affiches de différents pays du film de Pentecorvo édité à travers le monde. Le livre est une référence pour tous les historiens du cinéma et particulièrement pour les amoureux des affiches.

Avez-vous un autre projet de livre de prévu? Quel sera le sujet? Et comptez-vous publier d'autres livres prochainement qui seront liés, toujours, au monde du cinéma?
Oui, effectivement, je prépare la sortie en 2024, du livre sur les coulisses du film La bataille d'Alger. Un autre film que je connais bien, puisque j'ai réalisé un documentaire sur ce chef-d'oeuvre de Gillo Pentecorvo; «L'histoire du film La bataille d'Alger, sorti en 2018.
Ça sera aussi l'un des rares livres écrits sur le film La bataille d'Alger, avec des documents, des photos et des archives diffusés pour la première fois depuis la sortie du film. C'est aussi un travail de recherche que je mène depuis plus de 5 ans.
O. HIND



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