Algérie

Saliha Aït Mesbah. Directrice de la recherche et de la construction au ministère de l?Habitat et de l?urbanisme



« L?étude de microzonage avec les Japonais est un véritable transfert technologique » Le projet sur le microzonage avec les Japonais a revêtu un caractère « officiel » suite à la visite du président de la République au pays nippon. Le confirmez-vous ? Au lendemain du séisme du 21 mai 2003, une équipe d?experts japonais a séjourné en Algérie et a eu, notamment, à visiter les lieux du sinistre. Cette équipe a été reçue par le ministre de l?Habitat et de l?Urbanisme. Dans la discussion, nous avions abordé les aspects liés à la sismicité en Algérie. C?est ce en quoi ont consisté les premiers contacts avec la partie japonaise. Or il se trouve que notre ambassadeur au Japon est lui aussi venu en Algérie à cette période. Lors des entretiens qu?il a eus avec le ministre de l?Habitat et de l?Urbanisme, il avait réalisé que sur le plan sismique il pouvait y avoir une contribution de la partie japonaise. Il va sans dire que l?expérience des Japonais dans le domaine du génie parasismique n?est plus à prouver. Lors des discussions que nous avons eues avec notre ambassadeur, nous avions pensé à faire des propositions de projets d?études dans ce même domaine. Et c?est par la suite que nous avions choisi un certain nombre de projets à mener avec les Japonais. Suite à quoi il y a eu un retour de réponse favorable. Une délégation de la Japanese International Cooperation Agency (JICA) a séjourné à Alger en juillet 2004 pour s?informer des possibilités de concrétisation d?un projet de coopération. Après ce contact avec les membres de la JICA, nous avons pu délimiter les contours du projet. Cette coopération fera prochainement l?objet d?une signature de convention entre les deux parties. Cette étude sera menée conjointement par les experts japonais et algériens. Des séances de travail préparatoires ont été menées avec la contribution des experts des autres secteurs. L?on peut citer à titre d?exemple les chercheurs et collègues du CRAAG, du CGS, ceux de l?Aménagement du territoire, de la Protection civile. Certains chercheurs du CRAAG se sentent a priori marginalisés dans ce projet qui ne les associerait qu?en tant que provider d?informations ? Le CRAAG a été représenté par son premier responsable et associé à toutes les séances de préparation. Le CRAAG avait émis le v?u d?être associé en amont à cette étude, ce qui est tout à fait légitime, dès lors qu?il dispose d?un potentiel humain non négligeable et d?une expérience certaine à mettre à profit dans cette étude. En quoi toutefois ce projet, premier du genre en Algérie, est-il particulier et quelle est son importance quant à la gestion du risque sismique ? Il s?agit d?une étude de microzonage d?Alger au sens large du terme parce qu?il s?agit d?aller vers une étude complète qui prendra en charge aussi bien l?aléa sismique de la wilaya que le microzonage sismique et également les études de vulnérabilité de certains bâtiments stratégiques. Lorsque nous avions transmis les fiches techniques à la partie japonaise, nous avions demandé à ce qu?il y ait une assistance technique pour nous permettre de mener lesdites études pour un certain nombre de wilayas que nous jugeons prioritaires par rapport au risque sismique. Or les Japonais ont préféré focaliser toute cette énergie sur la wilaya d?Alger à l?effet de nous permettre d?acquérir de l?expérience à travers un véritable transfert technologique et de permettre aux Algériens de se prendre en charge ultérieurement pour ce qui est des autres wilayas comme Oran et Constantine qui sont listées régions devant impérativement avoir une couverture en études d?aléa sismique et de microzonage. Vous avez présidé le Groupe technique spécialisé (GTS) qui a été chargé, dès juin 2003 par le ministère de l?Habitat et de l?Urbanisme, de revoir certains articles du RPA 99. Quel aura été, selon vous, l?impact de la nouvelle carte de l?aléa sismique quant à cette révision dite « court terme ? » Avant d?aborder l?importance de la carte d?aléa, il faut revenir aux objectifs que nous recherchons à travers l?élaboration d?une réglementation portant sur la construction dite parasismique. En fait, nous ciblons trois objectifs principaux. Le premier est qu?une construction qui subit un séisme de faible intensité ne doit subir aucun dommage. Le deuxième est qu?en cas de moyenne intensité nous devons arriver à avoir une construction qui ne subira que des dommages structurels légers. Et le troisième est qu?en cas de séisme d?intensité élevée la construction ne s?effondre pas. Parce qu?il s?agit avant tout, et c?est notre principale préoccupation, de préserver des vies humaines. Ce sont là les objectifs que nous recherchons à travers cette réglementation qui ne cesse d?évoluer depuis des décennies déjà. Pour revenir à la modification de certains chapitres du RPA, il faut, entre autres, savoir qu?elle est inhérente à l?importance de la magnitude (6,8 sur l?échelle ouverte de Richter) du séisme du 21 mai 2003 et des valeurs d?enregistrement que nous avons obtenues. Maintenant, concernant la relation entre la carte d?aléa et la révision du RPA, en fait, l?on s?était rendu compte que les valeurs d?accélération étaient élevées par rapport à ce qui était préconisé dans le RPA, d?une part. D?autre part, les études régionales d?aléa sismique réalisées pour les régions d?Alger, de Mascara et de Chlef ont confirmé l?importance de ces valeurs. Le RPA version 2003 est enrichi de nouvelles dispositions constructives... Parmi les points qui étaient à l?ordre du jour des différentes séances de travail du GTS, lesquels points ont été examinés par les différents spécialistes et experts présents, je voudrais attirer votre attention sur un aspect qui a suscité un large débat. Il s?agit de la nécessité d?exiger désormais des études des sols pour toutes les constructions à ériger sur le sol algérien, exception faite pour celles qui ne sont pas importantes sur le plan de la hauteur et de la surface. Nous avons également, suite aux pathologies et aux désordres constatés à Boumerdès entre autres, décidé, en tant que groupe, d?éviter de construire aux abords des falaises. Par ailleurs, il est à noter que pour la première fois dans le RPA, nous donnons la définition de l?étage souple. Nous avons attiré l?attention des architectes et ingénieurs pour veiller à vérifier si réellement l?étage souple existe vraiment dans le cas des portiques autostables en béton armé avec remplissage en maçonnerie. Nous insistons aussi sur le dimensionnement des poteaux d?angle et de rive qui doivent être dimensionnés de la même manière qu?un poteau intermédiaire. Nous attirons aussi l?attention sur le coulage des poteaux en une seule fois et sur toute sa hauteur, sachant que les poteaux sont des éléments qui participent à la stabilité des ouvrages. Voilà en somme quelques-unes des modifications apportées. Qu?en est-il de la vulgarisation du RPA ? Il est vrai qu?il ne sert à rien de fournir des efforts pour améliorer un règlement technique si l?on ne songe pas à sa vulgarisation. C?est d?ailleurs là l?une des orientations du ministre de l?Habitat et de l?Urbanisme, qui a exigé qu?à l?issue des travaux du GTS, et une fois que le règlement approuvé, adopté et publié dans le Journal officiel, à ce que tous les techniciens, ingénieurs et architectes soient informés des modifications introduites dans le RPA. A cet effet, des journées d?études ont été organisées. Pour ce qui est dudit document, il faut savoir que le CGS a été chargé par le ministère de l?Habitat et de l?Urbanisme de procéder à l?édition de ce document. Actuellement, il est disponible dans les librairies.


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