Algérie

Sale temps pour les partisans de la paix



Nous voici entrés de plain-pied dans la zone des tempêtes, perspective à peine imaginable il y a quelques années. Les foyers de tension portent la caractéristique d'être situés à nos frontières. Ils sont d'apparence localisés, et de ce fait, la diplomatie algérienne s'emploie à les circonscrire dans un cadre africain s'efforçant dans le même temps de rattraper son éclipse d'une décennie. Mais cette volonté de désamorcer les conflits qui met en avant les vertus du dialogue pacifique, la paix et le bon voisinage se heurte à de nouvelles donnes.En effet, pour tous les pays qui partagent la même vision que l'Algérie et qui se mobilisent pour éviter l'extraterritorialité des crises, un recul s'impose. L'Afrique aux Africains est une promesse qui aura vécu. Il est donc important de s'interroger sur l'efficience des structures de gestion des affaires africaines de l'UA. Si du côté algérien le retrait de la candidature de la Libye, en proie à d'énormes dissensions internes, au profit du Makhzen, est vu comme un retournement de veste inacceptable, force est de croire à ses répercussions autrement plus redoutables. L'entrée en jeu de l'Etat sioniste d'Israël (situé au Moyen-Orient !) par le truchement de son entrée par effraction à l'Union africaine, même en qualité de membre observateur, se situe dans une dimension plus globale.
La doctrine expansionniste et philosophique (sionisme, apartheid) vise à asseoir sa présence en tant qu'acteur incontournable en Afrique, et surtout dans sa partie nord. Son «entrisme» est facilité par la servilité de certains Etats et personnalités politiques africaines corrompues. Le terrain ainsi balié explique le nombre de plus en plus grand de reconnaissances et des « normalisations ». De là à dire que les jeux sont faits, il n'y a qu'un pas ! Cette digression sur les prétentions d'un Etat usurpateur démontre à quel point le Maghreb et la région sahélo-saharienne sont désormais plongés dans de violentes luttes d'influence mettant en branle des puissances extra-africaines, européennes. Ces dernières sont susceptibles d'être un régulateur des tensions ou un facteur d'explosion armée des conflits latents. Aucune des puissances impliquées ne semble disposée à faire de concessions quant aux parts de marché convoitées. Pétrole en Libye, uranium au Niger, richesses du sous-sol encore inexplorées du Mali expliquent, pour une part, la féroce compétition à laquelle ils donnent lieu. Mais pas seulement.
De nouveaux équilibres géopolitiques sont recherchés à travers la remise en cause d'une réalité héritée des indépendances post-Seconde Guerre mondiale. Victime de cette redistribution des cartes, la France est de plus en plus affaiblie avec la fin de la « Françafrique ». Au profit de la Chine, nouveau acteur de poids dans les relations internationales, de la Russie, allié traditionnel de nombre de pays africains, en l'occurrence l'Algérie, la Libye et aussi le Mali. Quant à la Turquie qui a pris pied militairement (base) en Libye à l'appel de Tripoli, elle motive sa démarche par le souvenir nostalgique de supposés droits historiques hérités de l'Empire ottoman. L'Algérie qui refuse de servir ses calculs se voit alors pénalisée par la vente au Makhzen de drones armés (Bayraktar TB2) offensifs entrés déjà en action avec l'assassinat des trois routiers algériens dans la zone contrôlée par le Polisario.
Quant à eux, les Etats-Unis qui restent les maîtres du jeu, veillent à ce que la nouvelle répartition des aires d'influences géopolitiques ne se fasse pas à leur détriment. L'Etat d'Israël se pose en embuscade. Terrible équation.
Brahim Taouchichet


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)