Algérie

Sale temps pour la presse



Comme les années précédentes, les journalistes algériens rencontrent des difficultés à accéder aux sources d'information, surtout au niveau des hautes instances de l'Etat et des administrations locales. La fermeture de tous les canaux de communication laisse donc la voie ouverte aux spéculations.La Journée internationale de la liberté de la presse est célébrée, cette année, sous le signe de nouvelles restrictions contre tout ce qui représente, dans le pays, la presse. Pour mieux «gratifier» la presse algérienne, le pouvoir lui a offert un cadeau : la veille de la date célébrant la liberté de la presse, il attaque en justice El Khabar, l'un des rares journaux arabophones qui ont réussi à s'imposer tout au long des 25 ans de multipartisme médiatique que connaît l'Algérie. Non content d'avoir étranglé le journal en exerçant un chantage sur les annonceurs privés ? mesure qui a touché également El Watan ? le pouvoir veut donc pousser El Khabar à l'asphyxie financière.Car interdire la cession de certaines actions en faveur de Cevital signifie une volonté de mise à mort du titre. Alors qu'il a fait mine d'inscrire plus de libertés dans la nouvelle Constitution, adoptée en mars dernier, sans que les décrets d'application ne voient encore le jour, le pouvoir fait le contraire. En représailles contre la publication d'articles évoquant la création de sociétés offshore par des responsables algériens, le ministère de la Communication a retiré la publicité publique à certains journaux à grand tirage. C'est le cas du quotidien Liberté.Sous prétexte d'avoir «porté atteinte» à l'image du chef de l'Etat, des journalistes français ont été interdits de visa d'accès en Algérie. Un fait dénoncé par de nombreuses organisations internationales de défense des droits des journalistes et de la liberté d'expression qui estiment que ce genre de comportement ne favorisent en aucun cas la promotion de la liberté de la presse. En plus de ces mesures de coercition, les autorités continuent d'harceler des journalistes pour leurs écrits. C'est le cas d'un journaliste du quotidien gouvernemental El Djoumhouria (qui paraît à Oran) qui fait l'objet de l'acharnement de son directeur de la publication.Poursuivi pour «atteinte au Prophète», le rédacteur a pourtant été blanchi en première instance par le tribunal d'Oran. Mais son patron fait appel. L'affaire sera donc jugée en appel. Une blogueuse de Tlemcen, Zoulikha Belarbi, a été traînée dans les tribunaux pour avoir caricaturé le chef de l'Etat. Elle s'en est sortie à bon compte suite à la mobilisation des associations de défense des droits de l'homme. Mais elle a servi d'exemple à ceux qui seraient tentés de dessiner Abdelaziz Bouteflika ou toute autre personnalité du pouvoir.Comme les années précédentes, les journalistes algériens éprouvent d'énormes difficultés à accéder aux sources d'information. Cela est surtout valable au niveau des hautes instances de l'Etat et des administrations locales. La fermeture de tous les canaux de communication laisse donc la voie ouverte aux spéculations. Autre caractéristique du secteur de la presse en Algérie : après avoir permis la création de dizaines de titres, généreusement arrosés de la publicité étatique pour tenter de noyer les vrais journaux, le pouvoir se retrouve devant l'implacable réalité du marché.Ne pouvant donner de la publicité à tous ces journaux, il est contraint d'assister à la fermeture de beaucoup d'entreprises de presse avec un coût social exorbitant. Des dizaines de salariés se retrouvent du jour au lendemain sans emploi. Incapables de faire face à la moindre charge, les entreprises dissoutes ne peuvent même pas verser les indemnités de départ de leurs employés. A tous ces problèmes s'ajoute l'absence d'un cadre législatif qui régit la presse dans le pays. Car après avoir adopté une nouvelle Constitution, le pouvoir devra changer tout l'arsenal juridique qui régit certains secteurs, dont la presse qui se retrouve ainsi sans loi. Et rien ne semble se profiler à l'horizon.




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