Algérie

«Sale guerre pour Marcel», humaniste, émouvante' Théâtre



«Sale guerre pour Marcel», humaniste, émouvante'                                    Théâtre
«Tu plaisantes ! Retourner là-bas, c'est de la folie !Tu as bien entendu parler de tous ces attentats ! des morts, toujours des morts ! Tu n'en n'as pas vu assez '», avertit Marcel. «Il faut que tu réalises qu'il y a toujours des vivants», réplique Jamila.
Deux tirades époustouflantes marquant le prologue d'une production théâtrale sur un épisode de la guerre d'Algérie mise en scène par le Franco-Algérien Abdou Elaïdi, et jouée en avant-première, dimanche dernier, à Montbonnot-Saint-Martin, près de Grenoble. Un texte de toute beauté qui a arraché des larmes à des spectateurs, découvrant une histoire loin des clichés et des stéréotypes habituels. Un traitement de l'histoire juste et humaniste.
Une création sensible tant le thème demeure inéluctablement sujet à caution. A conjectures. Ce sont les péripéties d'un ancien combattant français de la guerre d'Algérie qui, une fois de retour dans son pays, accablé de remords et de regrets, plonge dans l'alcool et se mure dans un silence sépulcral. Marcel, dit «l'ancien», finit par dépoussiérer sa mémoire. Il est envahi par des souvenirs hideux. Les langues se délient' Commence alors un déballage de faits historiques esthétiquement mis en valeur par des flash-back, grâce au brio de Karim Houari, un génie de la lumière et le professionnalisme de Patrick Richon dans le son et la musique.
Les quatre comédiens talentueux, Madey Antoniolo, Hélène Gaud, Denis Beaudoin et Jacques Métral, tous Français, ont su, avec justesse et maestria, réparer certaines injustices, rééquilibrer certaines thèses' réconcilier des humains. Il n'était pas question de pardon, encore moins d'oubli. Mais, au baisser de rideau, on en sort comme apaisés d'un lourd fardeau longtemps porté et difficilement perceptible.
La meilleure illustration de la réussite de cette production est l'aveu humble et émouvant d'un ancien combattant français qui était dans les Aurès en 1957 et 1958 et qui ne pouvait s'empêcher de se regarder dans cette pièce, même s'il n'avait pas le prix du billet d'entrée «Je n'avais pas assez d'argent sur moi pour le prix d'entrée de la pièce ('). Un grand bravo aux auteurs et aux quatre acteurs du spectacle. Tout y était, bien perçu et bien rendu'». M. Robert, c'est de lui qu'il s'agit, s'était acquitté du prix du billet le lendemain de la représentation.


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