Un attentat suicide contre une caserne le jour même del'ouverture des Jeux africains. Les commanditaires de l'attentat ont peut-êtrechoisi de manière délibérée ce jour de fête pour commettre cette boucherie.Histoire de nier à cette société, éprouvée, laminée, fatiguée par tant deblocages incompréhensibles, qu'elle n'a pas le droit de souffler, de rire, des'amuser.Il n'y a plus rien de politique ou d'idéologique dans cesactions sanglantes. En dépit de la vague référence à un djihad mondialisé sousle label fumeux d'Al-Qaïda, il n'y a qu'une pulsion de mort. Aucun projetpolitique et encore moins islamique. Il n'y a que des suicides et desassassinats à offrir. Rien d'autre. Une détestation rageuse de cette envie devivre que les Algériens arrivent parfois à exprimer malgré les vicissitudes duquotidien, les perspectives sociales ternes et un verrouillage politiquedurable.Dans cette jeunesse algérienne constamment tentée pardifférentes formes de suicide, il faut, sans hésiter, chercher à entretenir cequ'elle a de plus naturel: l'envie de faire la fête. On l'a vu à l'occasion dela finale de la Coupe d'Algérie: une ville a trouvé une occasion de libérer untempérament méditerranéen rieur, enjoué, qu'on avait cru disparu, «éradiqué»même par le long traumatisme d'une décennie dont on n'arrive ni à déceler lacouleur, ni à en tourner définitivement la page.On sait que nous ne sommes pas un peuple triste, même sinos villes le sont trop et n'ont pas grand-chose à offrir pour que lespulsations contenues de la vie se libèrent, même si nos fêtes nationales sontdevenues trop officielles, exclusivement officielles. On sait aussi que lesjeunes ne font pas des émeutes pour le simple plaisir de casser et on estprofondément bouleversé, impuissant de les voir mettre leur vie en péril dansdes «hargas» sans but. On sait tout cela et il y a même un assez large consensuspour souligner la responsabilité d'un système qui cultive, jusqu'àl'aveuglement, l'autosatisfaction comme politique face à une société qui abesoin d'un dessein et de justice.Mais, de manière générale, la société algérienne sait -elle en a payé le prix fort - que la violence ne mène nulle part et qu'ellen'est pas un moyen de changer les choses. Elle le sait, en dépit d'une paixéquivoque organisée par le haut qui interdit de verbaliser le traumatisme et dele nommer afin de ne pas avoir à mettre en oeuvre les changements qui éviterontla répétition du drame. Pourtant, il faudra bien y venir un jour.Mais en attendant, on sait aussi que le GSPC ou la Qaïdamachin-chose n'ont aucun avenir. C'est pour cela qu'il ne faut pas bouder cedébut de fête africaine, même si les médias internationaux lui donneront moinsd'importance que l'attentat de Lakhdaria. Il faut se réjouir de cesretrouvailles africaines, car une certaine forme du complexe de «khaouagua» alongtemps détourné notre attention - et notre économie - du continent où noussommes.Salam Africa !
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Posté Le : 12/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com