Le coup de poignard dans le dos
Les «fonctionnaires» du palais Zighoud-Youcef ont roulé dans la farine leurs électeurs.
Faut-il continuer à remuer le couteau dans la plaie? Les langues n’ont pas fini de se délier après la spectaculaire hausse des salaires des députés. Pas de crash boursier à l’horizon. L’économie algérienne a subi le choc comme l’ont subi des citoyens, dont la colère a été longtemps contenue. Elle est omniprésente et n’est pas près de s’éteindre.«Je ne revoterais plus jamais de ma vie, enfin du moins pour ce qui me reste à vivre!», nous a lancé, hier au cours d’une discussion, un retraité, poissonnier de son état à Béjaïa. «C’est une trahison!», enchaîne un de ses clients. Les élus de la nation ont, semble-t-il, fait un bébé dans le dos à leurs électeurs. Les réactions de ce type ont été légion après l’annonce officielle de la hausse des salaires des députés de 300%. «Indécent!» C’est peut-être le «maître mot» qui peut résumer l’ensemble des réactions à travers le territoire national. Aucune explication plausible ni convaincante n’a été fournie pour expliquer le mérite d’une telle récompense. D’un tel cadeau. A moins que le père Noël ne soit passé avant l’heure en Algérie. Pas de haut fait d’armes à signaler. Pas de médaille olympique décrochée. Nos députés ont dormi et se sont subitement réveillés, de la monnaie, des billets plein les poches. La baraka. Un don de Dieu. L’Algérie est un pays où tous les miracles peuvent avoir lieu. Pas besoin d’aller à Lourdes. C’est juste à côté. Cela se passe à l’intérieur du palais Zighoud-Youcef. Il suffit de lever la main. Les deux mains, c’est encore mieux. On peut recevoir le double de ce que l’on a demandé. «Aux innocents les mains pleines», dit-on. Ce n’est pas la particularité de nos élus qui n’ignorent surtout pas toutes les portes et les privilèges qu’ouvre le statut de député. Immunité parlementaire, passeport diplomatique, prêts bancaires...et des vacances à longueur d’année, pendant cinq ans. C’est à l’intérieur de l’Assemblée nationale que se font et se défont les lois de la République. C’est à l’intérieur de l’Assemblée nationale que sont soumises et débattues les préoccupations citoyennes. C’est aussi à l’intérieur de ce lieu que fut rejetée la proposition d’allocations pour les chômeurs. C’est aussi là que fut votée la loi qui sanctionne de cinq ans de prison tout candidat à l’émigration clandestine. La liste pourrait être longue. Les citoyens algériens ont le sentiment d’être mal représentés par leurs élus. La démobilisation gagne du terrain. Le divorce est consommé entre l’ensemble de la classe politique et la population. La meilleure preuve est constituée par le scrutin d’avril 2007.La nouvelle Assemblée nationale n’a été élue qu’avec à peine 36% des suffrages exprimés. Les prochaines élections risquent de souffrir encore plus de la légitimité populaire à l’avenir. Ce qui n’a pas l’air d’émouvoir outre mesure nos élus. Les électeurs, quant à eux, pourraient en faire une arme redoutable. Le processus semble s’être enclenché.
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Posté Le : 21/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed TOUATI
Source : www.lexpressiondz.com