Algérie

Salaire, retraite... Le déballage des magistrats de la Cour des comptes


Le secrétaire général du Syndicat national des magistrats de la Cour des comptes (SNMCC),  M. Benhalla Saad-Eddine, n'a pas mâché ses mots hier à l'occasion d'une assemblée générale organisée à l'hôtel Essafir (Alger) pour débattre des problèmes de la corporation. « On s'est retrouvés seuls face à une entreprise de destruction orchestrée contre nous », a déclaré d'emblée le SG du SNMCC, en déplorant, devant quelques dizaines de syndicalistes, les conditions socioprofessionnelles pour le moins difficiles des magistrats de la Cour des comptes. « Il est urgent de mettre un terme à ce climat délétère qui existe au sein de notre corporation », a-t-il encore ajouté, en soulignant que l'assemblée générale est une occasion pour se mobiliser pour de meilleurs salaires et une retraite digne. Les problèmes de nomination, de fonction, de recrutement, de postes budgétaires, de valorisation des magistrats étaient hier autant de problèmes énumérés par M. Benhalla, qui ira même jusqu'à déclarer « qu'on vit pratiquement dans l'illégalité à la Cour des comptes ». Les problèmes à la Cour des comptes se sont, selon lui, tellement accumulés que les magistrats sont réduits à résoudre des difficultés d'intendance au détriment de leur travail. « On n'arrive pas à comprendre le silence des autorités », souligne-t-il encore, en saluant au passage le courage de tous les magistrats qui ont été sanctionnés pour leurs combats au sein du syndicat. Il faut savoir que lors de la réunion des magistrats, les questions des salaires et de la retraite occupent l'essentiel des préoccupations. Ainsi, les syndicalistes n'arrivent pas, ont-ils expliqué hier, à comprendre comment au moment où l'on procède à l'augmentation des salaires de tous les fonctionnaires de la fonction publique, les magistrats de la Cour des comptes sont maintenus sur leurs anciens salaires. « Il y a une absence de transparence en ce qui concerne les salaires », a déclaré le SG du SNMCC, en rappelant que le salaire d'un magistrat stagiaire, par exemple, ne dépasse pas les 18.000 dinars, alors que celui d'un autre magistrat de la Cour des comptes, qui a gravi plusieurs échelons, est maintenu entre 50.000 et 60.000 dinars. M. Benhalla, qui informera qu'un dossier complet comportant toutes ces revendications a été remis il y a longtemps au président de la Cour, revendique au nom du syndicat une augmentation salariale au même titre que les autres fonctions supérieures. « L'heure est grave », lance un magistrat, qui fera remarquer à l'assistance que les salaires n'ont pas bougé depuis 1995. Il rappellera qu'en 2003 pourtant, les autorités avaient donné leur accord pour aligner les salaires des magistrats de la Cour des comptes sur ceux des magistrats de la justice; mais à ce jour, aucun décret d'application n'a été signé. Même problème en ce qui concerne la retraite, malgré l'ordonnance n° 95 23 du 26 août 1995 portant statut des magistrats de la Cour des comptes. Dans son article 55, l'ordonnance stipule pourtant clairement que « les magistrats de la Cour des comptes bénéficient du régime de retraite applicable aux cadres supérieurs de l'Etat ». Aucun décret, relève-t-on du côté du SNMCC, n'est venu pour faire appliquer cette ordonnance conformément à l'aliéna 2, qui précise que les conditions et modalités du présent article seront précisées par voie réglementaire, à savoir dans ce cas de figure par un décret. Les magistrats nommés par décret avant 1995 se voient quant à eux aujourd'hui refuser carrément le statut de cadre supérieur pour la retraite et sont classés dans la catégorie du régime général. « On est en train de cultiver les incohérences à la Cour des comptes », s'est cabré hier le secrétaire général du Syndicat national des magistrats de la Cour des comptes. M. Benhalla ne compte pas désarmer pour autant. Ainsi, au terme de l'assemblée générale, les magistrats, dans un vote à main levée, ont accordé au secrétaire général et au bureau syndical, dont le mandat a expiré depuis près de deux mois, la tâche de suivre auprès des autorités compétentes le dossier des salaires et de la retraite. Rendez-vous est donc pris pour la prochaine assemblée qui aura lieu, semble-t-il, dans un mois pour décider des suites à donner à la contestation des magistrats de la Cour des comptes.


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