Algérie

Salah Hannoun. Avocat, militant, défenseur des droits humains



  Qu'en est-il de l'affaire de l'indemnisation des fausses victimes ' Pour prétendre à une indemnisation, il faut obtenir la condamnation de l'inculpé/accusé - dans ce cas gendarmes/policiers. Connaissant la non-indépendance de la justice, les longs délais des procédures et la méfiance des citoyens face au système judiciaire, on comprend bien que le citoyen choisira la voie la plus facile, à savoir l'indemnisation offerte par les walis. Et en choisissant une telle procédure, il se désiste ipso facto de la possibilité d'un procès équitable, à considérer que cela ait un sens en Algérie. Selon l'article 23, pour prétendre au statut de victime, il faut avoir obtenu au préalable la décision de reconnaissance de la qualité de victime, établie par le wali, la décision d'attribution de la rente mensuelle au titre des dommages corporels et la fiche d'expertise médicale fixant le taux d'incapacité permanente partielle établie par la Caisse nationale d'assurances sociales (pour les blessés). Comme on le constate, la procédure est longue et passe par les institutions de l'Etat sans oublier les rapports des services de sécurité.Normalement, ces filtres sont là pour éviter l'intrusion de « fausses victimes ». Et si cela est arrivé, c'est qu'il y a eu complicité au niveau de ces structures d'Etat. Mais connaissant l'épisode des « moudjahidine faussaires » et l'endémique corruption qui gangrène le pouvoir, je ne serais aucunement surpris de l'existence de « fausses victimes ». Pour les victimes assassinées, le nombre est connu : 126. Il n'y a pas matière à grossir les rangs. En revanche, concernant les blessés, des rumeurs furent distillées sans chiffres. Elles auraient deux objectifs : récompenser la clientèle du pouvoir qui a servi d'indicateur durant ces événements et discréditer, par ricochet, le mouvement des Aârouch en faisant de lui un mouvement populiste corrompu (payer pour avoir un témoignage écrit) et en lui faisant porter la responsabilité de tourner le dos aux véritables victimes, comme ce fut le cas au parti FLN.


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