Algérie - Salah Bey


La Régence ottomane d’Alger n’a pas été une histoire sans histoires, bien au contraire.
Tout au long des trois siècles durant lesquels les ottomans ont exercé leur autorité sur l’Algérie, la course au pouvoir, les troubles, les complots, et les assassinats n’ont jamais cessé.
Une longue liste de noms de Pachas, Deys, et Beys illustre bien cette période mouvementée. Certains n’ont gouverné que quelques heures avant d’être assassinés.
Malgré cela, il y a ceux qui ont réussi à régner pendant de longues années. Ceux dont la mémoire populaire se souvient aujourd’hui encore. Parmi eux, nous retrouvons le nom de Salah Bey. Il a gouverné le Beylik de Constantine pendant vingt ans. La mémoire populaire lui conserve l’image d’un homme généreux et proche du peuple.
Salah Bey Ben Mostefa est né à Izmir dans l’ouest de la Turquie en 1725. A l’âge de 16 ans il quitte son pays natal et débarque à Alger. Il est d’abord cafetier avant de s’engager dans l’armée. Là, il se fait remarquer pour sa bravoure et son farouche engagement contre les espagnols.
Il participe à de nombreuses campagnes contre la présence espagnole au Maghreb et réussit de cette manière à gravir les échelons de la hiérarchie militaire. En 1765, le Bey Ahmed El-Kolli le nomme Khelifa du Beylik de Constantine. Il est alors bras droit et premier suppléant du Bey.
Son amitié avec lui s’était consolidée par son mariage avec la fille du Bey des années auparavant. Ce qui l’a certainement aidé à occuper le poste de Bey de Constantine en 1771, à la mort de Ahmed El-Kolli.
Salah Bey a fait figure de prince et non pas de simple Bey. Quatre années après avoir été nommé, il se porte au secours d’Alger, attaquée par la flotte espagnole. Sa participation à la défaite de l’armada est incontestable. Et cela lui donne le titre de défenseur de l’Islam. Il entreprend par la suite de doter sa capitale de beaux ouvrages architecturaux. Notamment celle du pont d’El-Kentara qu’il a fait restaurer. Mais encore des mosquées et des medersas qu’il a organisé en véritables universités.
Il réorganise le tissu urbain de la ville et lui adjoint des canaux d’irrigations et des jardins. La ville de Constantine devient alors une très belle ville où il fait bon vivre. Salah Bey acquiert une notoriété et une popularité exceptionnelle.
Mais, en parallèle, il se fait également de nombreux ennemis parmi les tribus du Sud qu’il oblige à payer l’impôt. De nombreux chefs religieux s’opposent à son autorité. Une opposition qu’il n’hésitera pas à réprimer violemment.
Ses nombreux ennemis feront que le Dey d’Alger le destituera de son poste et nomme à sa place Ibrahim Bey dit Bou Sbaâ. Salah Bey n’hésitera pas à faire assassiner cet intrus et à entrer en conflit avec le pouvoir central à Alger.
Mais la nouvelle en ville divise la population en deux clans. Le premier décidé à venger Ibrahim Bey, et l'autre à défendre la cause de Salah Bey. Durant plusieurs jours la population s’affronte dans les rues de Constantine. Il y aura un grand nombre de morts et de blessés, sans avantage décisif poux aucun des deux partis.
Heureusement cela ne durera pas longtemps. Bientôt, le Dey d’Alger envoie un nouveau Bey pour Constantine, le Bey Hossein ben Hassan.
Il arrête Salah Bey et le fait exécuter. C’était en 1792. Salah Bey est depuis enterré au mausolée de Sidi El-Kettani. A côté de la mosquée du même nom que lui-même avait fait construire.
La légende attribue à ce drame le port des femmes constantinoises de la Mlaya noire.
On doit aussi à cette histoire la célèbre chanson populaire, interprétée par Mohamed Ettahar Fergani : Galou Laârab Galou …Ma na’ttouchi Salah wa la Malou


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