Saison révolutionnaire '

Le fameux «Printemps de Prague» a-t-il eu lieu au printemps ' A la vue du temps pluvieux sur les images d'archives, la question se pose. Et la réponse est non, puisque cette révolte a commencé en janvier 1968. Au point de vue climatique, l'expression est donc erronée.Cela dit, ce «printemps» est survenu au milieu d'une période de «dégel» de la Guerre froide que menaient entre eux les blocs de l'Est et de l'Ouest. Cette saison relève donc plus du climat politique que météorologique.Il va de même pour les «Printemps arabes», commencés en décembre 2010 en Tunisie, pays où la présence du jasmin pouvait apporter peut-être une justification botanique. Rappelons d'ailleurs que l'inventeur de cette formule n'est autre que le président américain Georges W. Bush qui, le premier, l'avait utilisée en parlant des élections irakiennes de février 2005. Sur le plan de la météo, on est déjà un peu plus plus proche de la réalité. Pour la pertinence politique, c'est une autre histoire?Un des printemps les plus météorologiquement corrects est probablement le "Printemps berbère" puisque ses manifestations, débutées à Tizi Ouzou, pour la reconnaissance de la culture amazighe s'étaient déroulées entre mars et avril 1980. Mais d'où vient précisément cet usage politique de la belle saison ' Parmi les plus anciennes occurrences, on retrouve le «Printemps des peuples» de 1848, qui désigne des soulèvements contre la monarchie dans plusieurs pays d'Europe. Ces derniers s'étaient d'ailleurs déroulés durant le premier trimestre de l'année en Italie, en France, en Allemagne? L'image printanière, qui a connu depuis de nombreux avatars et un succès non démenti, est systématiquement convoquée pour sa symbolique de période de renouveau et de changement.Peut-être que la périphrase permet aussi de masquer, sous le bourgeonnement des fleurs, le sang et la mort que comportent ces affrontements ' En tout cas, il est avéré que plusieurs de ces printemps politiques ont mené à des hivers tristes et sombres.