Algérie

Saison de migration vers le nord : 30.000 têtes d'ovins en transhumance dans la wilaya d'Oran


Comme depuis plus de trois ans, des dizaines d'éleveurs se trouvent, depuis la mi-juin, sur le territoire de la wilaya d'Oran à la recherche de terrains de pâturage.

Du coup, ce sont les agriculteurs devant louer leurs terres après avoir achevé précocement leurs moissons, ainsi que les bouchers qui se frottent les mains. Cette transhumance précoce concerne essentiellement les éleveurs en provenance des régions steppiques ouest qui, ne trouvant plus des terres de pacage à proximité de points d'eau et de moyens d'abreuvage de leur cheptel, situées autrefois au niveau des wilayas à forte céréaliculture à l'instar de la wilaya de Tiaret, poussent plus au nord pour atteindre les communes du sud de la wilaya d'Oran comme Oued Tlélat, Boufatis et Gdyel. A propos de leur nombre, M. Mansouri, président de la Chambre d'agriculture de la wilaya d'Oran, nous apprend qu'il est en régression par rapport aux années précédentes et, cette année, ce sont environ 30.000 têtes d'ovins qui ont foulé le territoire de la wilaya, alors qu'en 2006, elles étaient évaluées à 100.000. Au sujet des tarifs pratiqués par les exploitants agricoles devant céder leurs terres pour une période d'environ deux à trois mois, notre interlocuteur les situe entre 1.000 et 5.000 dinars l'hectare et ce, en fonction de la végétation existante, la proximité des points d'eau et des moyens de parcage des troupeaux. A une question relative aux risques de maladies que pourraient engendrer la cohabitation du cheptel du sud avec celui du nord, M. Mansouri nous fera savoir qu'il n'existe aucune menace du fait que 70% du cheptel est vacciné contre la claverie, une pathologie animale transmissible. Enfin, sur les incidences de ce mouvement sur les prix des viandes rouges, sachant que l'importation des viandes congelées est suspendue jusqu'au mois de septembre, notre vis-à-vis estime que cela n'est pas envisageable vu déjà l'importance du cheptel local. A ce sujet, plusieurs maquignons s'accordent à dire que les prix actuels pratiqués dans la partie nord du pays, et qui oscillent entre 480 et 540 DA le kilo, se maintiendront jusqu'au mois de septembre prochain, ceci en raison de l'arrivée des premières pluies d'automne, pluies synonymes de régénérescence des parcours dans les zones steppiques. Au-delà, estiment-ils, une hausse n'est pas à écarter notamment en perspective de l'arrivée de l'Aïd El-Adha et la saison de pèlerinage des saints lieux de l'Islam, deux importants rendez-vous tant attendus par les éleveurs.

Un éleveur, venu de la région de Mekemem Benamar et conduisant un troupeau de 3.000 têtes, nous explique la situation dans sa région : « l'eau se fait rare dans la majeure partie de la wilaya de Nâama, à tel point que les grands propriétaires de cheptel ont préféré quitter plus tôt que d'habitude les basses plaines en raison de la sécheresse. De plus, bordures d'oueds et dhayas, fournissant une végétation rare et étant d'un appoint alimentaire insuffisant, ces éleveurs sont contraints de rallier le Tell vers des endroits plus cléments où la location des parcours de pacage se négocie à des prix forts. Les temps sont difficiles et la concurrence est rude. Aux effets ravageurs de la désertification, avec le rétrécissement des aires de pâturage qui ne constitue pas seulement une menace pour les zones arides, mais qui met aussi en péril tout l'équilibre social et économique de la région, s'ajoute l'action dévastatrice de l'homme ». Quant à un ingénieur agronome, il estime que cette transhumance précoce est due à « la faible pluviométrie enregistrée sur le territoire national en général, et dans les régions du Sud en particulier. Ceci augure de mauvais présages quant à une saison pas comme les autres, non seulement pour les populations mais aussi pour le cheptel qui constitue la richesse principale des zones steppiques où l'élevage et le pastoralisme sont les activités économiques de base». En effet, la steppe constitue un berceau idéal où s'est développé et se développe un élevage ovin dominant mené en extensif, et dans les zones pré-sahariennes un élevage caprin entretenu par des habitudes et traditions sauvegardées de génération en génération. Ces élevages sont les seuls revenus des habitants de la région.

Le mouton, par sa rusticité, est le seul animal qui permet la mise en valeur de la steppe; sans cet animal, la steppe ne serait qu'un désert où l'homme serait incapable d'y vivre.




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